habitée par la nuit, l'âme vouée au ciel et la tête remplie de c'vaste univers vide de sens. les murs brisés, l'odeur robuste des substances mélangées. fort, débordant, mauvais. mauvais comme son corps tout entier. qui n'lui appartient plus, qui joue la facilité.
j'ai les yeux vers le ciel, les prunelles ardentes qui m'demandent pourquoi, comment, qui m'disent viens à moi, puis vas t'en. y'a trop d'choses qui viennent et qui passent dans mes prunelles, trop de souvenirs d'une gloire gâchée, d'une vie à l'enfer dévouée. puis j'sens plus les larmes couler. une, deux, puis trois perles salées.
mes pupilles s'illuminent d'espoir déversé. de la paume négligemment enfouie dans l'maigre gilet, j'viens essuyer ma joue, essuyer mes peines et mes colères. regrets d'une nuit, regrets de toute une vie.
sans bruit,
avec pour seul murmure nocturne celui d'la fine pluie.
le ciel pleure ses peines, lui aussi,
et bêtement, j'souris.
j'active mes pas, les ralentit. j'tourne en rond, j'viens rompre le crachin d'mes pieds sur les cailloux en bordel comme mon esprit. mon corps chute intérieurement, ma tête aussi.

puis j'te vois. j'déchiffre ton visage dans la pénombre en une fraction de seconde. ça fait l'tour trop rapidement, y'a un torrent d'sentiments perdus qui vient m'fouetter en pleine figure.
moe, moe, moe.

- putain, toi.

j'suis venue ici pour échapper à des démons biens trop présents et les noyer dans mes sanglots et dans l'odeur du goudron. et c'est toi qu'j'rencontre au détour du béton mural détruit, à c'détour qu'j'aurais mieux aimé ne pas avoir prit.
la musique d'mon cœur en mille morceaux vient peupler mon être bancal,
et bordel, ça fait mal.

♒ INACHEVEES ♒
laissez-moi bédave pour oublier roule cette merde, fume cette merde laissez-moi bédave pour tout quitter

les démons de moe s'enferment dans l'obscurité. en cette soirée, ils entament une danse enflammée autour de son esprit torturé. elle tangue, le goudron piège ses chaussures niquées, c'est la mélodie de la douleur qui déchaîne les fauves. elle ne saura sûrement jamais si c'est les hurlements de son coeur, ou la terre qui tourne trop vite autour de son centre de gravité qui lui donne le plus le vertige.
aujourd'hui, moe ira mourir au club.
elle ira déhancher sa carcasse sur les dancefloor, enflammer les reins de quelques jeunes adolescentes, et elle ira boire pour se souvenir, fumer pour s'oublier dans les bras glacés du diable.
une goutte, puis deux viennent se déposer sur le bord de ses lèvres, une brise presque estivale vient rassurer ses cheveux. peut-être que l'esprit de stella venait tourmenter moe encore une fois. dans des jardins où fleurissent des iris aussi colorés que tes lèvres mauves, dans une réalité paraissant aussi belle qu'un rêve (ou alors le contraire, il a jamais su), dans les danses des flammes endiablées crépitant au rythme de son coeur à lui, dans les ridules sur l'eau des océans encore plus profond que tes yeux.
et au détour d'un mur bétonné, il y a cette silhouette semblant si divine au milieu de toute cette poussière grisâtre, y'a comme un halo de lumière entre les ruines fracassées contre le sol terreux. il s'avance, il bondit, il s'essouffle, il ressent toujours l'effet de la poudre immaculée dans ses veines, peu importe. stella ? stella c'est toi ? la migraine s'intensifie. bordel le monde tourne bien trop vite, il n'arrive même plus à enchaîner trois pas correctement, tant pis s'il tombe, tant pis s'il se brise les os, aucune douleur ne peut faire plus mal que... non, non putain, non. il s'arrête net. ses démons reprennent le dessus, la pluie tombée du ciel vient noyer ses yeux noirs comme les profonds enfers. eef, pourquoi t'es là ? une symphonie en trois temps, lourde, pesante, telle était la mélodie de leur douleur. pourquoi, pourquoi, bordel ! elle veut frapper les murs, mais elle ne parvient qu'à fracasser ses phalanges, contre ce mur en béton juste derrière la blonde. elle veut lui hurler qu'elle lui a manquée, qu'elle est terriblement belle, qu'elle veut faire sa vie avec elle, mais il n'y a que de la colère qui s'accumule dans sa gorge. eefie damn.

