cal à bout de souffle, les poumons pétés parce qu'il a trop couru, parce qu'ils sont trop défoncés par des substances qui dominent son être sûrement. il a l'impression de fuir en permanence, d'être un criminel en cavalle, condamné à consumer ses membres à son propre jeu de l'interdit. quelques hématomes aux nuances du ciel noir pesant sur les épaules canadiennes coloraient ses bras, ses genoux, et son corps tout entier, et avec du recul on croirait presque entrevoir la silhouette d'un sale bambin un peu maladroit des bacs à sable. déjà quatre jours au moins que l'enfer retentit en écho dans ses tympans, l'enfer du regret, le regard lourd de cami devant son corps de lâche, obligé de gratter de la thune pour se sortir de ce merdier. la tête qui tourne, les doigts qui s'affolent, des images défilent, une vie insignifiante, qui n'en est pas vraiment une défile sous ses propres yeux. c'est sa vie à lui. errant de ruelles en ruelles et d'allées en allées, la lumière monochrome des lampadaires semblant danser devant ses yeux morts, une lumière, brillant bien plus dans cette nuit sombre vient éclairer la soirée. ne distinguant même pas la teinte des cheveux de cette sirène échouée sur le trottoir, le corps las de cal vient alors se poser à ses côtés, sans hésitation. fumer tiser baiser pour oublier comme on dit, et mieux repentir ses pêchés ensuite. il t'en reste encore un peu pour moi ? fouillant dans sa poche arrière, il finit par sortir un simple briquet avant de le tendre à la blonde-rousse-chatain-brune, il a jamais su. j'ai un briquet en échange. un sourire narquois s'esquisse sur ses lèvres, masqué par la lumière de la nuit qui couvrait chacune de leurs carcasses vides. et j'suis pas mal drôle aussi si le briquet de suffit pas.

la nuit était magnifique en ce soir estival, mais pourtant la beauté des étoiles dansantes de ce tableau noir bleuté laissait cal complètement indifférent, à côté de cette fille. ça le rendait fou quand il y pensait. les filles ont toujours été un véritable mystère pour lui. du haut de leurs talons s'élevant plus haut que le ciel, leurs genoux maladroits, leur carmin fatal qui parsemait leurs lèvres de façon désinvoltes, c'est lourd et ça parle trop, mais elles possèdent ce pouvoir hypnotique dans leurs yeux qui rend fou, qui touche en plein coeur pour foutre le monde entier à terre. les pires voyous se prosternent, et les plus audacieux se taisent devant leur chevelure aux senteurs d'orient et du monde, se mouvant plus majestueusement que les néons accrochés dans le ciel nocturne. c'est fou. et elle, elle joue de ses charmes, ça se voit, cal arrive à le percevoir entre cette vingtaine de centimètres séparant leur corps ivre l'un de l'autre. ivresse qui s'éteindra demain, au matin peut être même avant, lorsque l'aube se lèvera sur vancouver. un rire s'échappe d'entre ses lèvres, et le sourire du brun ne peut s'empêcher de s'étirer d'autant plus. "tu m'sauves la vie là, t'en es conscient ?" elle détaille chaque traits de son visage, elle le scrute, essaie d'en déceler les mystères. oh poupée, si seulement tu savais quels lourds secrets se cachent au sein des abîmes des ombres au coin de ses yeux. il l'imite, il cherche à découvrir la nature de chaque cicatrices sur son corps d'adolescente qui a grandi trop vite sûrement. "j'm'en doute, mon humour est indispensable à tout l'monde, j'vois pas comment t'as pu réussir à survivre sans mes vannes de feu. "  une pointe de sarcasme se fait ressentir dans le ton de sa voix. elle tire deux trois fois sur sa roulée, avant de le tendre vers cal. "paola", qu'elle souffle, tandis que cal se détourne quelques secondes du regard de la blonde pour fumer. le papier lui brûle les doigts. non pas parce que le pét' se consume au bout de ses phalanges abîmées. il y a un goût amer de regret qui n'arrive pas à s'échapper du fond de sa gorge désormais. "cal." sur un dernier soupir, il finit par retendre la roulée à paola, avant de passer sa main dans ses cheveux aussi emmêlés que son esprit. "tu fais quoi seule à cette heure là ?"