Vancouver, vingt heures cinquante quatre.
Le pays est loin de s'en douter, mais une guerre est sur le point d'éclater.
Là, au coin de la rue, cachée par les arbres que l'automne a déshabillés, Léo Wilbo maudit la race humaine et tout ce qui s'y rapproche. Avec des mots qui vous briseraient les tympans et des soupirs dépassant les 95 décibels, la jeune fille s'acharne sur de pauvres écouteurs qui avaient choisi ce soir pour s'emmêler. Les mères du monde entier y passent, ainsi que leurs sœurs et leurs cousines. Des passants indignés la fixent avec de grands yeux ronds et des mamans écrasent leurs mains sur les oreilles de leurs enfants.
Après un quart d'heure d'acharnement, la bataille semble s'achever et personne n'en sortit blessé.
-Et bah enfin ta mère la pute !
La vie peut enfin reprendre son cours. Pour Léo, la journée ne fait que commencer. Elle aurait pu démarrer plus tôt ce matin, aux environs de six heures, lorsque son père lui hurlait de se lever pour aller travailler. Mais Wilbo ne veut pas, Wilbo a la flemme, Wilbo s'excusera auprès de la patronne.
Mais pour l'instant elle ne s'excuse auprès de personne, parce qu'elle n'a plus de clopes, plus de shampooing (allô), et par-dessus tout plus d'énergie. Alors ses pieds la mènent au foodfare, pour qu'elle y achète un autre paquet de nouilles instantanées qu'elle aime tant. Et elle a tellement faim, elle n'en peut tellement plus, elle est tellement concentrée sur cet objectif d'atteindre l'épicerie, qu'elle ne remarque pas la masse qui lui fonce aussitôt dessus. Elle s'écarte rapidement, jette un coup d’œil au cadavre qui lui sert de téléphone désormais avachi sur le goudron. Elle lève les yeux au ciel, priant pour que des martiens se chargent du sort de la personne qui l'a bousculée. Son regard se tourne alors aussitôt sur la chose qui lui a foncé dessus.
-Hé putain Solal, regarde où tu vas la prochaine fois.
Elle le fusille du regard, mais elle sait bien qu'il ne prendra rien de tout ça au sérieux. Elle recule un peu pour voir l'enseigne du magasin d'où il sortait : Sex Shop.
-Merde alors qu'est-ce qui te prend toi, qu'est-ce que tu foutais là-dedans ?
Elle montre d'un hochement de tête la vitrine, le sourire au lèvres. Elle n'avait pas vu Solal depuis un bon petit bout de temps maintenant, et il lui avait manqué. Mais l'incident de la dernière fois semble lui revenir aussitôt en mémoire, lui retirant aussitôt le sourire amusé qui traînait quelques secondes avant sur son visage. Elle ramasse rapidement son téléphone et le fourre dans sa poche, et ne cherche plus à croiser le regard de Solal, faisant mine d'être occupée à compter le nombre de chewing gums collés sur le trottoir.

il est là depuis toujours, solal. dans ce trou, là. vancouver, dowtown eastside. comme sa poche qu'il les connaît, ces rues. ces bâtiments aux murs salis. ces magasins pas trop nombreux, ni trop légaux, ni trop utiles, ni trop quoique ce soit, d'ailleurs.
mais un qu'il a jamais ouvert solal, une porte pas passée. qu'il connaît pas solal, qui l'intrigue, il est juste devant, solal., là maintenant.
à la vitrine excessivement rose. l'intérieur excessivement tout qui contraste avec le trop banal du dehors. ça le gênerait presque, ce trop de tout.
pourtant il passe la porte. ça fait dinding. il lève la tête, machinalement. comme s'il s'attendait à voir des petites bites argentés se cogner entre elles, dans un sexshop. mais non. dommage. presque déçu.
raclement de gorge. nouvelle surprise, c'est pas une follasse qu'il voit à l'accueil.
trop de préjugés, à croire.
