encore vingt minutes, et quatre années sans sa présence se sont écoulées. il est oublié, et il appartient désormais à l'enfer des souvenirs, mais s'il existe une date dans l'année que tu redoutes, c'est celle de l'anniversaire de sa mort. deux amis, deux frères, un manque. une voiture et de l'alcool. une soirée, une nuit, un mort. le temps est un fidèle allié, il t'a fait oublier mais il n'était pas le seul. nico-lou était là. nico-lou est là. tu as besoin d'elle, là tout de suite, tu ne veux pas qu'il soit minuit sans la voir sous tes yeux. son visage, son regard qui se pose sur toi pour te susurrer que tout va aller vers le mieux. un sms. et tu enfiles ta veste. tu quittes l'appartement avec une précipitation des plus intensives. tu veux fuir, tu veux la retrouver. la pluie s'abat sur la ville, le vent traverse les rues, et te traverse. les écouteurs dans les oreilles, la musique t'ordonne d'avancer vite et de ne pas penser à lui, vas voir nico-lou, elle est là, derrière ces murs. tu gravis les escaliers et ouvre sa porte sans même sonner ou toquer. tu claques la porte derrière toi. ton nez hume l'odeur qui t'entoure, ça sent nico. tu aimes. t'essuies tes pieds, retire ta veste et te rends au salon où elle t'attend. tu la regardes profondément, les yeux presque humides. salut. t'accours vers elle et l'enserre dans tes bras, de toutes tes forces. il est minuit putain, minuit. quatre ans. tu cases ta tête contre son épaule et pries secrètement pour que jamais, non jamais, vous ne soyez séparés. tu as tant besoin d'elle. elle ne peut imaginer à quel point elle t'est vitale.

quatre ans. quatre ans dans à peine quelques minutes. ça m'arrive très souvent d'oublier ce moment, il s'efface comme si il voulait plus que j'y repense. quand je dépose mes yeux sur marko, tout me revient en tête. ça sonne, ça cogne partout dans ma tête. je laisse mon téléphone des yeux pour regarder par la fenêtre. je sais qu'il s'en vient, très vite. je sais aussi qu'il sera là avant minuit ou même à la seconde près. c'est marko, marko n'oublie pas tout ça. c'est toujours frais dans sa tête. une mort qui vient avec une amitié. quatre ans qu'il est partie, quatre ans  qu'on est des amis. un soupire s'échappe de mes lèvres, je refuse de me dire que c'est un bien pour un mal. ça peut pas être ça, c'est tout. les pas dans les escaliers, ma tête qui se tourne vers la porte de l'entrée. il va débarquer comme une tempête, une tempête que je vais prendre dans mes bras et essayer de calmer.

- hey toi.

et puis marko est là. contre moi, je peux sentir son coeur taper à l'intérieur. ça va déjà mieux dans le mien. il faut seulement qu'il soit dans mon champ de vision, et ça va. marko et son pouvoir magique. je lui laisse quelques minutes, je me laisse quelques minutes. je plonge mon nez près de sa nuque, mes mains serrant son haut, serrant presque sa peau. je vais te donner quatre ans de câlins marko si t'as envie.

- aller, viens.

je prends sa main et je l'apporte avec moi jusqu'au canapé me couchant et je le couche contre moi. je dépose sa tête contre le haut de ma poitrine, je le débarrasse de sa casquette. mes doigts entre ses cheveux, je les caresse.

- ça va bien aller. ok ? tu me crois hm ?

ça va aller. faut seulement fermer les yeux et ça va mieux aller. mais ce soir, j'y crois pas vraiment.

elle est contre toi, tes bras serrent sa taille si fort qu'ils pourraient la briser. son odeur empli tes narines, ton nez perdu dans ses cheveux virevolte au pays du bonheur, mais ce pendant une trop courte durée malgré la langueur de l'étreinte à laquelle vous vous adonnez. nico glisse ses doigts sur ta main et te mène jusqu'au canapé dans lequel vous vous couchez. ton visage agréablement coincé sur le haut de sa poitrine, tu glisses ta main sur son ventre, la sienne se balade dans tes cheveux. ça va bien aller. ok ? tu me crois hm ? murmure nico dans ton oreille. toi, tu fixes ta main qui monte, et qui descend au rythme de sa respiration. tu hoches la tête, pour t'en persuader alors que tu sais pertinemment que rien ne peut aller, du moins le long de cette journée à venir. et tu fermes les yeux. tu pourrais t'endormir tant tu es bercé par sa simple présence. j'suis content de te voir. tes doigts coulent doucement sur son abdomen et se mêlent aux siens, tu les serres, forts encore une fois, comme si tu avais peur qu'elle parte, elle aussi. vraiment. tu relèves alors ta tête et plante tes deux yeux dans les siens. tu lui souris fragilement, juste du coin de ta bouche. ça fait bien trop longtemps nico. ton ventre te fait mal. ton ventre te fait du bien. tu ne sais pas. tu as toujours cette sensation lorsque tu divagues dans les zones sombres de son regard meurtri. tu ne peux pas t'empêcher de passer ton bras derrière sa tête et de la serrer à ton tour contre toi. t'as besoin de la sentir contre toi. maintenant plus que jamais. mais c'est comme si ce n'était jamais assez, comme si tu en voulais en plus, comme si tu la voulais pour toi et à jamais.

c'est un hochement de tête qui ne veut pas dire oui. je peux sentir son cœur qui ne tambourine plus dans sa poitrine. la tempête est devenue un peu plus calme à l'intérieur. je sais qu'elle va bien sortir un jour, je sais qu'elle va être douloureuse à combattre, mais après, il va y avoir du soleil qui va apparaître. c'est jamais sombre longtemps, pas quand on est tous les deux. je compte ses cheveux alors que je peux sentir mon ventre devenir de plus en plus chaud à cause de sa main qui se trouve là. marko, c'est pas trop froid à l'intérieur. will ne voulait pas qu'on devienne froid à l'intérieur, il voulait qu'on explose. je crois seulement que parfois les artifices de marko, ils veulent pas s’enflammer. trop de pluie peut-être.

- parce que un jour, t'as pas été content de me voir ?

je souris alors qu'il ne peut pas voir mon visage. je laisse nos doigts ensemble, on se regarde et j'essaie avec mon doigt de faire grandir son sourire. je sais qu'il en est capable sans moi, c'est un grand garçon marko. je dis tout ça, et ça m'arrive parfois de pas être une grande fille et d'avoir besoin de lui pour me faire sourire. trop longtemps. et dans cinquante ans, ce sera quoi ? trop court ? ça va rester toute une vie marko.

- quatre ans. ça va jamais partir, ça va seulement guérir.

je crois qu'un jour, à une opération à coeur ouvert, je vais demander au médecin de regarder si j'ai pas des cicatrices sur le coeur. je vais lui demander si celle de sa mort, elle se porte bien. si je m'en occupe de manière convenable. parfois, c'est sensible. comme maintenant. sentir marko tout contre moi, ça va. je laisse ses cheveux pour aller le reprendre dans mes bras, le serrer fort. très fort. je vais pas partir si tu pars pas marko.

- tu vas pas le croire marko, mais j'ai trouvé une photo de nous trois.

je souris encore près de son oreille. le serrant encore plus fort. je suis désolée si je t'étouffe. ça devient plus fragile.