toi aussi t'es bancale, moe. bancale de l'esprit, parfumée par le vide, ce creux qui t'détruit. tes iris s'illuminent, brillent de tristesse, un sous-ton de tendresse. iris si clairs qu'j'pourrais lire à travers comme autrefois, chapitre par chapitre, ligne par ligne. avec une passion dévorante qui noue le cœur, les regrets innombrables, impossible à effacer, qui trouent les organes et qui endommage tout l'intérieur.
j'entrouvre les lèvres, les larmes sèchent doucement, stagnent sur ma peau blanchâtre jusqu'à la faire crisper, se mêlant avec les douces perles du ciel qui s'mettent à scintiller dans mes brins miels. la fumée s'échappe de tes lèvres à toi, de mes lèvres à moi. nos fumées se mélangent et s'évaporent ensemble, unies comme au passé, dissipées, parties rejoindre les étoiles et les astres, là où j'aimerais secrètement encore me réfugier. avec toi. toi et tes mouvements imprécis, son corps meurtri. j'aimerais t'enlacer, ne plus jamais t'laisser t'enfuir.
naïve. gamine. la jeunesse dorée, qu'j'rêvais.
les démons déchaînés, qu'j'ai trouvé.
tes poings se brisent, s'écrasent contre la brique, la rage aux phalanges, la haine qui s'anime. tu jures, tu t'poses des questions, tu t'enflammes autant que mes yeux à la fois. le tourment, la tornade qui n's'arrête plus d'se jouer de nous, deux êtres en perdition. les noirs d'âme de l'au-delà qui rient, s'moquent de notre condition. qu'on a l'air pathétiques, qu'j'ai l'air dépravée et dévastée face à ta figure trop grande, moi hésitante.
les yeux qui s'baissent. le cœur qui bat à nouveau, trop, beaucoup trop. il manque de sortir d'sa poitrine tellement il carbure.

- je.. j'sais pas, putain.

pourquoi j'suis là. c'est ailleurs qu'j'voudrais être, présentement. c'est détruite que j'suis, et dans les odeurs de pétroles et d'goudron qu'j'aurais voulu y déposer mes larmes, et ajouter à cette senteur amère de l'industrie celui du passé infini.
mes mains s'emmêlent, j'sais plus où regarder. dans l'obscurité tu es reine, domine de ta démarche aussi abstraite qu'un bordel d'esprit. timide, la honte collée aux traits, la culpabilité et les battements du cœur. j'n'ose plus bouger. reste éloignée.

- écoute, moe. moe, j'en reviens pas qu'ce soit toi.
moe, j'suis désolée. m'en veux pas, j'ai merdé.

comme si qu'j'voulais avoir bonne conscience. comme si j'pensais qu't'allais tout oublier avec de simples et stupides paroles prononcées. des mots sur la défensive, le corps en retrait. comme si la miséricorde des dieux allait m'rendre libre de l'emprise des remords et des péchés.
de ton emprise, moe.

