elle peut entendre que sa respiration dans l'auberge entière. nico-lou fait que passer du temps avec elle-même depuis quelques heures. les trois derniers gars sont en ville pour visiter, elle croit qu'ils viennent du sud de la californie avec leur accent et surtout avec leur passeport. ça lui manque de partir. elle tourne sur sa chaise pour lui donner mal au coeur, pour se donner une raison d'aller vomir et trouver quelque chose à faire. c'est quand la sonnette de l'entrée fait un bruit que la petite s'arrête pour regarder. bailee.

- bonjour toi.

grand sourire, car elle peut déjà voir les magazines de mariée. paume de la main contre le menton, elle s'appuie pour lui faire un beau sourire. bailee se doit toujours de débarquer à un moment où nico-lou ne sait plus quoi faire de son propre corps.

- as-tu apporté des trucs pour marquer les pages ?

il lui en reste plus très long à faire. elle a le sourire caché sous son écharpe de laine remontée jusqu'au nez, elle a des flocons qui décorent ses cheveux; il neige enfin et bailee se sent bien, heureuse. dans ses mains, elle tient une pile de magazines pour futures mariées et au dessus, un exemplaire de crimes et châtiments de dostoïevsky emprunté à la bibliothèque où elle travaille. dans le train de ville, elle a un peu trop lu. son esprit s'est égaré et son coeur effleure ses lèvres. elle a parfois le mal des transports, la douce. heureusement, les quelques centaines de mètres qu'il lui reste à franchir à l'air frais lui sont d'un grand réconfort. elle y trouve un certain calme. la chute des flocons est semblable à une valse et ses pieds chaussés de bottes hors de prix s'arrêtent devant l'auberge.
elle sourit encore.
elle gravit les escaliers et ouvre la porte.
sa tête bouclée préférée est là, elle semble s'ennuyer.

- tu crois quoi ? j'suis une pro ! jamais j'oublierais mes post-its.

mais, même les pros ont besoin d'une amie pour les préparatifs d'un mariage. son époux ne lui est pas d'une grande aide puisqu'il s'en fiche un peu, de tout ça. quant à sa mère qui n'est pratiquement jamais là, n'en parlons pas. elle passe sous le comptoir pour venir rejoindre nico-lou derrière et elle se laisse tomber sur l'autre chaise sentant le weed et l’encens.

- comment tu vas ? t'as l'air de t'ennuyer à mort.

- c'est la joie. et toi comment tu vas ?

nico-lou sait qu'elle doit avoir la tête pleine, qu'elle commence à sourire doucement. une nouvelle étape qui commence tranquillement à se préparer, elle est sortie de l'oeuf, maintenant bailee doit lui apprendre à voler pour le grand jour. bailee se marier et nico-lou toujours seule. ça lui donne presque un goût amer en bouche de penser à tout ça, le mariage est tellement loin qu'elle peut même pas le voir d'ici. l'option de se rendre à las vegas et marier le premier garçon dans la rue est toujours à considérer.

- t'as fait des plans ou tu penses engager quelqu'un qui va s'occuper de vraiment tout le mariage ?

c'est à vouloir s'exploser la tête. ses yeux peuvent entrevoir une grande liste des choses à faire. alors elle devine comme une grande fille, sa belle amie va vouloir tout prendre en charge. un premier magazine, les pages défilent à la vitesse de la lumière sous son nez.

- t'as pas envie qu'on te bricole un livre ? tu sais, comme à la maternelle ? tout mettre sur des cartons de couleurs.