partie libre né dans l'ombre d'un père connu aux yeux des autres, mais inconnu dans les replis de ton propre coeur. il était absent, il ne te voyait pas. mais toi, tu voyais, tu voulais marcher sur ses traces. être comme lui. dominant d'une vie de débauche, dans un monde bien trop beau pour toi et tes mains sales. mais ça, c'était avant le drame, avant le meurtre. avant qu'il ne tue ta mère dans un excès de colère. alors tu l'as tué, t'as été comme lui. un criminel. il t'a donné la vie, tu as pris la sienne.

tu as enfanté. un petit bout de femme, fragile et inconscient. enceinte, le verdict est tombé. papa. mais pour combien de temps ? tu n'en voulais pas de cette paternité, persuadé d'avoir un enfant que tu n'aimeras pas, jamais. neuf mois plus tard, enfant qui crie. coeur qui s'accélère. quelle beauté, des beaux yeux ronds, des lèvres rieuses. tu l'aimes. tu veux la garder à tes côtés pour toujours. tu la prends, demande sa garde. la mère accepte. elle n'a pas tellement le choix. un calibre bien pointé la force à quitter le pays. le bel enfant grandi vite, une fille sublime, une fille que tu garderas pour toi seul.

un mariage ? il est annoncé, ta chère fille épousera cet homme. une pourriture qui souhaite te voler la perle de ta vie. jamais. tu ne le laisseras pas faire.
tu te revois encore penché au-dessus de lui. l'arme à la main. la peur dans les yeux de ta victime. le feu qui se dégage des tiens. puis le silence, assourdissant, mauvais. qui te fait réfléchir, qui t'oblige à te dépêcher. en priant pour que ta fille ne l'apprenne jamais.

t'es devenu psychiatre. mais t'aimes pas aider les gens, t'as jamais aimé ça. non non, t'as de meilleurs ambitions dans la vie. t'as eu ton diplôme, tu sais ce qu'il faut faire ou non. les médicaments, les peurs, tout ça tu peux le retourner contre eux. pauvres petits humains. tu t'amuses avec tes patients. tes pantins. tu joues à les rendre fou, vulnérables. qui s'en souciera ? la plupart sont déjà seuls dans leur vie. toi tu veux juste t'amuser et regarder le monde entier dépérir sous tes dents carnassières.

elle est là, depuis peu. cette nouvelle patiente. en détresse, totale. elle a besoin de toi, de ton aide. mais t'arrives pas à lui prescrire la mort. tu lui souhaites juste de frôler la vie. elle est douce, elle est belle, elle a un je-ne-sais-quoi de différent. elle te tient tête. elle est tel que tu les aimes. et tu seras plus sadique encore avec cette étoile, pour éviter qu'elle ne t'aspire dans le trou noir de ton amour inavoué. tu veux juste la détruire pour te prouver ton indépendance.