♒ INACHEVEES ♒
laissez-moi bédave pour oublier, roule cette merde, fume cette merde. laissez-moi bédave pour tout quitter

ce soir, moe n'ira pas mourir au club, non.
elle ira se laisser enchaîner au détour d'une ruelle aussi sombre que son esprit par ses pires vices, ira flatter le corps et le coeur de ses démons plus ardents que les flammes infernales avec ses baisers au goût d'interdit. elle la regarde, dépravée au milieu de la poussière grise, elle écoute le battement irrégulier de son organe vital qui rompt le silence bien trop lourd.
même avec tous ces rails poudrés, moe n'arrivera jamais à comprendre pourquoi son coeur déraille autant.
"je.. j'sais pas, putain." elle s'éloigne lorsqu'elle souffle ces quelques mots, un amer goût aux saveurs de regret transperçant son oesophage. encore trop près, bien trop près. leurs carcasses mortes depuis bien trop longtemps et ne ressuscitant que lorsque leurs coeurs battent à l'unisson sont maintenant distancées par environ cinq mètres. le métisse aurait beau s'éloigner d'un milliard de kilomètre, situé à trois-cent trente-trois années lumière, rien n'y ferait. elle profite de la distance pour scruter son visage, en décerner toutes les différences depuis la dernière fois qu'elles s'étaient vues. les yeux déchirés, transparents, on arriverait presque à lire en elle tout son vécu, tous ses pêchés si l'océan de ses prunelles n'était pas à marée haute. des lèvres au couleur du goudron, une peau lunaire, terne. eef, saveur nocture, remerciant chaque soir le ciel noir d'alimenter ses couleurs et ses euphories. "moe, moe, j'en reviens pas qu'ce soit toi. moe, j'suis désolée. m'en veux pas, j'ai merdé." moe ne peut alors s'empêcher de lâcher un rire nerveux, en prenant sa tête entre ses mains sèches, dures, phalanges blanchies par trop de murs bétonnés dégommés. elle ne veut même plus la regarder durant une bonne minute, avant de planter son regard sur son corps si fragile et fébrile, regard voulant avoir l'effet d'une lame sur la carcasse de la nymphette des enfers. "tu crois pouvoir tout réparer en pleurant comme une sale pucelle et en t'excusant comme ça ?"  moe s'élance encore une fois d'un pas maladroit vers le mur briqué, avant de taper dedans de son pied avec violence. "t'aurais du rester là-bas, avec les autres pétasses là dans cette maison fermée à clé, t'aurais du partir loin de stella et moi, avec tout le fric que t'as gagné. comment tu t'permets de revenir bordel de merde, et surtout, t'avais pas l'droit de me laisser t'aimer alors que j'étais si bien avec stella. t'avais pas l'droit de me laisser t'aimer. t'avais pas l'droit de me laisser." les mots s'entrechoquent entre eux à la manière de ses phalanges blanchies à force de cogner ses poings contre les murs. elle hurle, la rage oppresse furieusement sa gorge, ses sens sont décuplés, ses muscles se tendent mais pourtant, moe est plus fébrile que jamais. cependant son ton de voix s'adoucit pour ses derniers mots, comme si elle n'avait pas envie que eef les entende. tu sais rien eef ! tu sais rien de c'qui s'est passé quand t'es partie refaire ta vie sans faire un mot ! tu t'rends compte de ça ?
pendant que tu te déhanchais sur les dancefloors d'une maison emplie de caméras, eefie, une âme s'est envolée bien trop loin de tout. tu sais, stella était mon ange déchu, ma respiration frivole, mon bonheur d'une vie, aujourd'hui, elle s'est envolée bien trop loin à cause de nos pêchés. et toi, tu étais mon démon, le fruit de mes vices et mes fantasmes les plus fous, tu étais mon endorphine, mon adrénaline, tu animais mes pulsions en une monodie sans fin, tu représentais la délicieuse déception, gens déçus. il y'avait les anges déchus, les gens déçus. aujourd'hui, il ne me reste plus que les gens déçus.

tu balances des mots comme des couteaux.
tu fais saigner mon cœur d'la rage triste dans ton regard.
tu ré-ouvres mes plaies mal cicatrisées en une bribe de seconde, mes plaies sales et poussiéreuses qu'ont jamais osé s'affaisser définitivement depuis maintenant près de cinq ans à t'avoir d'manière constante dans les pensées.
tout c'que t'extériorises, tout c'que t'dégueules, ça m'fait trembler. ça m'fait vibrer, ça m'colle des sueurs froides parcourant l'échine, remontant jusqu'à m'faire grincer des dents. jusqu'à m'faire grincer tout court.
j'me sens m'effondrer en des milliers d'morceaux d'verre pilé.
là, au sol-même. qu'des parcelles d'âme maudite, sur le bitume. éparpillées, en vrac, qu'tentent un semblant d'lutte à l'échec déjà vouée.

