elle est là, adossée contre le bar, fixant intensément du regard Mickey, assis un peu plus loin. lui faisant son plus beau sourire, elle essaie de lui faire croire qu'il lui plaît, qu'elle est intéressée. si seulement il savait. ruby, elle est comme dans un rêve. elle a pas les idées en place. elle se laisse bercer par le rythme de la musique. elle se laisse habiter par ce rail de cachet et ça nourrit cette folie. folie meurtrière. chaque fois, elle dit que c'est la dernière. mais ce soir, elle en avait besoin, histoire de te donner un peu plus de courage. elle hésite à le rejoindre, mais elle ose, se contentant de l'admirer, comme si elle avait une irrésistible envie de le dévorer, espérant que ses yeux croisent les siens à nouveau. pourtant, au fond d'elle, ruby avait cette irrésistible envie de le massacrer. elle voulait le faire souffrir autant qu'elle souffert, par sa faute. elle le détestait, cet enfoiré, mais elle devait être patiente. ouais. elle avait un plan. d'un coup, mickey se leva et se dirigea enfin vers elle. plantant ses iris dans les siens, elle lui fit un signe pour lui indiquer la place, libre à côté d'elle. son cœur battant la chamade, ruby avala une gorgée de son verre, essayant de garder le contrôle. la présence de mickey l'intimidait, comme s'il la fascinait d'une façon qu'elle ne saurait expliquer. « j'peux t'offrir un verre ? » ruby détestait le ton aguichante de sa voix, ça sonnait affreusement faux à ses oreilles. mais, elle devait lui démontrer un minimum d'intérêt si elle souhaitait que son plan fonctionne et elle le savait. souriant en coin, elle se tourna vers lui, avant de se redresser, sous son regard froid et destructeur.

toujours ce même rythme endiablé qui pousse les corps à se déhancher. toujours ces mêmes clients assoiffés, affamés, qui ne pensent qu'au creux de leur cou habité par le souffle chaud d'une traînée. toujours cette atmosphère de décadence, cette sensation d'infini, de danger interdit. et toujours mickey. parfois là, parfois pas. souvent errant dans les parages, à roder, découvrant les allées et les ruelles tâchées par le sang des éclopés. mais ce soir, c'est au bar qu'il se tient. un verre à moitié vide dans la main. un verre de trop, sûrement. un verre qui nous vole la réflexion, la retenue, et qui décuple la tentation. mike porte à nouveau le whisky à ses lèvres, avant de croiser le regard de la brune là-bas. ça n'arrive jamais. les jolies filles ne viennent pas ici, parce qu'ici règne l'impureté et l'illégalité. mickey intrigué. non pas inquiet, mais trouvant ça suspect. il se lève, la démarche assurée, malgré les effets de l'alcool qui commencent à faire effet. elle a des pommettes rosées, des yeux maquillés et ce décolleté. il n'en faut pas plus, pas moins. un pas après l'autre, le sourire grandissant, il s'approche, puis finit par prendre place à côté d'elle. son esprit est trop embrouillé pour s'autoriser des questions censées. alors il se contente de l'observer, le regard de flamme, les iris transperçant les siens. elle lui plaît, l'envoûte de son visage aux beaux traits dessinés. de son sourire élargi à moitié, au coin de ses lèvres qui  ne demandent qu'à être dévorées. elle lui propose un verre. "comment j'pourrais refuser. c'est moi qui offre, je paye pas, de toute façon." il veut savoir. tout savoir. elle ne peut pas être là seulement pour lui. elle ne sait pas qui il est, lui non plus. entre les pensées floutées par les verres ingurgités, les clients qu'il pense qu'elle est venue voler. mais il décide d'arrêter un instant de penser. ça ancre encore plus cette musique assourdissante dans la tête. alors il lui sourit encore, se concentrant sur elle, rêvant d'attraper de ses paumes fermes ses hanches de poupées. les filles le surprendront toujours, à jamais. jamais l'une comme une autre. elles le fascinent. d'un regard, d'un déhanché, d'un corps en mouvement, elles l'hypnotisent, écorchent la maigre paroi de sa faiblesse. sa seule faiblesse. "dis-moi, qu'est-ce qu'une fille aussi jolie que toi fait dans un endroit pareil ?" ses yeux lui sourient, s'illuminent face à son minois trop léger, trop parfait.

