- izzy. tu fais quoi ? je t'attends depuis une heure. ok. non. ça va. on va remettre notre truc à plus tard, c'est pas grave. si si, je t'assure. izzy, s'il te plait. de toute, t'es pas ici depuis longtemps, j'comprends. au fait, j'viens de voir ta tête sur un mag de skate,  je l'ai acheté, j'voulais m'informer vu que tu me parles jamais. merde, j'suis conne. j'suis désolée izzy. ok. ok. on se voit ce soir ? ouais. ok. bye !

je ferme mon téléphone pour lever les yeux vers une barbie. elle ressemble à celle que j'avais quand j'étais plus jeune. j'ai envie de toucher son visage pour voir si elle est réelle. ses yeux bougent, m'observent.

- salut. est-ce que je peux t'aider ?

sourire aux lèvres. j'ai pas envie d'avancer, je veux voir si elle peut parler, peut-être que sa voix est aussi douce que le reste.

noyée, plongée dans la fumée qui s'échappe de ses lèvres. dernière bouffée, puis elle se lève, écrasant de son talon rouge écarlate le mégot encore fumant. un main vient doucement replacer une mèche de cheveux derrière son oreille. puis un pied devant l'autre, elle prend la direction du parc, sans trop de raison. quelques rayons audacieux se frayent un chemin parmi les nuages trop sombres pour un début d'après-midi, et viennent colorer d'or les visages des plus dépravés.
puis une brune aux cheveux interminables, cascade de boucles entremêlées, là-bas, énervée. on l'entend de trop loin, leo s'agace, se rapproche un peu dans le but de lui lancer un sale regard et de reprendre finalement sa route.
arrêt net. "izzy". blablabla, izzy. plusieurs fois. électrochoc, le cœur qui bondit tellement qu'il manque un ou deux battements. leo la regarde, les yeux remplis d'une certaine mélancolie. "salut. est-ce que je peux t'aider ?" elle sourit, la brune. elle a l'air un peu fragile, beaucoup nature. le genre de personne que leo préfère regarder de haut. "non. enfin.. si. je crois. iz.. tu parlais à iz ?" elle sonne trop confuse, blondie. elle a du mal à aligner les mots, et y'a izzy qui résonne, qui tambourine. l'esprit qui bouillonne, plus que quelques secondes et il explose. pourquoi lui, et pourquoi maintenant ?

on peut voir la confusion dans son visage de poupée. un surnom de izzy sort de sa bouche et ce n'est pas d'une manière joyeuse. je ne sais plus comment je dois l'aborder. peut-être avec un peu plus de gentillesse, de réconfort, de soutien. peut-être que ce n'est pas le même izzy, après tout, c'est un prénom comme les autres, on peut l'entendre un peu partout. je sors mon magazine pour lui montrer la tête du garçon sur la couverture.

- tu parles bien de ce izzy, toi ? parce que si c'est oui, je lui parlais bien. tu le connais ?

je lui fais un petit sourire. son visage à elle, je pense qu'il ne veut pas sourire, mais ça va. peut-être qu'ils ont un passé ensemble et que ça va pas. peut-être qu'il est partie de sa vie sans rien dire comme il a fait avec moi et qu'elle sait pas qu'il est de retour. après, je peux comprendre, ça fait mal les départs, les retour aussi. parfois.

- je suis désolée, j'me suis pas présentée, on se connaît peut-être. je crois pas, mais peut-être que j'ai entendu parler de toi. moi c'est nico-lou.

la belle blonde semble pas du genre à donner la main pour dire salut. j'ai pas trop le droit de juger, mais je veux pas faire un truc qui va encore plus la mettre confuse. comme izzy.

sa raison lui crie dans les oreilles jusqu'à les faire bourdonner. comme quand une bombe vient d'exploser. à ce moment-là, c'est l'effet que ça a. l'effet destructeur d'un simple prénom prononcé. prénom qui se remettait à être prononcé sur plusieurs lèvres, comme s'il voulait la hanter. il semble résonner partout, et nulle part à la fois. ça la rend un peu folle, trop à fleur de peau. la douce brune tire un magazine de sous son bras, pointe du doigt le garçon sur la première de couverture. "tu parles bien de ce izzy, toi ? parce que si c'est oui, je lui parlais bien. tu le connais ?"
un. une seconde.
deux, trois, quatre, trop de secondes.
secondes durant lesquelles leo sent presque son cœur s'arrêter. et l'inconnue qui lui sourit une nouvelle fois de son visage immaculé, aussi pur qu'un diamant. izzy sur le papier, qui même de là, la transperce, lui rappelle de trop le passé. iz. leo. maintenant qu'ils s'étaient retrouvés, ils allaient, par un moyen ou un autre, se suivre, s'entendre, se sentir, souffrir à jamais."je suis désolée, j'me suis pas présentée, on se connaît peut-être. je crois pas, mais peut-être que j'ai entendu parler de toi. moi c'est nico-lou." nico-lou. elle connaît. ça lui rappelle un souvenir lointain, trop lointain pour qu'il soit bien précis. mais ce nom particulier lui a un jour été prononcé. elle en est certaine.
la blonde soupire un grand coup. elle lève un temps les yeux vers le ciel, pour ravaler les larmes qu'elle sent timidement monter. cette brune, cette âme légère et douce, c'est pas ce que leo à l'habitude de croiser, ou d'aborder, ou même encore de se comporter aussi gentiment qu'elle, elle fait. "c'est lui. oui.. oui. j'ai partagé bien trop de choses avec lui. des jolies, et des plus affreuses." elle est pas du genre à déballer, tout étaler comme ça, à cette fille qu'elle ne connaît pas. mais c'est iz qui fait cet effet-là. "nico-lou, nico. il m'en a parlé. moi c'est leonor." puis elle lâche un maigre sourire à son tour, leo. parce qu'elle lui inspire beauté et douceur, nico. parce que depuis iz, elle fait tout à l'envers, elle se reconnaît plus, mais en même temps, elle se retrouve. c'est compliqué.