- moe..

ton prénom sort et s'échappe de plus belle d'entre mes lèvres, lui qu'en a assez d'résonner sans cesse dans tout mon monde. faut qui sorte, faut qu'j'le crie, qu'j'le gueule sans m'arrêter. rappel constant d'toi à mes côtés.

- non, j'sais pas rien. j'sais que j'regrette, que j'aurais jamais du jouer aux lâches. depuis qu'elle est partie, tu sais.. j'pars en vrille, j'arrive plus à raisonner correctement.
mais j'sais qu'ça pardonne pas. ça pardonne rien.
et j'sais aussi qu'tu m'en voudras à jamais. et j'm'en veux aussi.

silence de larmes nocturnes.

- j'suis désolée.
j'peux rien rattraper, moe. ça j'le sais.

mais pardonne-moi. j't'en prie.
pardonne-moi parce que j'arrête pas d'ressasser l'passé, j'arrête pas d'penser à nos folies des soirs, à nos draps qui recouvrent maigrement nos corps entremêlés.
parce qu'après tout c'temps, j'ai pas cessé d't'aimer.

♒ INACHEVEES ♒
laissez-moi bédave pour oublier, roule cette merde, fume cette merde. laissez-moi bédave pour tout quitter

- tous ces mois où t'étais là à te faire trouer par tous les mecs qui passaient dans c'te maison de merde, me dis pas que tu sais quelque chose eef. t'as pas le droit de redébarquer, dire que t'es désolée après être partie sans rien dire comme ça. et ça m'soûle parce qu'au fond, j'ai l'impression que j'ai jamais compté pour toi. que j'étais juste ton plan baise un peu drôle, et qu'la seule personne qui a jamais compté, c'était l'autre là, ton ex. j'sais même plus comment elle s'appelle, j'veux pas l'savoir.
mes cordes vocales usées vibrent et s'brisent au fil de mes mots. les coups et blessures brûlent mon oesophage, une envie de dégueuler m'étrangle, mais malgré ça, les mots n'arrivent plus à sortir, juste une respiration haletante qui fait criser mon esprit. j'aurais beau dire que ma voix est cassée à cause de la colère de l'instant, mais elle est brisée depuis que j't'ai rencontré, eef. depuis que j't'ai fait profiter de mon corps à corps de taularde sous les lumières malades de ma chambre d'appart'. nos ébats secrets à l'abri des regards de stella, et ton ex là dont j'ai oublié l'nom à force d'entendre le mien s'échapper si fort de tes lèvres carmins lors de nos nuits les plus noires. c'nest pas à cause des coups contre les murs que mes phalanges blanchies s'endolorissent. c'est parce que j'm'en voulais, de pas être assez bien pour être ton autre moitié, d'être juste un beau visage à contempler sous les lumières tamisées des étoiles, et contre des draps en soie, j'm'en voulais de pas pouvoir t'offrir d'aussi beaux mots et mélodies comme ton ex le faisais si bien. j'tremble de tout mon être, pas parce que stella me manque, mais parce que c'qu'on vivait toutes les deux, c'était si violent et si beau à la fois, tu t'emparais de chaque muscles de mon corps, ceux que j'offre au monde entier au quotidien, et ceux que je n'offrais qu'à toi.
j'peux pas m'empêcher de pleurer, encore et encore. les rictus de femme forte s'effacent, ma confiance en moi s'effondre contre le bitume niqué, j'm'effondre sur un rocher contre lequel je m'adosse, avant d't'offrir un regard humide, examiner chaque courbes de ton visage, remarquer que t'es aussi mal que moi.
- stella est morte eef. elle est plus là.... c'est d'ma faute putain...
j'cache mon visage meurtri par les traces noires de mascara, j'ai beau frotter mes yeux contre mes bras, la douleur ne partira pas.
- et tu sais le plus horrible dans cette histoire ? c'est qu'elle est morte, et je sais même pas si j'suis triste à cause de ça. c'est que avec ou sans elle, j'arrête pas de penser à toi. maintenant qu'elle est plus là, maintenant que l'autre est plus là, j'pense à nous. comme si t'avais toujours été la seule qui avait toujours comptée, et ça me tue. la personne que j'croyais être la plus importante à mes yeux est morte, plus jamais j'la reverrais, plus jamais j'l'embrasserais, et toi, t'es même pas foutue de sortir de ma tête putain!
mes gémissements se font de plus en plus fort, je serre fort mon visage entre mes mains pour ne pas laisser s'échapper mon esprit, je perdais la tête. inspirations, expirations, pause, tout se mélange, mon monde est bancal, et c'est pas parce que stella est plus là, c'est justement parce que tu te tiens devant moi comme si de rien n'était, et que j'vois des larmes couler le long de tes joues jusqu'à tes lèvres gercées par le froid. la honte imbibe chaque parcelle de ma carcasse effondrée contre ce rocher, mon corps me brûle, mon âme est trop sale.

