cook, elle agonisait. comment dans sa pauvre caboche, elle se ressassait les dernières heures. les coups, le sang, l'horreur habituelle. perpétuelle. nécessaire à la survie des bee.
encore une fois, elle avait usé ses poings, brisé ses phalanges, saignés ses genoux. encore une fois, elle avait hurlé sa rage, sa peine, l'injustice, à ces spectateurs enragés. ils hurlaient, les sauvages. eux ils hurlaient aussi, et c'était un peu sa voix. son cri, porté par ces malades.
mais faut croire que ça a pas suffi. k.o sur le ring. la lune tanguait, dansait  un tango endiablé. bee, elle a bien gagné deux, trois billets. c'était pas assez. pas assez pour s'payer à manger, pas assez pour satisfaire la société. alors elle s'est levée du ring, seule. l'ombre de la défaite sur son visage, elle s'est tirée les mains dans les poches.
longtemps. elle s'est perdue, dans les rues dorées. avec son œil violet, avec son nez ensanglanté, elle était pas belle à voir.ils arrêtaient pas, les ignards. il arrêtaient pas d'la mater, de la dévisager. elle s'est perdue ? qu'ils demandaient au voisin d'à côté.
ouais, bee elle s'est paumé. bee elle pleurait un peu. des larmes transparentes, des larmes silencieuses.
le soleil déclinait. virait à l'orangé. la foule est devenue dense. autour d'elle, quatres boys friqués. dégage. combien la nuit ? grosse conne de clocharde. montre tes nibards pour voir ? putain t'es pas mal ! et les rires. transcendants. déchirants.
la sauvage, elle était attaquée. alors elle a crié. elle a sorti les crocs, les as plantés.
cook la poisse. elle s'est mis à courir, portant sa carcasse abîmée. elle a couru, jusqu'à une rue, un truc qu'elle connaissait. et elle s'est écroulée.
attendant sûrement qu'on ramasse les débris de ce qui restait d'elle.
à la main, où à la pelle.