c'est une blague ? putain, il avait promit, le con. première page de couverture, en bas, en tout petit. mais assez grand pour comprendre. une sale moquerie mesquine envers les gallagher, tous autant qu'ils sont. et leo, bordel ? elle est où ? elle pâlit, la rage lui monte au crâne, embrouille ses pensées. elle en perd le contrôle, a du mal à se canaliser. alors elle réfléchit pas, et elle prend son sac hors de prix, cependant presque vide. et elle ouvre la porte de son appartement, jusqu'à sortir du bâtiment.
l'air est frais. il est encore tôt, il est encore temps de rosée humide du matin, de feuilles colorées tombant sur le bitume. leo, elle sort une de ces cigarettes mentholées, l'allume frénétiquement. elle tire quelques taffes qu'elle souffle violemment. l'air pollué qui sort des lèvres entrouvertes et qui dessinent une jolie brume dans l'aura du matin. brume qui floute les traits énervés de son visage de poupée. la blonde enchaîne pas après pas, en avance rapide, le bruit de talon qui rattrape le précédent, qui se confond. elle bouscule d'un coude fatigué quelques corps pressés, elle renie les quelques audacieux qui osent tenter de l'aborder. une seule idée en tête; darcy. des explications. elle veut des explications, parce qu'elle comprend pas pourquoi il a lynché les gallagher, tous entiers, dans la revue potins de vancouver. alors elle arrive bien rapidement aux cœurs des affaires. leo, elle connaît l'endroit pas cœur, tellement elle a arpenté ses murs solides, où se nichent secrets et révélations. son mégot encore fumant jeté à l'arrache avant d'entrer dans la bâtisse. des regards indiscrets se posent sur elle, observant sa démarche déterminée, ses pas élancés. elle s'en fout. y'a que darcy à ce moment-là, dans son esprit. l’ascenseur qui semble prendre dix ans, les bonjours enjoués, les secrétaires admiratives, elle ne veut rien entendre, rien voir. puis son bureau, enfin devant ses yeux brûlant de colère.
elle prend pas la peine de toquer, manquerait plus que ça. la jolie en furie pousse d'un coup violent la porte, pour y voir darcy, paisiblement assis, une tasse de thé encore fumante à ses côtés. "c'est quoi ce bordel, darcy ?" il l'a fait exprès, c'est évident. parce qu'il a cet air, cet air de satisfaction. celui qui veut dire qu'il est content de voir la petite princesse aussi enragée. puis ce sourire léger, dessiné sur le coin d'une joue. sourire joueur, sourire que leo a apprit à déchiffrer. "commence pas à faire le malin. tu m'avais assurée une première page, positive, darcy, positive. me dit pas que t'as oublié." sarcasme dans ces dernières paroles. elle est pas d'humeur à jouer, leo. mais elle veut qu'il comprenne, une fois pour toute, qu'une promesse et une promesse. que ce n'est pas censé être brisée.