- c'était qui lui?
non c'est pas une crise de jalousie, un copain qu'à peur, un mari énervé. c'est juste solal. et teshi. parti acheter des chips dans la petite épicerie, il l'a trouvé là. avec un garçon. il aime jamais les garçons qui lui parlent, à sa petite soeur. c'est jamais les bons, de toute façon.
pas biens. pas assez.
protecteur? trop.
il est chiant solal, il le sait. dès qu'il s'agit de teshi.
en grand frère, parfois il est bien, parfois moins.
phase moins, apparemment. il regarde le garçon partir. il le connaît pas. rare. solal il connaît tout le monde, ici. c'était peut-être qu'un passant à qui elle à tapé la discute. pourtant rien que ça, ça l'énerve. il imagine les pensées des garçons. il connaît sa sœur. rien que ça.
elle est trop jolie, teshi. ça le saoule ça. il aimerait qu'elle le soit moins parfois. comme ça il aurait pas peur. enfin moins. peut-être. qui sait, en fait.
il sent le poids des reproches. parce que clairement, il l'a fait s'enfuir, le garçon. quand il est arrivé en trombe, les chips à la main et le regard qui dit "casse toi".
- oh ça va, t'façon il était tout maigrichon ton mec là.
il fait les réponses avant les questions. comme ça il évite les mauvaises. technique discutable. pis c'est vrai, qu'il était frêle. et pas assez beau pour elle.
- tu veux des chips?
il lève le paquet, juste devant son nez. il prend un risque là, solal. celui de le retrouver dans sa gueule dans à peine quelques secondes.
- tiens il devrait en manger plus souvent des chips, ton copain.
il peut pas s'arrêter. c'est trop fort pour lui, cette envie qu'il a de le tacler. c'est pas comme s'il faisait l'effort de la combattre, cela dit.

j'étais venue pour passer du bon temps. c'était le début de ma belle journée.
on devait passer un petit netflix and chill au calme.
prendre à manger et à boire, des protections pour être sûre de pouvoir continuer cette histoire jusqu'à la fin des temps.
c'était prévu comme ça, les conditions de rencontre n'offraient pas plus de choix pour notre relation. et ça me convenait. tout m'allait.
tout se passait pour le mieux. jusqu'à c'que les cheveux en pétard de mon frère viennent me brouiller la vie.
putain, on peut plus passer cinq minutes tranquille dans ce monde ?
ton grand père, putain.
j'crache parce que j'ai la haine, il s'est enfui, et ma belle journée avec.
ce frère est l'orage dans l'ciel bleu.
la pluie à la mer.
l'ouragan qui vient tout arracher.
j'exagère, j'connaissais même pas sa vie en détail. juste son pseudo.
et j'lance, à mon frère, un regard de la mort. pour qu'il comprenne qu'il me les brise sévèrement.
mais à un niveau international.
j'ai pas envie de le tuer, mais j'lui fais croire.
parce que j'm'en branle, dans l'fond c'est que partie remise. le plan a échoué.
c'toi l'maigrichon, t'as qu'à bouffer avant de voir la grain d'sable dans l'slip des autres.
j'croise les bras, j'aime pas qu'on dénigre mes conquêtes.
franchement t'as vu comme t'es fagoté, merde.
...
et tes chips t'as qu'à les bouffer pour grossir un peu.
c'est pas vrai, solal il est beau. avec son air de fatigue et ses airs de j'm'en fous du monde.
il s'en fout pas de moi, alors forcément ça m'touche toujours, un peu, pas beaucoup, j'le dis pas. secret.
jamais tu t'tais et tu m'laisses tranquille ??
mon regard ne s'éclaircit pas, la nuit m'habite.
t'as rien d'autre à faire ? pas d'meuf à faire crier ?

le lourd.
vraiment.
il le sait solal. mais c'est plus fort. faut pas toucher sa soeur. jamais. règle d'or. règle que l'autre là bas connait pas. qu'elle devant non plus, apparemment.
la principale concernée.
"j'vais t'envoyer au couvent."
oui parce que marre qu'ils la baisent tous, ces idiots.
il rit quand elle lui renvoie l'ascenseur. mérité, peut-être.
"t'as de la merde dans les yeux j'crois."
parce que solal, il se trouve plutôt l'inverse de maigrichon. très inversé, même.
"jamais j'me tais, jamais j'te laisse tranquille, non.
il ouvre le paquet de chips. manger. parce qu'il a faim, maintenant que son devoir est achevé. gâcher la vie de sa sœur, non. la protéger, surtout.
"tu veux dire comme tu t'apprêtais à crier avec lui? non. j'ai déjà défoncé le cul de la sienne de sœur, petite pause chips, tu vois.
coup d'oeil à la conquête maigrichonne.
il les imagine, les deux. le petit môme pour qui elle comptait écarter là, qui s'est arrêté non loin. pour observer. casse toi connard, sinon j'te les fait bouffer, tes couilles, qu'il voudrait gueuler. mais c'est plus drôle de salir la sienne, de soeur. avec les mots. parce que ça touche tous les frères, les sœurs. il connaît.
pis même s'il en a pas, le gamin, ça le fait toujours sourire, solal.
"t'inquiète, j'reste avec toi maintenant. t'es heureuse, j'espère."
il va pas la laisser. la bonne blague. tout la nuit, qu'il la fera chier, s'il faut. avec son rire de gosse trop protecteur. faut bien que quelqu'un le fasse. que quelqu'un l'empêche de les faire, les belles conneries. petite princesse.
"t'es sûr que tu veux pas de chips?"
elle lui a dit de grossir un peu, lui. mais elle aussi, faudrait. enfin. elle est belle comme ça. belle tout le temps.
"on fait quoi maintenant?"
la bouche pleine, le regard malin. il est décidé solal. plus rien le fera dévier. grand frère trop présent. qui rigole parce qu'il sait, qu'il fait chier.