premier samedi de ta nouvelle vie.
premier samedi que t'es pas enfermée dans le bunker.

et t'es bien décidée à pas passer ta soirée enfermée, chez toi. d'ailleurs, t'y es jamais chez toi depuis que tu es libre. depuis qu'on t'a sauvé de ce fou furieux. t'es tout le temps dehors. essayant de rattraper le temps perdu, essayant de rattraper les huit dernières années sous terre. comme tu peux, avec les ressources que t'as.

c'est en traînant dans la ville, dans un petit café plus exactement, que t'as entendu parler de cette fameuse soirée. t'es jamais allée à une soirée auparavant. t'as jamais bu une goutte d'alcool d'ailleurs. c'était l'occassion ou jamais de cocher ça sur ta liste de choses à faire, à découvrir.

la soirée à déjà commencée depuis un bail, quand tu décides de t'incruster. bah ouais... t'étais pas invitée à la base, donc c'est de l'incruste. il y a du monde dans tout les coins de cette giganstesque maison, tu connais personne. ils puent tous le fric à plein nez, mais ça te dérange pas. tu connais pas la valeur de l'argent. c'est qu'un bout de papier pour toi, tu t'en fous.

mais faut avouer que tu t'emmerdes un peu,
que tu te sens pas trop à ta place,
que tu te sens un peu beaucoup seule ici,
au milieu de cette foule.

tu fais le tour de la maison, quand tu croises ce garçon. ou cet homme, plutôt. il est pas mal, tu rougis un peu. avant de t'installer pas très loin de lui. tu l'observes, à la dérobée. du moins, c'est que tu crois. tu l'observes un peu trop, d'ailleurs. et une idée conne te vient en tête, une idée de gamine. comme la gamine que t'es encore.

tu ris doucement. et t'attrapes un verre d'un liquide inconnu et sans odeur. juste pour faire comme lui. parce que pour les prochaines minutes, t'es décidée à faire comme lui. le moindre mouvement qu'il le fera, la gamine que t'es le recopiera.

l’éternel cancéreuse au bout des lèvres, il fume encore et encore à s’en noircir les poumons, ace. un samedi soir incertain. rien de bien programmé, rien d’bien excitant. pourtant ace, il a envie de sortir et de profiter de sa soirée. comme d’habitude. rien n’est pourtant prévu dans le quartier. affalés dans les vieux canapés de leur salon, la motivation est proche du zéro absolu. ace, il s’amuse à dessiner des ronds de fumée dans l’air ambiant, tête renversée en arrière. et puis le dernier colocataire débarque sans prévenir, le faisant presque sursauter, proposant ce qu’il décrit comme le plan de la soirée à gastown. un inconnu y prépare sa soirée dans son immense baraque de banlieue. une quelque centaine de personnes, parfait pour s’incruster sans que personne ne prête attention aux intrus. sans que personne ne les surveille d’un mauvais oeil. ace est déjà debout, prêt à arpenter les rues bruyantes de vancouver avec ses colocataires, clope au bec. le moral remonte en flèche, ça discute, ça rit, ça piaille, ça fait les cons avant de claquer définitivement la porte. – les visages défilent sans qu’ace n’en connaisse un seul. peu importe, il s’en fout ace, ça ne l’empêchera pas de s’amuser comme il se doit. l’ambiance en serait presque oppressante au vue de la quantité de personnes présente au mètre carré. la baraque est grande. un peu trop pour un mec seul, cependant. ace et ses potes évoluent à travers la foule, avant de se servir un verre. il discute un moment avec ses colocs lorsqu’il sent qu’on l’épie, qu’on l’observe. il tourne la tête ace, fronce les sourcils. une blonde le fixe à quelques mètres de là. leurs regards se croisent un instant, ace pense avoir rêvé, reporte son attention sur la conversation. sauf que cette étrange impression ne disparait pas, hante son esprit alors qu’il tente de la chasser. tu d’viens parano ace. néanmoins, il ne peut s’empêcher de lui accorder un second regard. elle, elle ne l'a pas quitté des yeux semble-t-il. ace porte son verre à ses lèvres, elle en fait de même, au même instant. étrange coïncidence. il passe ses doigts dans ses mèches et les ébouriffe. elle en fait de même, une nouvelle fois. surpris, il commence à s’poser des questions. à quoi joue-t-elle. il essaye de ne plus lui accorder d’attention. mais il n’y arrive pas. tous les mouvements qu’il fait, elle les reproduit. alors ace, ça commence à l’agacer un peu, bien qu’au fond, elle l’intrigue bien plus qu’autre chose. elle est seule. n’a pas l’air d’attendre quelqu’un. j’reviens. lâche-t-il à ses potes. il se dirige vers elle, verre entre les doigts. il s’poste devant elle. à quoi est-ce que tu joues ? y a un soucis ? haussement de sourcil. sa voix est posé, il n’est pas énervé, seulement légèrement agacé.

