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tu es poupée, âme, poison. tu bourdonnes le soir, t'effaçant à la nuit. tu danses au son des vagues, comme on danse à paris. florrie, fleur crépusculaire, endormie dans tes draps tu t'éveilles à la bonne heure. l'heure désillusoire où commence ton lever de soleil. pareille aux vampires qui quand le ciel revêt son manteau d'étoiles, se lèvent de leur tomber, s'échappe de leur cercueil, tu émerges de tes draps blancs, limpides d'une journée au confis des rêves.
doucement.
sûrement.
de tes draps tu t'habilles, d'un manteau parfumé au lilas. d'une douche tu retires les relents de la nuit, les dernières gouttes de pluie qui sur ton corps s'allongent.
aujourd'hui encore le réveil t'as semblé trop dur. bien trop dur pour assumer ces livraisons à la con.
on s'en fou. on n'y va pas.
emmitouflée, cachée sous les draps t'as fait abstraction de ce devoir. tant pis. t'avais la migraine, tu lui diras à ce con de patron qui reluque ton arrière train. ça passera crème, de tout façon il cherche pas les problèmes.
mais ce soir c'est l'air frais qui te manque. l'air des grands boulevards. de la cigarette noire.
alors tu consumes ces derniers bouts de mégots, passant devant ce laideron de mère qui émet un sourire à ton adresse. sourire de faux semblant.
rien à battre, on s'en va.
tu marches florrie. pour te perdre dans ce quartier. dans ton chez toi. pour finir avec ce bourdon au coeur. ce blues, qui te lancine. écho des bars qui t'agite. tu danses, tanguant comme un bateau. ta cigarette tu la jette à l'eau. et tu danses, seule, sur le vieux port. sous les lumières, dans les bras de l'ombre. tu fumes encore. tu t'effondres. partie pour pleurer, partie pour rentrer.
assise comme au bord de la tamise, florrie, ta cigarette grésille dans la pénombre, allumant au bout du quai tes petites joues prises de larmes.
foutue vie.
tes pieds qui se balancent de le vide.
vide de ta vie, vide de ton cœur.

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tu voulais braver ta solitude, t'enflammer jusqu'à te déverser dans les eaux sombres de l'abime obscur. il est là devant toi, te tend les bras. ces bras balants, bancals, qui te font l'effet d'un abris. tu serais prête à plonger florrie. oh oui combien de fois ça t'as traversé l'esprit.
mais debout t'es bien restée. la tête haute, princesse déchue. jamais ne chute, jamais ne flanche. se laisse avoir dans les tourbillons de la dépression, mais elle reste là, les deux pieds sur la terre ferme.
elle tourne. tourne la tête, tourne les yeux. tourne à la marijuana.
les yeux vitreux, globuleux. t'aurais du prendre cette bouteille qui restait dans le fond du placard. la vider d'une traite dans les eaux du port. la remplir d'un message, d'un fardeau.
bouteille à la mer. en bordel. en bord d'ailes.
c'est tout ce que t'es florrie. une épave qui crève de trouver un jour un échappatoire.
l'échappatoire des mots. l'échappatoire des maux.
tu parles peu florrie. à ce drôle de type que t'as l'impression de reconnaître sans l'connaître.
t'es qui pour juger toi ?
ce sont les seuls venins qui s'écoulent de ton chagrin. pourquoi tu chiales florrie ? pourquoi tu creuses tes joues de larmes cinglantes, déchirantes ? pourquoi tu te fais du mal comme ça ?
peut-être parce que t'es conne, que tu sais jamais voir le bon côté des choses. et lui il le sait peut-être ?
tu chiales jamais toi ? tu fais comment ?

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