blue hydrangea, cold cash divine

elle est l'oeuvre d'une génération, l'enfant tragique. ses doigts caressent les peaux, sa bouche dessine des soupirs, mais rien de tout cela n'est le reflet de ce qu'elle fut avant que l'on n'en fasse un puzzle aux pièces manquantes. qu'est-ce qu'elle pouvait être jolie, avec ses sourires innocents, avec ses yeux brillants. puis il y a une fille, un garçon, un autre garçon et une autre fille. la traînée a laissé ses jolis sourires au placard, prétextant qu'ils étaient trop lourds à porter. et elle est devenue ce monstre qu'elle est, formatée pour ne jamais vraiment savoir comment c'est arrivé. elle n'a pas vraiment eu le coeur brisé - c'est arrivé cent fois, c'est le mal du siècle, cela s'efface avec le temps et quelques calmants. elle est un chef d'oeuvre découpé, du picasso déchiré. elle ne disait déjà pas grand-chose à l'origine, mais maintenant, elle ne dénonce plus que la connerie du monde la bouche en coeur sur un selfie. 't'es vraiment mignonne, bae.' cookie bae. surnom qui survit. la princesse s'entoure peu, ses loyaux sujets ne peuvent pas la supporter. mais il y a cook. elle est pleine d'un quelque chose, pleine d'horizon et de vie et de passion. et peut-être que méabh est juste pleine d'espoir, remplie d'illusions. mais elle se dit qu'en l'aimant un peu, en restant près d'elle, peut-être qu'elle la contaminera. parait que la vie, ça s'attrape comme ça. alors elle espère violemment et surement, rattrapant ses sourires d'enfant, essayant d'être supportable et supportée. mais pas trop, jamais trop - elle a toujours peur de tomber, de se briser en mille morceaux, la poupée. 't'es prête?' elle demande. elle l'emmène dans son monde. ça brille de partout, ça sent le luxe et la décadence. elle sait que ce genre de chose, ça va la bouffer. mais elle prie, elle prie pour que l'étoile scintille. qu'importe - méabh, elle détruit tout ce qu'elle touche. et avant même qu'elle n'ait pu dire non, la gosse l'attrape par la main et la conduit en enfer. fête privée d'un de ses riches amis. on n'entre que sous invitation. elle embarque bee dans son monde de paillettes et de faux-semblants et d'hypocrites. 'que la fête commence.' elle hurle à son oreille, pour parler au-dessus de la musique qui est déjà assourdissante.

elle se regarde dans le miroir, cook, elle regarde sa métamorphose. d'salle gosse, elle passe à princesse, du charbon plein le visage, elle se retrouve avec des diamants au cou, du rouge sur les lèvres et des paillettes sur la figure. tout ces strass, d'un coup, ça la transporte autre part. dans des rêves d'gamines, qu'elle a vite oublié. oublié, les rêves, oubliés les chimères enfantines, dès les premières déceptions.
vous savez, une gosse d'son rang ne rêve pas de mieux.
il cherche qu'la coke, que des rêves fougueux, des envies d'amoureux.
étrangement devant son miroir, ce traître qui reflète des mensonges, cache des vérités, dans son silence aux odeurs du dernier dior, ou chanel -elle n'en sait rien, n'veut rien en apprendre, bee, elle devient autre. elle devient un peu plus stable, plus jolie, c'est vrai.
ah, la beauté. si elle était plus riche, la gamine, elle serait belle. elle serait magnifique. peut-être même qu'elle serait moins bancale, plus drôle, avec d'la conversation.
moins stoïque, moins bornée, moins conne.
t'es vraiment mignonne, bae
c'est la voix fluette de mcfly qui la sort de sa rêverie. c'est ce surnom qui lui arrache un sourire plat, ce surnom qui fourche dans la bouche de princesse. ça lui va pas, ça tâche son personnage, sa compagnie violente. c'est le contraste entre méa et cook, le feu et la glace, la belle et la bête.
mais les contraires s'attirent, s'emmêlent. méa, peut-être qu'elle la rendra plus douce, la violente. peut-être que derrière sa carapace de garce, elle laissera ses émotions dépasser de son coeur pour rencontrer le sien. y'a bien des peut-être, que bee, elle aime s'imaginer. t'es prête? alors dans son vide de parole auquel la rouquine s'est sûrement habituée, elle hoche la tête. ça veut dire oui. peut-être. parfois non. ça veut dire t'inquiète, j'serais là. t'inquiète, j'frapperais si t'as besoin.
ça veut dire que malgré tout, cook elle tient à méa. l'incroyable qui s'produit sous ses yeux. déjà que d'avoir cédé à son caprice, d'avoir échappé à sa vengance nocturne pour une fête d'gros riches, d'gros connards bourrés de frics, c'était vraiment fantastique, alors qu'elle sourit, bordel.
méa devrait lui être reconnaissante à vie. et puis cook, elle s'doute de rien aussi.
pas un instant du zoo, de l'enfer qui s'ouvre sous ses pieds.
que la fête commence.
la musique lui explose les tympans, et elle s'accroche aux bras, essaie de se déplacer dans la foule compacte qui l'étouffe.
elle a pas l'habitude, bae. bae elle aime la liberté d'pouilleuse qu'elle a, c'est une sauvage, une espèce d'indigène sédentaire. son quartier c'est sa forêt, et en une soirée, la voilà dans la cage aux lions.
et elle, c'est juste une lionne en talons.
puis la foule l'attrape, l'alcool se verse dans son verre. elle plisse les yeux, la lumière l'aveugle.
méa ?
que d'parler ça lui écorche la bouche.
méa ?
méa t'es où, méa j'fais quoi ?
méa ?
méa ?