quitter sa jupe lui emmène bien moins de satisfaction que de perdre les cinq centimètres de talons imposés. elle passe un short en jean, troque son tee-shirt pour un débardeur et passe un pull par dessus. elle a encore oublié son manteau mary et a emprunté le pull de grey, bien trop grand pour son corps frêle. mais ça lui importe peu à la blonde, de quoi elle a l'air. elle récupère son sac, passe la bandoulière par dessus sa tête et recule en vitesse pour éviter la porte qui s'ouvre en grand. - je suis pas ta biatch woods, trouve toi un autre porte-parole. mary ne se familiarise pas des paroles de lola, habituée aux grossièretés. elle est ceci dit perdue dans la signification de ses paroles et lève un sourcil, le lui signifiant. - vieux, grand, brun, mystérieux, cul d'enfer qui veut te sauter jusqu'à dimanche matin? elle formule ça en question, comme si mary avait une idée de ce dont elles étaient en train de discuter. qui plus est, cette dernière était parfaitement au courant de sa vie sexuelle, ou plutôt de l'absence totale de celle ci. - un type veut te parler, dernier box vip. crie pas trop fort baby. un clin d’œil plus tard et elle est déjà partie, laissant mary seule avec ce sentiment d'angoisse qui grimpe pour toute compagnie. il n'y a pas grand monde qui justifierait cette description. en réalité, mary ne peut en trouver qu'un et prie, là, devant son casier qui ne ferme pas, dans les vestiaires pourris d'un club, prie pour que ce ne soit pas lui. elle ne sait même pas pourquoi elle y va. elle devrait partir, elle se dit, chaque pas qu'elle fait elle se demande pourquoi, pourquoi, pourquoi. c'est simple pourtant, pour savoir. juste pour savoir, pour être sure, pour ne pas le croiser au détour d'un mauvais rêve, l'imaginant contre sa sœur, ses sœurs. son souffle se bloque lorsqu'un spot illumine son visage et mary s'arrête, incapable de faire un pas de plus. immobile, au milieu du bloc vip, elle a l'air ridicule mary mais elle n'en a pas conscience, tout tourne autour de lui, son corps, mais surtout ses pensées. qu'est ce qu'il fait là, qu'est ce qu'il veut, et encore ce pourquoi, pourquoi, pourquoi. et ça lui revient. jeudi, on est jeudi. ô douce ironie. mary se perds dans ses pensées, de jeudis loin de chez elle, de ces autres soirs chez elle, perdue entre des corps dont elle ne veut pas, des désirs qu'elle ne partage pas. libre, elle est libre. elle se répète, encore et encore jusqu'à réussir à respirer. libre. et elle avance, elle avance jusqu'à son box, sa table, ses jambes prenant le contrôle, son cerveau à des milliers de kilomètres. et elle se glisse sur la banquette d'en face, les yeux fixés sur la table. - non. elle pose, juste assez fort pour contrecarrer la musique, juste assez fort pour lui faire part de ses pensées. - non. qu'elle répète, cette fois en rencontrant ses yeux, cette fois prête à l'affronter.

comme une douceur prête à être attrapée. si darcy a eu l'opportunité de croiser des spécimens incroyables dans la gent féminine, il y a certaines femmes qui savent graver certains souvenirs dans sa mémoire si volatile et libertine. elles ont l'habitude, de venir puis finalement, partir. et jamais il ne recroise leur chemin, jamais il ne passe sur les pavés qu'il a déjà souillé en leur présence mais surtout, jamais il ne souhaite revoir leur silhouette dont le goût s'est envolé. parfois, il se demande quel est son genre. de femmes. il a l'impression de toutes les aimer, de leur offrir la tendresse nécessaire le temps d'un instant avant de s'évanouir dans d'autres draps qu'il ne reverra jamais. il y a celles de passages, et celles qui restent dans les pattes pour une durée indéterminée. mais il n'y a jamais celles qui s'en vont sans autorisation. qui décident, du jour au lendemain, d'enlever les chaînes qu'il a imposé. d'enlever cette emprise sur les poignets. alors la première fois, ce premier jeudi quand il aperçoit qu'aucune silhouette ne l'attend, il se demande. oserait-elle ? le deuxième jeudi. le troisième. et ainsi de suite. elle a osé. et il ne sait pas où elle peut bien être. où elle se cache. un mystère qu'il peine à découvrir, jusqu'à aujourd'hui. quand il s'assoit dans l'un des carrés vip, le regard qui arpente des façades que trop éclairées par les nombreux projecteurs qui illuminent. il sirote le champagne qu'on lui apporte sans qu'il n'ait besoin de demander, croise des regards aguicheurs qu'il ignore mais qu'il garde dans un coin de la tête. il la voit, elle, celle qui se faufile et qui l'a échappé. il attend la fin de son service, pour ne pas ébranler les tâches des employés en subtilisant l'une d'elles. l'heure tourne, la patience reste la même. on remercie certainement les quelques verres de champagne, bien que le breuvage ne soit pas des plus alcoolisés. elle s'en va, dans les vestiaires des employés. et lui, il demande, sans gêne, à l'une des serveuses, de faire passer le message. sans donner de nom. puis il attend. impatiemment, cette fois-ci. et finalement, elle est là. dans son champ de vision, la silhouette connue et familière. elle s'approche, presque déterminée. l'ombre d'un rictus sur le faciès de darcy, qu'il dissimule dans une certaine pénombre qui recouvre la salle. rire qu'il ne retient pas, rire railleur, presque moqueur quand il l'entend et qu'il la voit, le défiant. « non ? » qu'il répète, le sourire dérangeant sur les lèvres. si elle pense que c'est une tirade suffisante pour le satisfaire, elle se trompe. complètement. jouant avec la coupe de champagne vide qu'il a sous la main, les doigts qui viennent frôler le verre, il se met à la toiser, la femme. « d'abord, bonsoir. » qu'il dit, accentuant sur le dernier mot, comme pour souligner la marque de politesse. « ça fait longtemps. » qu'il articule, les iris qui se posent dans les siens, le même sourire des plus perturbants sur le visage. « tu sais, c'est pas bien. » il s'arrête, laisse échapper un soupir qu'il ne retient pas alors qu'il se met à observer minutieusement le visage de son interlocutrice. « de partir, sans prévenir. » il fait cette mine, presque dépitée, expression factice d'un comédien qu'il s'amuse à jouer. « enfin, sans me demander, surtout. les jeudis soirs sont devenus bien ennuyants. » il commence, le fourbe qu'il est. à rappeler des souvenirs qu'elle veut peut-être oublier. mais ça lui plaît, de jouer ainsi. et c'est que le début, alors il y va doucement. faudrait pas la faire fuir si rapidement.