sortir de la coloc le coeur léger et le sourire au bord des lèvres. elle est avec ses copines. elles vont sortir pour oublier hier et demain, pour s'oublier dans la foule éméchée. performer la danse de la femme saoule plusieurs fois de suite, toute la nuit si possible. le cerveau qui danse en aléatoire et la gorge qui rit a en réveiller l'soleil, au point qu'en sortant il sera levé, c'con.
lies mène la danse, elle marche dans les rue, vers gastown. déterminée. ses écouteurs sont visés dans ses oreilles, pour se mettre dans l'ambiance. pour que, déjà, les molécules se réchauffent grâce aux vibrations de la musique. et puis pour pas entendre d'éventuellement dégonflements. elle veut être sûre d'être chill et opé en arrivant.
j'pense qu'elle est arrivée dans cet état d'esprit, de corps et tout l'reste. parce qu'elle a sauté sur le pas de la porte, sauté au cou de la personne, qu'elle ne connaissait pas, qui lui a ouvert et puis voilà comment les gens ont découvert lies : heureuse d'être là.
petit tour au bar pour se servir en alcool.
mais surtout en bouffe. elle en bave depuis le départ de la coloc, faut dire.

bientôt une heure que la musique faisait pulser son cœur, qu'elle sentait son sang affluer au rythme des notes qui s’échappaient violemment des enceintes géantes. avec un désir d'abandon le plus total loli déambulait parmi les invités sans même tenter de mémoriser leurs traits. quelle importance elle aurait tout oublié demain. son corps se mouvait sans efforts comme entraîné par une force invisible. les néons présents dans la maisons diffusaient une lumière bleue ecchymose, les dessins de la fumée qui envahissait l'espace semblait épouser les formes des visages et des corps présents. son esprit vagabondait et s'échappait au rythme des gorgées d'alcool qu'elle ingurgitait. Il y avait quelque chose de bestial dans l'air ambiant, quelque chose de vivant. son prénom retentit dans le grand couloir, elle s'approchait lentement mais d'un pas assuré vers la source de ce son. qu'est ce qu'on lui voulait. loli n'était pas d'humeur à parler, pour une fois. son parcours s'achevait ici, devant une grande porte de bois sombre où se trouvaient de filles, dont la propriétaire de cette voix stridente qui l'avait sonnée quelques minutes, ou secondes ? plus tôt. à peine eut elle le temps d'ouvrir la bouche, que la porte d'entrée sembla valdinguer avec pour cadeau une jeune fille au sourire lunaire. elle était belle et agaçait déjà loli. la manière qu'elle eut de s’élancer dans les bras de son amie alors qu'elle n'était, de ce qu'elle pouvait se souvenir, rien d'une connaissance pour le groupe. son se posa donc froidement sur l'étrangère. loli avait beau faire peut être une bonne tête de moins que cet ouragan intrusif son attitude n'était que mépris, avec un rictus elle détourna ses iris dorés de cette fille. une paumée, encore. avant de partir dans la direction inverse loli s'exprima le plus calmement et clairement possible, sans même regarder son interlocutrice. « jsais pas qui t'es, mais toi saches quj'aime pas qu'on m'interrompe »

une voix lointaine tenta de se faufiler dans cette atmosphère d'un autre monde. lies ne réagit pas à cette tentative de contact. elle laissa l'alien du cosmos dans son vaisseau spatial, alors que la brune se mouvait vers le buffet pour faire une découverte gustative de cette nouvelle terre.
mais c'était sans compter l'une de ses copines qui vînt lui murmurer les mots de cette petite sauvage aux cheveux en broussaille. lies mangeait, à cet instant-là, alors elle haussa ses épaules comme une enfant, et continua de goûter, d'attraper et de sentir les mets. et puis elle fini  par se servir un beau verre d'un alcool qu'elle ne prit même pas la peine d'identifier et se faufila vers la petite métisse pour essayer d'en comprendre un peu plus sur ces mots étranges.
une fois derrière elle, lies lui tapota l'épaule. et sans qu'elle se retourne elle lui murmura :
en quoi j't'ai dérangé t'à l'heure ?
maintenant oui elle la dérangeait, tout à l'heure non.
et j'suis lies, au cas où.
comme si ça se devait d'être une évidence de connaitre son, beau, prénom.

