how to get away with a bullshit

Iphone 5S. Dernière robe chic qui lui colle à la peau. Un petit verre de whisky pour commencer la journée. Elle était comme ça, Stella. De son regard italien à son air fatigué. Elle lorgne son bureau avec une motivation égale à zéro. Elle se lasse la poupée de cire. Ça la fatigue de gueuler des objections pour un rien. Depuis l’ouverture de son propre cabinet d’avocat, la gamine se retrouve déjà trop lasser. C’est long, long, le temps qui passe. Ça la lasse vraiment trop. Alcoolique. Violeur. Meurtrier. Voleur. Elle en voit pas des masses, des affaires. Faut dire que la riche commence comme tout le monde, et être commis d’office c’est pas tellement son kiffe. Elle fait des rencontres et faut dire que certaine sont pas si mauvaises. Les gosses qu’elle peut voir sont pas si mauvais. Les alcooliques sont pas tous cons. Alors elle s’amuse des clichés que les gens de son milieu familial prénomment comme classe basse. Elle en rit, mais elle est pas mieux. Elle consomme toujours son cigare mexicain et s’empêche pas de boire un petit verre de whisky. C’est toujours ce qu’elle fait, après tout. Boire, consommer. Elle est née pour ça et pas autre chose. Et ses kilos en trop le lui rappellent toujours. « Madame, votre client est arrivé. » Elle hoche la tête et se lève pour pouvoir accueillir l’homme qui entre dans son bureau d’ébène après quelques minutes dans l’ascenseur. Faut dire qu’avoir son bureau au vingt-cinquième étage, c’est pas très pratique. Remercions papa et maman pour la superbe vue. La porte s’ouvre et un gamin entre. Un gamin qui est en réalité, un adulte, elle a pas vraiment le temps d’observer son visage qu’elle veut déjà voir son comportement, ce qu’il a fait, et ce qui peut la sauver. Attrapant le dossier entre ses mains, elle ouvre la première page pour lire le titre de son client. « Bonjour Monsieur Hayden, je suis Stella Hopkins, votre avocate durant ce procès. » Elle fait pas gaffe la môme, quand elle crapote un peu la fumée dans sa bouche de riche. Elle fait toujours pas gaffe la môme, quand elle avale le nectar aphrodisiaque pour se donner du courage de continuer à vivre cette vie si monotone. « Alors dîtes moi Monsieur Hayden, qu’est-ce que je peux faire pour vous. » Elle scrute le dossier avec rapidité avant de le fermer et de voir son regard. Ce regard. Elle claque soudainement le dossier, le referme aussitôt. Non, ce n’est pas lui. Pas ce petit … Non. Elle refuse. Stella, elle veut pas affronter la réalité. Elle dit pas que la vie c’est rose, mais affronter ce gars, c’est comme lui planter un pieu dans la poitrine. Elle culpabilise Stella, de s’être offert un petit fou rire devant son tel, devant ce réseau social. Et elle apprend comment la vie peut devenir un pire cauchemar en un instant.

Procès d'merde. Chester il s'était levé ce matin-là, la tête totalement dans l'cul parce qu'on l'avait appelé pour lui rappeler son rendez-vous avec son avocat commis d'office. Eh merde, ouais merde parce qu'il avait raccroché son portable grave brutalement et il s'était rendormi. Au final il était dix heures et la demie passée quand il s'était réveillé et il était en retard, mais il s'était pas bougé parce qu'il s'en foutait complètement de ce procès. Il avait frappé un flic, ouais et donc ? Le flic fameux qui avait voulu l'arrêter parce qu'il avait juste l'air complètement défoncé dans la rue, il lui avait retourné la patate qu'il méritait et deux, trois... Sept, huit poings de plus pour être sûr qu'il ai bien comprit et il s'était prit ce putain de procès dans la gueule, ça lui faisait mal au cul. Alors en gros il s'était pointé au bureau de son avocat en disant qu'il venait voir l'lawyer Hopkins, parce que ça sonnait plus classe, avec une demi-heure de retard, habillé avec un jean, un haut avec écrit "fuck your mother, suck your father" et une veste de jogging. Totalement décalé, il pouvait pas aller voir un avocat avec une tenue plus potable non ? Et puis il avait encore c'te tête de cadavre déterré, il était blanc comme un fantôme et les dessous de ses yeux étaient rouges à cause de la drogue qu'il avait consommé, il venait au bureau d'son avocat et il planait le petit gars, mais tout était putain d'normal. Alors bon il était monté en ascenseur, vous savez cet ascenseur d'riche qui joue sa petite musique et qui te dit tout les étages avec sa voix grave, suave et sensuelle, et bien sûr ces adjectifs n'avaient rien d'réel sur le coup. Et puis l'type dans l'ascenseur à côté d'lui qui s'amusait à appuyer sur tout les boutons il était tellement plié en deux qu'on aurait cru voir un australopithèque. Il respirait comme un asthmatique qui essayait de chuchoter et à la limite il aurait même pu dire "Luke, je suis ton père" qu'au fond Ches il était sûr qu'il aurait eu le même air que Dark Vador, enfin tout était relatif. Un mélange entre le bossu de notre dame et Dark Vador, ça donnait quoi ? On aurait pu lui dire que ça donnait un ornithorynque ça l'aurait pas étonné le petit. En même temps y fallait pas dire, le cerveau de Ches était lent comme une tortue, le jour où arriverait à prétendre savoir ce que c'était qu'un ornithorynque il fallait sans ironiser lui offrir une pizza. Parce que c'est bon les pizza. Il avait quand même fini par entrer gauchement dans le bureau de l'avocate et vu la grandeur de l'endroit il eu presque directement l'impression d'être un cloporte sous le crépuscule d'une nuit stellaire. Ou alors un micro bout d'pastèque dans une casserole, mais là c'était une autre échelle. Quand il a vu l'avocate, il a eu directement envie de rire. Ouais parce qu'il la connaissait avec son visage félin, son allure douceâtre. Et quand elle l'a reconnu il a pas pu s'empêcher de rire, elle avait tiré une tête telle qu'il l'aurait immédiatement comparé à un putain d'lémurien, il fallait le faire à ce niveau là pour n'pas avoir de chance. Moment de solitude. Ils auraient du prédire que ce réseau social de merde aurait une influence sur leur vie. « Tu déconnes, c'est pas vrai. » Il avait regardé autour de lui d'une façon de se dire que c'était pas possible qu'il s'fasse autant ensevelir de malchance, mais pourtant si ça l'était et ça le faisait rire tellement il était nerveux, pourquoi il fallait que ça lui arrive à lui ? « J'crois qu'on m'a dit que t'étais mon avocate pour mon procès, donc que tu m'défendes ça serait pas mal déjà. »