partie libre Son regard était comme une comète, belle et insaisissable. Niels avait tout de suite été attiré, envouté par ces orbes noirs. Il ne voyait que lui, ne pensait que lui. S’il avait su…Peut-être qu’il aurait du fuir. Il aurait dû s’éloigner au lieu de plonger tête première. Mais c’est déjà trop tard, les crocs du loup sont fièrement plantés à sa gorge. Plus de retour en arrière possible. L’appât de l’argent facile, de ce garçon qui l’avait séduit sans même qu’il le réalise. Pris au piège dans un huis-clos malsain. Chaque soir, c’est la même histoire, la même pièce de théâtre qui se joue encore et encore. Toujours la même rengaine. Ses pas le guide dans les rues sombres de la ville. Il a appris à les reconnaitre, ces hommes. Ces maris infidèles qui tentent de s’étouffer dans la normalité et se taper des petits jeunes une fois leurs femmes ont le dos tourné. Il est là pour les charmer et Johannes pour filmer leur décadence. Il hait ce travail. Il hait que Johannes le traite comme une merde. Mais il a besoin de cet argent et il a besoin du brun à ses côtés. Parce que c’est ainsi. Il s’est attaché. Il le veut mais ne cesse d’être rejeté. Putain de con.

Il y’a sa famille aussi, ou ce qui y ressemble. De loin. Portrait vague et merdique. Un père qui ne daigne se montrer qu’à chaque pleine lune, quand il n’a plus d’argent, aucune femme pour l’entretenir. Sa mère, cette folle, qui crie, pleure et rie comme une furieuse. Les bouteilles de whisky qui  jonchent le sol de leur misérable maison. Il hait ça. Il ne veut pas finir comme eux. Jamais. Seuls son frère et sa sœur lui donne un espoir, l’envie de se battre pour eux. Parce qu’il compte bien leur offrir une meilleure vie, lui. Et c’est dur à dire, mais ce boulot lui apporte tout ça.

Niels c’est le mec bien, il ne cherche pas d’embrouilles. Il aimerait être tranquille avec ses études et sa petite famille. Mais ça se saurait s’il suffisait de vouloir une chose pour l’avoir.

Il se roule un joint et lève les yeux au ciel. Parfois il se sent perdu, il ne trouve pas sa place. La silhouette de Johannes qui s’approche et fait battre son cœur. Il écrase le joint. Au prochain.