suite 1569, rosewood hotel, sois discret. ps : ramène des pop corns, j'ai faim.
euh, ouai ? mike hausse un sourcil alors qu'il re-lit le message de son portable. un sourire étrange et intrigué se dessine sur son visage trop abîmé par les coups de la veille. quelle idée de l’appâter comme ça, d'une simple adresse indiquée qui aguiche beaucoup trop et laisse dans l'esprit trop de mesquines pensées. quelle idée d'y ajouter du pop-corn, c'est trop sucré, trop flasque, ça empêche de profiter. mais pourquoi pas. chacun ses fantasmes, après tout. surtout venant de ruth, on peut s'attendre à tout. alors il réfléchit pas trop sur ce coup, mickey, il évite de penser.
tant pis pour le club, y'a des préoccupations plus importantes. y'a ruth. il claque la porte de l'appart en sortant, et il marche rapidement sans vraiment savoir quelle direction prendre. on verra. le soleil est déjà tombé dans le creux de la nuit, la lune illumine et ajoute un peu de clarté à ce quartier trop assombri par l'illégalité. et mike déambule, se fondant dans le décor, la capuche d'un sweat trop usé qui ternit son visage déjà meurtri. l'épicerie au coin de la rue, là-bas, il la voit. bordel, des pop-corns. pourquoi des pop-corns ? il entre, achète, repart. putain c'qu'il a l'air con. mais il s'en fou, de tout le monde, de tout. il fait ça pour les filles qu'il pense un peu trop faciles. mais il les aime quand même, mickey, les femmes. c'est sa seule faiblesse, la seule chose qui peut le perturber.
puis il se met à marcher plus rapidement, putain, c'est loin, mais il va y arriver. pour ce qui semble être une baise à la clé, il hésite pas à accélérer. une clope en chemin, puis une autre qui s'ensuit. puis plusieurs après, une après une autre, assez pour passer le temps, les retentissements de l'horloge qui bourdonnent. entre la fumée qui reste, les lumières trop fortes, les bruits de bagnoles hors de prix. putain de quartier de bourges sans queue. il y est, il est devant. il jette son énième mégot de la soirée sur la chaussée et il avance, sous les regards de ces autres taulards de riches qui méprisent. mais mick avance, tous les sens en alerte.
"je t'ouvre pas si t'as pas de pop corn !" sérieux ? putain, elle y tient, à son pop-corn. puis elle ouvre enfin la porte, ruth, et vient directement faire signe à mick de se taire. "t'as déjà vu cowboy et envahisseur ? c'est un peu de la merde mais y a daniel craig." et là, il capte enfin. bordel, ruth. imprévisible, comme il pensait. elle a ce regard, la brune. ce regard qui te prouve que t'as été prit pour un con. mickey, il aime pas. vraiment pas."ah ouais scuz, bienvenue dans mon palace." bienvenue ouais, bienvenue mickey. il affiche cet air dépité, l'air qu'on aime pas tellement voir sur son visage. et ruth, ça la fait marrer.
elle lui résiste de trop, la brune insouciante. l'une des seules âmes encore envolées qui se permet de faire des coups pareils. mais ses ailes flamboyantes, elles pourraient bien être coupées, dans pas si longtemps. fais gaffe, ruth. et elle sourit toujours, fière de cette suite qui lui appartient le temps d'une nuit. "attends. c'est sérieux là ? un putain de film pour tapettes ? j'regarde pas ça, moi." bordel. ça lui apprendra à pas réfléchir plus loin que sa bite, pour le coup. se faire avoir par une sale gamine. il nage en plein rêve brisé. mickey se rapproche un peu de la brune, jetant lâchement le paquet de sucreries sur le coin d'une des tables soignées de la pièce. elle sourit en coin, pas lui. il plonge des yeux translucides emplit de rage dans les siens. "c'est fini, ruth. t'as fait ton p'tit numéro, c'est tout. y'a des choses plus sérieuses à faire, tu crois pas ?" il l'aime bien, la brune. elle est jolie, douce, avec ce côté rebelle contre tous. elle l'intrigue un peu, alors il va pas lâcher l'affaire. tout ce chemin durement traversé, elle allait le payer, d'une manière ou d'une autre.