étouffée par des vérités qui blessent, qu'amènent une culpabilité sans égale, une culpabilité maladive et parasite qui s'accroche, qui décide de s'coller à ma peau, à mes organes, mes artères, mon sang, mon adn, elle m'lâche pas cette putain d'culpabilité, elle s'ancre en trouant c'qui m'reste de positif dans mon esprit, elle m'laisse pas m'échapper, ni l'abandonner. c't'impression horrible, destructrice, de plus pouvoir avancer. d'être condamnée à perpétuité dans la cellule obscure et minuscule des criminels qu'ont trop déconné. j'ai trop déconné. on l'sait. tout l'monde le sait, c'est ça d's'exhiber, d'pas savoir réfléchir deux minutes avant d'parler d'vant une caméra, avant qu'tout s'transforme en scandale médiatique, en insultes fulgurantes sorties des bouches de gamines auxquelles on est censés donner l'exemple.
mais c'que tu m'dis là, moe, ça surpasse ces insultes inconscientes.
ça surpasse toute la merde que m'a apporté la télé.
ça surpasse.
ça m'envahit, m'détruit.
ça m'laisse un vide en moi qui n's'comble que de pauvres et trop nombreuses larmes que j'refoule, que j'force à garder en moi mais qui s'déversent amèrement dans ma gorge.

moe, si tu savais.
si tu savais à quel point j'suis désolée, j'ai envie d'te l'répéter encore et encore jusqu'à c'que ça devienne le seul mot dans tes pensées. jusqu'à c'que tu finisses par y croire à un point tel que tu pourrais m'pardonner.
puis tu m'annonces la mort de stella, et tout c'qui m'reste d'espoir s'envole. choc et regrets s'mélange en un cocktail qui m'donne envie d'gerber toute l'amertume d'nos différents.

- écoute moi, moe.
t'as raison. sur toute la ligne. j'ai fais qu'empirer les choses tout c'temps, et j'peux rien y changer.
mais crois-moi, là maintenant, c'est plus facile d'abandonner. c'est plus facile pour moi d'tout quitter une deuxième fois, d'te laisser sans nouvelle de moi parce que j'avais pas l'cran d'le faire. j'avais pas l'cran d'm'avouer à moi-même que, même après la mort d'clare, j'continuais d't'aimer. pas l'cran d'me rendre compte que j't'ai toujours aimé. et que j'arrêterais jamais d't'aimer.
ça a toujours été d'ma faute, t'y a jamais été pour quelque chose.
tout c'bordel, c'est moi qui l'ai créé, putain.

tout c'bordel, ouai.
toute cette merde infâme qu'a désormais bien du mal à passer. ça fait parti d'nous maintenant, et ça nous bouffe en entier.