assise au bar, faisant dos au spectacle, elle est pas là pour se bourrer la gueule. elle est pas là non plus pour regarder ces traînées du no5 orange, se déhancher devant les regards admiratifs d'une bande de pervers, à la con. non. elle est pas censée fréquenter cet endroit. le headband lui a interdit. mais, elle en a rien à foutre de ces putains de règles. ouais. qu'ils aillent se faire foutre, ils peuvent pas comprendre. rien ne pourra la persuader de renoncer à sa vengeance. nesia et les autres membres du headband, y compris.  même après tout ce temps, ruby a jamais oubliée le souvenir, du corps inerte de pedro, abattu de sang froid par ce monstre. encore aujourd'hui, le visage du meurtrier ne cesse de venir hanter ses cauchemars les plus sombres. comment oublier ce regard si glacial et destructeur. ce regard avide de sentiment. impossible. ce soir, ruby, elle est pas ici, par hasard. non. elle est là pour mickey. et maintenant elle est là, à le chercher du regard dans son propre club, lorsqu'elle l'aperçoit enfin, non loin. son cœur rate un battement alors qu'elle croisa presque instantanément son regard. plantant ses iris dans les siens avec une aisance des plus déconcertante, elle lui lança ce sourire, aussi déstabilisant que captivant, qui ferait fondre n'importe quel homme. mickey ne résista pas bien longtemps à la tentation de la rejoindre. tout se déroulait comme elle l'avait prévue et pourtant, sentir sa présence imposante, à ses côtés, était beaucoup plus difficile qu'elle l'avait imaginée. elle transpire la détresse, mais ruby arriva contre tout attente, à le dissimuler. tandis qu'elle lui proposa un verre, ce dernier lui retourna la demande. haussant légèrement les épaules, ruby acquiesça, se contentent de lui faire un grand sourire, espérant qu'il n'est pas l'air, trop faux. « comment j'pourrais refuser. » elle le regarda l'air complice, avant de détourner le regard, en direction du barman. « j'vais prendre un verre de whisky, avec beaucoup de glace. » portant son verre à ses lèvres, elle remarqua du coin de l’œil, mickey la dévorer du regard, ce qui étrangement, la déstabilisa d'une façon qu'elle ne saurait expliquer.  dis-moi, qu'est-ce qu'une fille aussi jolie que toi fait dans un endroit pareil ?  déposant sa boisson sur le bar, ruby se retourna doucement vers mickey, approchant lentement, mais dangereusement plus près, prétextant ne pas entendre correctement à cause de la musique, trop forte. Ils étaient si près l'un de l'autre, qu'elle arrivait à sentir son souffle chaud sur son visage et la chaleur qu'il dégageait. « j'habite dans ce quartier depuis toujours et j'ai visitée tous ses recoins, jusqu'à les connaitre par cœur, tous sans exception.. excepté celui-ci, parce que j'dois t'avouer que voir des meufs danser, à poil, ça m'allume pas vraiment. mais j'ai pensée que le bar et l'alcool qu'ils servaient ici, devait être de bien meilleure qualité que le bar, the bourdon, où j'suis habituée d'aller. et maintenant que j'vois que j'avais raison, j'vais peut-être venir plus souvent. » plantant à nouveau ses iris dans les siens, elle humecta ses lèvres, avant de sourire doucement. « c'est à mon tour maintenant, de te poser une question. » ruby approcha doucement son visage en direction du siens, avant de dériver à la dernière minute au creux de son oreille. « il y a des danseuses derrières nous, qui se déhanche, complètement nue et toi t'es là, à prendre un verre avec moi, alors que tu pourrais profiter du spectacle. pourquoi ? » elle recula légèrement, de façon à voir sa réaction, le regard à la fois charmeur et provocateur.

une de plus à ajouter aux souvenirs charnels, qu'il se dit. une jeune et frivole âme sauvage venue pour s'taper l'boss du club, parce que ça s'ancre dans les pensées et qu'ça apporte d'la matière à commérer, qu'il se dit. ça doit être une de ses filles trop hautaines auxquelles il suffit d'un battement de cil pour tous les faire chavirer. il s'dit des choses, beaucoup trop. trop de 'et si', trop d'interrogations pour un esprit parfumé whisky.
il se délecte de son visage, de sa tenue qui fait retourner les têtes des plus affamés. il aime déjà ce sourire dessiné sur ses lèvres roses, et ses yeux aussi clairs que purs dans lesquels il pourrait bien se noyer. elle s'approche doucement, sûrement. l'étincelle au coin des pupilles et des lèvres. ne la lâchant pas du regard, il l'écoute, pinçant ses lèvres et boit une gorgée sans dévier.
"tu s'ras toujours la bienvenue ici", qu'il lui dit. elle rétrécit davantage l'espace, alimente la chaleur de deux corps intéressés. et vient déposer auprès de son oreilles des mots intrigués.
"j'veux pas profiter de leur spectacle. t'es là, ça m'suffit amplement."
deux bêtes voulant s'apprivoiser.
elle paraît sainte parmi les péchés. l'unique pureté mélangée aux corps déjà déchaînés. la lumière pour tout rehausser. il ne voit qu'elle et les désirs lui montent à sa tête qui ne sait plus trop bien raisonner. il l'embrasse du regard, s'amuse à le balancer de son corps à ses traits.
il prend une nouvelle fois son verre rempli à moitié dans l'une de ses paumes, et le porte à ses lèvres entrouvertes. son cœur tambourine au rythme des battements d'la musique, accéléré par l'alcool, décuplé par l'ambiance démesurée. dans un dernier mouvement, il termine son verre et le repose finalement.
"on entend mal, hein ? viens. tu veux aller ailleurs ?"
elle est jolie la douce brune, mais elle attire et trouble ses clients.