la foule s'anime en feu, crépite comme les frites dans l'huile bouillante, c'est la folie en c'samedi midi. cami rayonnante dans c'tohu-bohu, j'la regarde se déhancher, s'enliser puis se relever avec dextérité entre le comptoir et les tables, danseuse étoile au sang bien trop crade pour briller. j'entends ce hé bro accompagné d'étreinte et de caresses, aux odeurs de cigarettes éteintes et de tendresse. je la plaque contre mon torse, l'étouffant de mes deux bras, elle aurait bien pu devenir mannequin grande taille, mais jamais elle rattrapera les quatre têtes de plus que je lui mets. j'lâche un rire aux éclats en la voyant se débattre sous mon emprise, ses bras et ses jambes voler dans tous les sens, tentant tant bien que mal de s'libérer de ma cage.
- j'te relâche quand t'assumeras enfin que j'sens hyper bon, que t'aimerais sentir cette odeur de friture toute ta vie et que tu m'aimes trop aussi parce que ouais.
je finis par la relâcher après une bonne demie-minute, un sale rictus de taulard déguisant mes lèvres, en m'dirigeant d'un pas lourd vers la porte pour annoncer la fermeture temporaire du döner.
- putain enfiiiiiin j'en peux plus là.
je m'effondre sur la première chaise à ma disposition, légèrement miteuse, un filet de graisse crade recouvrant les accoudoirs. j'fais péter l'enceinte, allume la musique, born sinner de j.cole qui vient nous ambiancer, et je la regarde, son sourire qui atteint les plus vertigineuses hauteurs des montagnes, ses yeux qui brillent encore plus qu'un ciel nocturne de norvège. pourquoi des études, pourquoi s'tuer, alors qu'tu pourrais rester danser ici comme une cagole du sud français et ta dégaine de wesh, maintenant qu'on est seuls face au monde, à l'abri des regards.
- tu paies ta clope grosse ? en échange c'est moi qui fais à graille puisque t'es pas foutue de couper correctement la viande.