- j'suis désolée, moe.
mais j'refuse, cette fois, d'abandonner.
d't'abandonner.

les pleurs audacieux s'laissent échapper d'un corps trop statique.
contrairement à toi j'reste immobile, les ongles enfoncés dans mes paumes, à les faire saigner, à les rendre humides. à m'meurtrir parce que présentement c'est tout c'qui m'reste à foutre. j't'ai déjà détruire, moe, alors à mon tour de m'achever définitivement.

? INACHEVEES ?
laissez-moi bédave pour oublier, roule cette merde, fume cette merde. laissez-moi bédave pour tout quitter

tu m'rends faible, lâche, tu m'fais me sentir comme plus bas qu'terre, comme si j'avais déjà été forte dans le passé, bonne grosse blague n'est-ce-pas. je te regarde mouvoir le bout de tes lèvres, les faire s'entrechoquer l'une contre l'autre, à la manière de tes mots sur mon corps qui m'donnent cette envie de couvrir ton visage entre mes deux mains et l'serrer contre ma peau. je m’adoucis légèrement, j'laisse ta voix imprégner encore une fois chaque parcelle de mon âme, comme avant. les larmes brouillent toujours ma vue, tant mieux, avec cette brume épaisse, j'n'aurais pas à endurer le supplice de voir ton visage se décomposer au gré de ta tristesse. j'inspire, j'expire, j'laisse la colère s'en aller, et j'ose même laisser se dessiner un léger sourire sur mes lèvres, un sourire qui n'veut rien dire accompagné de mes yeux gonflés et humides, une oxymore indécente, une erreur de calcul dans cet espace-temps.

- moi aussi je t'aime. et j'cesserais jamais de t'aimer même si t'es la plus grosse pute que j'ai jamais pu rencontrer dans ma vie. mais...

un sourire qui n'a rien d'un sourire en réalité, qui dit qu'on est foutues eef, malgré tout. on aura beau, s'donner corps et âme pour réparer nos erreurs du passé, plus rien ne sera jamais plus comme avant. on aura beau s'dire qu'on pourra surmonter la mort de clare et d'stella parce qu'on est ensemble, bien évidemment qu'non, j'nous connais. j'attrape ta main, que je caresse du bout des doigts, rassurant les meurtrissures que tu t'infliges depuis bien trop longtemps déjà. et j'm'aventure légèrement mon regard dans les eaux troubles de tes yeux, comme pour me préparer à chavirer bientôt, te susurrer encore quelques derniers mots avant qu'mon heure sonne enfin. j'm'adoucis, ma voix se brise au fil des mots, trop pétée par les sentiments d'l'instant, prenant une profonde inspiration, il fallait que j'm'exprime sérieusement, sans cris ni artifices, maintenant que le choc était passé.

... c'est trop dur eef. t'es partie, t'as tout brisé. j'avais besoin de toi, et t'es partie, tu m'as laissée endurer la mort de stella seule, et la mort de clare, parce que j'ai toujours c'te culpabilité qui me tue au fond de moi, cette culpabilité qui m'fait dire que c'est de ma faute s'ils sont morts, tous les deux. on devait être une team, on s'était promis tellement d'choses lors de ces nuits où on fuyait de notre appart' pour se voir. t'auras beau dire que t'es désolée, que tu ne m'abandonneras plus jamais, me sortir tous tes beaux mots pour m'le prouver, mais ça n'expliquera jamais pourquoi t'es partie sans rien dire. t'as perdu clare, et tu t'étais perdue en même temps, et j'avais osé croire que j'pouvais être ton point d'repère, ton étoile du berger.