son esprit était déjà ailleurs, il s'était détaché de son corps pour vagabonder parmi cette foule en transe. mais la brunette qu'elle avait remise en place quelque minutes plus tôt n'avait pas bien compris, visiblement. loli hésitait à ignorer ce petit parasite, à la laisser à ses paroles s'envoler dans l'air ambiant. elle se foutait bien du prénom qu'elle pouvait avoir pourtant son corps s'était instinctivement mit sur pause. loli était figée, à la manière d'une statue de glace, gracieuse mais froide, le visage fermé. mais comme poussée par une force invisible sa douce bouche s'ouvrit sans qu'elle n'ait un quelconque contrôle sur ses paroles. “jsuis loli, mais va pas croire que savoir qui t'es m’intéresse” son visage se fendit d'un faible sourire, l'un des rares et sincères que l'on peut voir parfois sur son visage. et si pour une fois elle perdait vraiment le contrôle, et si pour une fois elle se laissait aller sans son masque des bals de givre. elle se tourna vers cette fameuse lies, elle avait l'air paumée mais sans doute pas autant que loli au final. ses pensées bouillonnaient, tournaient et volaient à la manière des feuilles d'automne sous le coup d'une bourrasque. loli sentait l'alcool réchauffer ses veines et son corps elle se rapprochait à pas de loup de la dénommée lies.
le regard de son interlocutrice semblaient la sonder d'un air absent mais loli s'en trouvait hypnotisée, la glace en elle fondait sous les iris de cette inconnue. "merde"

surtout que dans l'fond, son prénom étrange qui vient de loin, ça n'a pas d'importance. lies, elle voudrait pouvoir passer inaperçu, elle voudrait être un fantôme dans ce monde, dans cet univers. elle aime se faufiler, regarder, observer sans rien dire. mais toujours elle rit, elle tic, elle bouche sans rien contrôler et tout à coup elle n'est plus fantôme mais un éléphant dans un magasin de porcelaine. on la voit, on la remarquer et toutes les lumières sont placées sur elle. de l'ombre à la clarté sans le vouloir, sans le contrôler. lumière malgré elle, le petit fantôme sait plus comment faire.
lies rit, après avoir distingué à travers le bruit et la foule ce que cette loli a voulu dire.
et ça veut pas dire grand chose, alors lies rit.
et pourquoi tu m'parles alors ?
parce que lies aboie vite et souvent, comme pour faire fuir la lumière et retourner dans les ténèbres.
alors quand on la regarde de trop près ça la perturbe.
et le merde de loli la fait vaciller.
quoi ?

loli essayait, elle essayait dsavoir pourquoi cette petite tête l'hypnotisait tant. pourquoi à la vue de cette inconnue tout s'était à la fois figé et détendu. mais rien, noir, le néant. l’intérieur de son crâne n'était plus que fumée opaque, il lui semblait ou plutôt lui était impossible de rassembler des pensées cohérentes. son visage s'était transformé, la douceur de ses traits ressortaient et un sourire innocent s'était dessiné discrètement sur ses lèvres carmin. loli n'avait plus la possession de son corps ni de son esprit et elle aimait ça. elle pouvait être elle même et le lendemain lorsque qu'on l'accusera de pas avoir tenu son rôle elle pourra mettre ça sur le compte de l'alcool et les quelques pilules qu'elle avait avalé. une certaine lâcheté avait fini par l'habiter au fil des années et des mensonges, mais quand elle perdait le contrôle comme ce soir, plus rien de l'arrêtait vraiment.
"t'es mignonne" elle souriait malicieusement, la tempête qui faisait habituellement rage dans ses pensées s'étaient tues. d'une voix presque enfantine elle ne pu s’empêcher de lancer "tu veux danser avec moi?"