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i close my eyes, just close the door
you want a minute, i'll give you more
maybe I don't want you either
we're both unsettled, nighttime creatures
shadow preachers, nighttime creatures

elle traîne des pieds, traîne des mains. descend du bus comme las, débouche dans la rue, elle trainasse. cette échevelée, cette dépravée. qui jette son mégot à tire larigot, sans se soucier du temps qui passe et cette cigarette qui trépasse, qui s'efface.
elle se fou de tout florrie. comme on se fou de la vie.
envie de réapprendre à connaître sa fille. voilà c'qu'il a dit le padre, dans son costard- cravate, un peu trop serré. ça l'a fait bien rire sur le coup florrie.
elle croyait qu'il se foutait de sa gueule. mais non. droit comme un i, sérieux comme un pantin de foire.
et puis la camée elle en avait marre de rentrer dans cet immeuble pourri le soir, sans rien à cuire dans ce mini frigo minable. à se griller des cigarillots sur le bord du balcon, à regarder les étoiles défiler dans ce ciel de garnison.
et la lune qui la regarde de son gros œil taquin. la lune qui lui fait de l'oeil et qui la traite de catin.
parce que tout ce qu'elle sait faire de sa vie florrie, c'est rouler à fond le train sur sa mobylette, tracer tout vancouver et remonter le temps à cent kilomètres heure. elle vole, elle vague à l'âme. elle s'en va, livrant les sushis comme aux quatre coins de paris. elle en ramène une boite de temps à autre. pour se nourrir d'autre chose que ces pâtes à la flotte qui bouillonne dans leur orbite.

alors peut-être que c'était sa chance. s'évader vers une prison dorée. en compagnie de papa et sa belle femme toute neuve. là bas au moins, elle aurait de quoi manger vraiment. là bas au moins, elle aurait un lit décent.
alors elle sort du bus, elle sonne de son doigt bagué de tête de mort à ce numéro qu'on lui a indiqué, un sac de voyage au bras, sac un peu vide pour une fille qui déménage.
la porte cochère s'ouvre et elle pénètre dans son nouveau château de princesse. au murs propres, au murs sains. sans tags, sans gravures, sans injures.
elle déambule, vers des escaliers cirés, dans ces ascenseurs au parfum de rose.
ça pue le fric ici, hein florrie ?
et elle arrive dans cet appartement, sonnant de nouveau sur ce bouton brillant qui tinte doucement à travers les pièces. elle tire un peu la gueule mais c'est pas grave. comme ça elle fait bonne figure. la porte s'ouvre, dérobant l'entrée à sa vue.
samaël.
« bordel de merde. qu'est-c'que tu fou là ?! »