La nuit était tombée, les derniers clients venaient de franchir le pas de la porte pour s'engouffrer dans le froid extérieur, cafés brûlants entre leurs mains. Mona s'approcha de la porte pour retourner l'écriteau qui était accroché dessus. CLOSED. Enfin, la journée se terminait et elle avait hâte de rentrer chez elle où un nouveau livre l'attendait patiemment sur sa table basse, prêt à être commencé. Dévoré. Ils n'étaient plus que deux dans le café, elle et Bentley, un collègue à l'attitude légèrement déconcertante, tantôt sympathique, tantôt plutôt froid. Elle ignorait s'il était d'une nature plutôt lunatique ou si c'était elle qui l'agaçait et le rendait ainsi, mais elle n'était pas sûre d'avoir envie de connaître la réponse.
Elle jeta un regard à l'extérieur avant de se retourner et de poser les yeux sur Bentley encore derrière le comptoir, elle lui adressa un sourire encourageant, comme pour lui faire part de son impatience de terminer le travail, lui donner un peu d'enthousiasme pour tenir la petite heure qu'il leur restait à s'occuper de nettoyer le café. Tranquillement, elle s'approcha du comptoir pour récupérer un chiffon et s'atteler à faire briller les tables. Enfin, briller, c'était un grand mot. Suffisait de faire disparaître les tâches de café. Mona se pencha au-dessus d'une table pour y frotter son chiffon, ses cheveux relevés en un chignon brouillon retombaient sous le mouvement agité de ses épaules. Quand elle se redressa un peu, elle souffla en l'air pour éloigner les mèches retombant sur ses yeux et passa le dos de sa main sur son front. " Alors, c'est quoi ton programme pour ce soir ? " demanda-t-elle pour faire la conversation. Elle se disait qu'une question neutre réussirait à rendre l'atmosphère plus chaleureux et peut-être commencer une discussion qui allégerait cette dernière heure de travail. Elle jeta un coup d'oeil vers Bentley avant d'aller s'occuper des tables suivantes.

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son petit sourire qui te ferait sortir de tes gond, tu y prêtes à peine attention. un regard, furtif vers la demoiselle toujours heureuse, trop heureuse. a croire qu’elle vit dans un monde bisounours parfait, peut être que t’abuses de penser ça. finalement tu ne l’as connais pas vraiment, à peine. peut être que tu veux juste pas plus la connaître que ça, ou même simplement l’admettre. après tout, c’est ton genre. nier les faits, éviter la vérité, douloureuse et inutile selon toi. nier, simplement, c’est facile. la facilité est à portée de main de tout le monde. un bouffon, t’es qu’un pauvre bouffon. ne pas avouer qu’elle te plait ne serait-ce que physiquement, c’est pathétique. tu jettes un coup d’œil au dessus du comptoir, ses fesses, devant toi, penchée en avant sur sa table. tu vas rougir, une vraie tomate, ca craint putain. tu crains. baisses tes yeux vite, avant d’exploser comme un con. trop canon pour toi, c’est ça ? alors, c'est quoi ton programme pour ce soir ? elle te sort de tes pensées, revenir dans la réalité, loin de son p’tit cul taillé dans son pantalon au couleur du café. le bras énergique pour nettoyer les présentoirs. si tu m’étais autant d’enthousiasme dans la vie, tout le temps, t’irais loin, hein. rien,. comme tous les soirs. je vais faire un tour au macdo, me prendre trois maxi best of pour caler mon bide et faire la loque toute la soirée. t’es intéressant comme mec. tu ne luis retournes même pas la question, tu t’en fou, enfaîte. tu veux pas savoir. on sait jamais si elle doit te demander de venir, ou pas.

Bentley l'antipathique, ce brun ténébreux au regard froid et sombre. Elle ignore pourquoi il est comme ça, si c'est simplement avec elle ou si il est d'un naturel plutôt... comme ça. Enfin, avec les clients elle le trouve plutôt correct, parfois souriant, voire même carrément sympathique alors pourquoi est-ce que c'est différent avec elle ? ça, elle sait pas trop Mona. elle a pas envie de se dire que c'est peut-être parce qu'il l'aime pas trop, tout simplement, parce que ça la blesserait un peu. quand même. il lui répond brièvement, lui dit qu'il va aller au mcdo s'empiffrer de hamburgers. Mona le regarde, un peu étonnée, déconcertée. Elle a du mal à croire qu'un type comme lui, plutôt mignon en soi, ait pas de plans pour la soirée; un rencard, un verre, une soirée avec des potes... une copine à rejoindre, enfin quoi que ce soit... Mona le jauge du regard, elle se demande s'il va lui retourner la question, mais non, il n'en fait rien. Loin d'en conclure qu'il n'en a probablement rien à faire, Mona ravale sa déception pour laisser exalter son enthousiasme naturel et elle quitte la table qu'elle nettoyait pour sautiller jusqu'au comptoir derrière lequel se tient son collègue. " On pourrait se poser dans l'aire de jeu qui est pas très loin... on embarque les bagels et les muffins invendus, et puis on fume un peu. T'en dis quoi ? " elle sourit, hausse les sourcils deux fois dans un regard sous-entendant que c'est une proposition qu'il ne doit pas refuser. " C'est mieux que de passer ta soirée tout seul à te goinfrer, " ajoute-t-elle avant de battre des sourcils avec une moue. l'air de chien battu, un incontournable. " Diiiiit ouiiii. "