so let's dance in slow motion

stella, c'est le rayon de soleil, c'est la perfection d'un matin d'été. c'est le sourire sur les lèvres des gens malheureux, c'est maman qui vous serre dans les bras quand vous êtes môme, frigorifié et terrifié. stella c'est tout un univers, toute une nouveauté. c'est une facette puis une autre, chaque jour, chaque fois. elles se mentent un peu, toutes les deux. stella dit pas tout, méabh ment trop. mais y'a l'espoir de battre la réalité, de la jouer, d'inventer. y'a l'espoir d'exister sous tout ça, de voir ce connard de mensonge se casser, ou se transformer. y'a l'espoir, espoir, espoir. elle a revu emma, méabh. un instant, une seconde, une heure peut-être. elle est venue avec son sac chanel de la collection dernière, ses yeux brillants, son mascara coulant. elle a dit, j'ai besoin de toi, j'ai besoin de toi. et méabh s'est retrouvée à l'héberger, le coeur au bord des lèvres et la mort à l'âme. le passé est tellement amer quand il est si fragile, si transparent. le passé qui brise et qui dévore. espoir, espoir, espoir. mais elle a le coeur vide et le coeur sec. elle n'aime plus. coeur morceaux qui s'avance dans l'allée de stella. elle tremble un peu - sort un cachet de sa poche. s'amser, s'amuser, elle est fébrile la gosse mais elle sent que ça va être marrant. bonheur sur la langue, elle attend. on s'amuse jamais vraiment sans calmant. on remercie son abruti de dealer, sa pute de luxe en chef. elle attend encore. que ça fasse effet, que ça l'embarque, que ça la fasse vibrer. secondes, minutes, toutes dansent en choeur alors que le temps s'écoule. le temps se casse. elle perd la tête. tourne la tête. 'stella... oh stella... Y'A UNE BOMBE. Y'A. UNE. PUTAIN. DE. BOMBE DANS TON ALLEE.' elle crie, les mains devant la bouche. elle s'est juste tournée, la môme, quand elle l'a vu. petit carré noir qui clignote de rouge. tic, tac, tic, tac, t'es morte. elle rit. parce qu'une bombe au milieu d'une allée, c'est bête quand même. elle s'avance, rit encore plus. méabh, elle entend la porte s'ouvrir et elle a des crampes à l'estomac tellement c'est idiot. 'oups, c'était mon téléphone.' qu'est-ce qu'elle est conne cette gosse.

so let's dance in slow motion

Ce qu’elle aime chez Méabh, Stella, c’est cette folie. Ce regard un peu déliré, des yeux exorbités. Une chevelure rousse si bien dressée, que ça devient rapidement un champ de bataille. Et ce genre de lèvres colorées d’un rouge parfait. Une gamine trop parfaite, trop bonne, trop conne. Trop salope pour avoir enfilé un cœur en mécanique. Méabh elle s’est fermée les portes du paradis. Elle a damnée son âme à l’enfer. Et pourtant, la petite étoile elle l’aime sa Méabh. Parce qu’elle lui rappelle qu’elle est pas si grosse. Que les kilos, ça part et ça revient. Que sa voix elle est belle, même quand elle chante en russe après du champagne. Méabh, elle peut l’embrasser, y a pas de gêne. Méabh elle peut la haïr, ça la fera rire. Dans un sens, cette conasse sans cœur a toujours le sourire aux lèvres, parce que la succube a trop pris son aise avec elle. Et depuis, ça la rendu plus tarée. Plus déglinguée. Comme une poupée sur laquelle on a jeté les milles couteaux. Une poupée trop imparfaite, une poupée aussi tarée qui lui ressemble. Stella, elle est devant sa glace. Un maillot de bain, prête à se jeter dans sa piscine. Et elle touche ce ventre. Elle saute, et ça rebondit. Sa poitrine bien trop grande. Ce ventre trop gras. Ses hanches trop marqués. Ses cuisses trop façonnés. Elle se hait. Elle et son corps. Elle et sa colère. Et puis elle l’entend, dans son jardin. « stella... oh stella... Y'A UNE BOMBE. Y'A. UNE. PUTAIN. DE. BOMBE DANS TON ALLEE. » Elle oublie soudain cette putain de vie imparfaite pour rejoindre le côté de la folie. Elle pousse les rideaux de soie contre sa fenêtre et observe l’héritière qui titube. Y a pas de bombe Stella, à part ton cœur. T’es une bombe à retardement, arrête de fixer ce miroir, tu vas exploser sinon. Elle enfile son peignoir taupe et descend immédiatement les escaliers, parce que la pile de Stella est incapable de se poser. Et elle ouvre la porte d’une vitesse impressionnante. « oups, c'était mon téléphone. » Son regard se pose sur cette silhouette rousse déjà pétée, et ça la fait bien rire. Elle la prend aussitôt dans ses bras, essayant de ne pas trop l’écraser comme à son habitude. « Méabh, je pensais que t’allais m’attendre pour consommer ta poudre de fée. » Petite référence à Tinkerbell, faut dire que si Stella pouvait ouvrir un studio en hommage à Walt Disney, elle le ferait. Surtout pour Peter Pan et La Reine des Neiges – d’ailleurs le petit bonhomme de neige cousu sur son peignoir nous rappelle son amour inconditionnel pour les câlins et Olaf -. « Viens, le procès de cette aprem a été annulée, du coup j’ai eu le temps de consacrer plus de temps à la piscine. » Un petit rire avant qu’elle n’attrape sa boite de cigare mexicain, comme à son habitude pour se diriger dans une pièce à la gauche. Une petite porte et vous voilà au paradis. Parce qu’elle aime le luxe, Stella, faut le dire. Elle aime nager dans une eau chaude et chauffée, dans sa piscine couverte. Idéal pour organiser des fêtes. Faut dire qu’être fille Hopkins, ça a ses avantages. Maman remarquait pas que Stella piquait quelques centaines de dollars pour économiser pour sa future maison. Parce que Stella fait toujours mieux que maman, il le faut. « Alors, ça te plaît princesse ? » Elle a toujours eu l’habitude d’appeler Méabh ainsi, peut-être parce qu’elle a toujours eu besoin de mettre la rousse sur un piédestal. Alors elle sourit, attrapant le champagne qu’elle débouche sous un Pow magistral. Elle se presse de verser la liqueur dans les coupes, laissant la mousse affluer sur ses mains, alors qu’elle tend le verre à son ami, proposant les chaises pour s’assoir. « Alors Méabh, qu’as-tu de beau à me dire sur ta vie de princesse ? » Elle ouvre sa boite de cigare avant de tendre celle-ci à Méabh. Elle a l’habitude de ses humeurs différentes, de ses refus ou de ses envies. Alors elle attend de savoir, pour juger l’humeur de sa princesse, et surtout l’état dans lequel elles se retrouveront demain matin. Une petite fête à deux personnes qu’elle aime créer. Un espace chauffée, un jardin d’Eden pour les deux Lucifer qu’elles sont.