j'ai une immense envie qui dégomme ma gorge de te hurler dessus, toute la rage accumulée lors de ses derniers mois, j'ai envie que ça rentre enfin dans ta tête, que t'avais pas le droit de me faire souffrir que ça, que j'pourrais me déhancher une dizaine de minutes dans les clubs que j'trouverais déjà des millions de filles et mecs qui me traiteront mieux que tu n'm'as jamais considérée. mais j'ai plus la force de me battre eef.

j'sais pas quoi faire de nous. j'sais pas quelle est la bonne décision entre nous laisser ou retenter notre chance. une part de moi m'dit que j'dois te pardonner après un simple désolé, oublier à quel point t'as laissé une énorme cicatrice sur chaque parcelle de ma peau. mais l'autre me dit que c'est bien trop facile. on est foutues eef. on aurait pu surmonter la mort de clare ensemble, mais t'es partie, et depuis ça, tu sais bien que plus rien ne sera comme avant. explique-moi, de but en blanc. sans de désolée, ni d'je t'aime, ni de "je refuse de t'abandonner". de vrais explications. j'mérite au moins ça, après tout ce temps.

embrasse-moi juste qu'on en finisse, tu sais bien que jamais je ne te repousserais. j'ai beau parler, beau m'cacher derrière des allures et des mots, si tu veux qu'on efface tout, qu'on oublie tout, tu sais bien, tu n'as qu'une chose à dire, et j'le ferais, je ferais tout pour toi si tu savais.

Spoiler:

la mort qui m'habite s'anime finalement, sourit bêtement à tes beaux mots déguisés en insultes, à tes interrogations maquillées en accusations à son égard. la mort jubile, la mort imprègne.
la mort parle et répond d'paroles froides et sincères.

- j'suis partie parce que j'étais au fond, moe.
j'voulais pas qu'tu t'risques à quelqu'un comme moi, une sale putain d'égoïste qui tue avec le sourire, sans même s'en rendre compte. alors sur un coup d'tête, j'ai accepté cette proposition, la télé. j'aurais pas du, j'aurais jamais du. j'étais encore moins moi-même là-bas, tu sais. et il m'a fallu des semaines, des mois, pour enfin comprendre que j'suis réellement moi seulement quand j'suis avec toi.

j'arrête un instant, j'respire, expire, comme si ça allait aider.

- j'peux rien effacer de c'que j'ai fais.
tout c'que j'peux oser t'demander, c'est d'me croire maintenant. crois-moi, j't'en prie. on est peut-être foutues, on est peut-êtres ruinées, mais on est pas seules, on est ensembles, jamais j'n'oserai t'oublier.

c'est plus la peur panique ou cette putain d'envie d'pardon à tout prix qui m'fout des sueurs froides, c'est juste toi, toi en face de moi, toi dans ton entièreté et tes larmes qui viennent s'en échapper. c'est toi et tes flots d'paroles incessants. ton visage pâle, tes cheveux noirs, fins tombant maladroitement éparpillés sur ton front, ton corps et ses courbes, tes mains et ses caresses.
juste toi, juste nous, affront d'l'une à l'autre.
une sorte de pseudo-guerre qui mêle souvenirs et présent où on sait déjà d'avance que nous n'serons jamais vainqueurs, parce qu'on a déjà perdu une trop grosse part de nos cœurs au fil du temps qui s'écoule.

- je t'aime, moe.
c'est toi, ça l'a toujours été et ça l'restera à jamais.

j'me perds entre passé et actuel,
j'ferme les yeux un instant et j'nous revois des mois plus tôt,
où l'insouciance primait, où rien réellement n'comptait.
j'ai cette putain d'envie d'retrouver cette sensation qui semble si lointaine, qui m'manque tant, alors j'profite d'un maigre moment où ton regard s'attendrit pour m'lever, v'nir m'rapprocher d'tes lèvres et les embrasser. moment que j'vais sûrement regretter. mais y'a qu'toi qui compte là tout d'suite, c'est tout c'que j'sais. j'm'en fou d'souffrir encore et encore, j'm'en fou d'creuser ma tombe jour après jour, c'est toi que j'veux voir mienne, même si c'est au péril de ma vie.