parfois,
tu n'es qu'une gamine,
t'as pas avoir dix neuf ans,
physiquement,
mais dans ta tête,
parfois,
t'en as encore onze.

et tout ça te fait rire d'avance. t'as même pas encore commencé, que tu glousses déjà. de ta connerie. pourquoi pas. si t'as envie que les gens te prennent pour une tarée, bambi, just feel free. tu reprends ton sérieux, portes le verre de ce liquide étranger à tes jolies lèvres et en bois une gorgée. tu grimaces. première expérience. c'pas mauvais, mais c'est pas non plus extra.

et tu t'y mets. tu fixes le beau jeune homme pendant quelques secondes, juste le temps de capter son attention. il tourne les yeux vers toi, vos regards se croisent. il lève son verre à ses lèvres. toi aussi. il s'ébouriffe les cheveux, ah bah toi aussi. it's that easy. tu recopies chacun de ces gestes, te mordant les lèvres pour ne pas exploser de rire devant le ridicule de la situation. tout en continuant de le fixer du regard. tu le lâches pas des yeux.

toujours pas quand tu le vois quitter le groupe d'ami avec lequel il est pour s'avancer vers toi. tu l'observes faire, te mordant deux fois plus fort les joues. ne pas rire. ça va tout faire foirer. il se poste devant toi, il hausse des sourcils. tout en te demandant à quoi tu joues, s'il y a le moindre soucis. tu ne dis rien durant, quelques secondes. tu lui souris juste. avant de... répéter ce qu'il vient de te dire. à quoi est-ce que tu joues ? y a un soucis ? et finalement, tu ris. ouvertement et fort. comme si tu te foutais de lui ou que tu riais pour quelque chose que toi seule sait. c'est bon, tu passes pour la folle de service. mais tu t'en fous, tant que tu t'amuses. et puis t'arrêtes de rire et tu le regardes, une nouvelle fois. avant de finalement parler pour toi même. j'm'appelle bambi, et toi? tu lui laisses pas le temps de répondre, que direct, tu lui poses une autre question. t'as pas envie de t'amuser?

parce que oui, t'es qu'une gamine.

se tenant devant elle, ace il l’observe reproduire chacun de ses mouvements sans réellement comprendre. elle va même jusqu’à répéter sa première phrase, sur le même ton déconcerté qu’il a employé quelques secondes auparavant. elle sourit beaucoup, la blonde. se fout ouvertement de lui. probablement. à vrai dire, ce que les autres pensent de lui, ace y prête que peu d’importance. il se contente seulement d’hausser les épaules nonchalamment. une habitude dont il ne peut se défaire, ace. et puis elle éclate de rire à gorge déployée, la blonde. l’espace d’un instant ace, il s’demande bien qui il a devant lui. qui elle est, était-elle folle, ou se connaissent-il déjà, seulement son cerveau lui ferait défaut. elle retrouve un sérieux inattendu, surprenant, comme si rien de tout ceci ne s’était produit. elle se présente succinctement, et ace peut finalement poser un nom sur ce visage. bambi. ça lui colle à la peau, lui sied à merveille, trouve-t-il. elle a ce quelque chose d’enfantin et de naïf dans ses yeux. oui, elle a les pupilles qui brillent, bambi. et à peine eut-il ouvert la bouche pour répondre à sa question qu’elle lui en pose une autre, achevant d’éveiller sa curiosité. t'as pas envie de t’amuser? qu’elle dit la jolie blonde. enfin il sourit ace. de son éternel sourire en coin, narquois. mais il se demande quoi faire l’espace d’un instant. retourner voir ses colocs en la congédiant doucement ou entrer dans son jeu à elle. mais l’étrangeté de cet instant prend le dessus rapidement. l’envie d’en savoir plus. la promesse incertaine de se divertir, parmi la foule de gens qu’il ne connait ni d’eve ni d’adam. tant pis, il est curieux ace. il acquiesce lentement.  il porte alors son verre à ses lèvres avant d’en avaler son contenu cul sec. s’aventurera-t-elle jusque là dans le mime ? à voir. pourquoi pas bambi. tu penses à quoi? il hausse un sourcil, le sourcil en coin toujours accroché à ses lèvres. au fait, moi c’est ace.