Spoiler:

- tu mens, tu mens, t'as tellement pas d'arguments pour tout c'que tu m'as fait subir, tu n'fais que t'répéter, encore, encore, encore.

tu n'prends même pas le temps de répondre, laissant tomber les formalités sans fin pour laisser place à tes lèvres contre les miennes. tu m'embrasses, comme si nous étions dans un désert aride des plus belles régions d'afrique du nord et que les charnures de ma bouche était le seul oasis de ce sahara. il aurait bien pu s'écouler deux heures ou trois secondes comme ça, enlacées comme le ying avec son yang, nous n'aurions jamais pu faire une quelconque différence.
tu t'arrêtes soudain, et impossible de savoir quel sentiment me traverse le coeur lorsque nos lèvres se décollent. je plonge mon regard dans le tien, et j'aime y voir mon reflet te souriant du coin des lippes au milieu de ces eaux turquoises et si calmes, un des plus bel océan de cette planète selon moi. j'aime imaginer que mon reflet reste encré dans le ravage de tes yeux pour toujours, que tu ne regardes plus personne d'autre que moi.
dans un instant d'impulsion je t'attrape par la taille, je flatte la douceur de ta chair d'une main, et enroule mes doigts dans les tiens, t'offrant un baiser mortel empli d'une fougue inégalée, à la façon de césar offrant tout un empire à sa cléopâtre. je refuse de faire durer ce moment moins de temps qu'une histoire d'amour pourrait durer, j'aimerais découvrir chaque légères courbes de ton palais, ma cléopâtre, (lol jeu de mo ta kompri dsl trop de feels ca me ressemble pas ://////) et continuer à faire courir mes mains à chaque coin de ton visage, te faire comprendre que jamais tu n'dois me laisser tomber encore une fois à travers mes baisers.
je me détache difficilement de toi, tu pourrais sûrement entendre les vrombissements de mon coeur et ma respiration irrégulière taper contre ton épiderme, je caresse du bout de mes doigts ta joue, avant de coller mon front contre le tien, laissant échapper un rire en mordillant légèrement ta lèvre inférieure encore une fois.

- j'suis fatiguée de souffrir à cause de nous, j'pourrais en mourir même. mais tu m'as tellement manquée si tu savais. j'ai tellement envie de toi, de nous, pars plus jamais.

on pourrait s'aimer une nuit avec supplément petit déjeuner si les atomes accrochent, c'est vrai, on pourrait brûler l'une pour l'autre si fort, qu'on penserait que mourir brûlée vive est la plus belle et indolore façon de s'éteindre dans c'monde.  mais après, il n'y aura que les disputes, les hurlements de bêtes dépourvues d'humanité, des ecchymoses presque cicatrisées qui tourneraient alors à une sale couleur bleu-pétrole. j'le sais très bien, mais comme la vieille conne lâche que j'ai toujours été, j'm'accroche à toi, et au pire si ça tourne mal, je rejetterais la faute sur toi, parce que c'est bien plus facile pour moi, jamais j'supporterai qu'on s'autodétruise à cause de mes propres mains maladroites. mais j'suis prête, quitte à mourir sur les dancefloors à 27 ans comme cobain et winehouse, je préfère mourir en me déhanchant pour toi.

- emmène-moi manger une glace pour la peine maintenant sale pute.

je souris bêtement comme une adolescente en prenant ta main et en faisant balader mes doigts le long des tiens, je baisse les yeux en regardant mes sneakers tendance comme une adolescente encore une fois, et pendant quelques instants, j'apprends à oublier clare, stella, nous imaginer leur envoyer des fucks en dévalant la route 66 à tes côtés sur une harley davidson, du rock des années 80 noyant nos tympans, les cheveux et nos rêves bercés par le vent.