il a même la barbe, le type. et des gros doigts. c'est les doigts qui frappent solal. le genre de détail sur lequel il pourrait resté bloqué pendant des heures. surement aussi pour pas voir l'étalage de fesses, de bites et autres nibards devant lui. solal il a jamais rien utilisé de tout ça. solal il en est aux bases, le bon vieux porno vidéo qu'tout le monde à regardé à la maison, les magazines usés remplies de nanas à oilpé. il a pas vraiment l'temps de s'intéresser à autre chose. puis il baise déjà sans ça.
alors pourquoi. pourquoi t'es là solal, sérieux.
pis ça lui plaît pas trop que le vendeur aux gros doigts le mate comme ça, pendant qu'il est à côté d'une bite de la taille de son bras. franchement, ça rentre ou. il se pose la question de l'orifice. même le vagin de la pute d'en face pourrait pas le recevoir.
du coup, solal il prend le pénis d'éléphant et il se barre en courant.
et il se prend quelqu'un. il sait pas s'il a assez couru, il tourne la tête. pas de gros doigts. ouf. machinalement il cache son délit derrière son dos. mignon solal. solal qui sait pas pourquoi il a fait ça. mais ça le fait rire. et il rit toujours, quand il tourne la tête. vers elle. c'est pas n'importe qui qu'il a percuté. léo. jolie léo.
- pardon. léo.
il se mord la lèvre. parce que c'est drôle, le regard qu'elle lui lance. si elle savait. elle lui pose la question. merde. elle l'a vu débouler de là comme un taré. la bite à la main? peut-être. apparemment non, sinon elle lui aurait déjà signalé de bien des manières.
c'est plutôt gênant, quand on y pense. après ce qui s'est passé. encore du sexe. rappelle du sexe. faut pas, entre eux. y'en a déjà trop eu. même si elle est sexy, léo. même si elle est vraiment attirante, la wilbo. tout le monde le sait. même solal. surtout solal.
malaise revenu. il l'a bien vu, qu'elle a arrêté de sourire. il veut qu'elle continue, pourtant. parce qu'elle est beaucoup plus belle les lèvres étirées. alors il sort sa trouvaille et il rigole. encore.
- drôle d'histoire.
vraiment drôle solal. t'es un gamin, parfois, solal.

Une vilaine voix à peine audible emplit l’atmosphère. C'est du rap, du rap français qui sort des écouteurs, avec des mots vilains, comme Léo les aiment. Et à travers cette mélodie trop peu délicate, Léo se perd un peu dans les yeux bleus de Solal. Un océan dont on aimerait découvrir les abysses, dont la tempête impressionnerait, dont l'ouragan vous transporterait.
Il s'excuse, et se mord la lèvre. Léo bloque une micro-seconde avant de se ressaisir et de ramasser son téléphone. Wilbo n'aime pas cette ambiance qui plane autour d'eux. Elle préférait quand ils étaient gamins, qu'ils apprenaient des gros mots ensemble. Et quand Solal sort ce truc de nul part, le visage de Léo s'illumine, rayonnant, le sourire plus éclatant que jamais. Son rire résonne dans toute la rue, fait briller un peu plus les lampadaires, transperce l'obscurité de la nuit, rajoute du rose à ses joues.
-Juuuure. Putain j'suis morte, Solal t'es sérieux ?
Elle est pratiquement essoufflée, quand elle voit un bonhomme s'agiter derrière la vitrine toute rose. Amusée, d'abord, elle réalise rapidement l'erreur de Solal. « Hé ! Vous ! » Ni une ni deux, elle saisit le bras de Solal et détale aussi vite qu'elle peut. Elle repense aussitôt à tous ces cours de sport qu'elle aurait dû suivre avec assiduité et finit par s'arrêter dans une impasse riquiqui.
Essoufflée entre deux poubelles, les mains sur les jambes, soufflant comme un bœuf, elle ne peut s'empêcher de rire, parce que ça lui fait du bien de revoir Solal, parce que Solal est adorable, parce que Solal est marrant, parce que Solal c'est son Solal.
-T'es tout de même un sacré con, qu'est ce qui te prend de voler ça, tu satisfais pas ta copine ou quoi ? Merde t'as vu la taille de ce truc ?
Elle finit par s'asseoir par terre, en tailleur, comme lorsqu'on raconte une histoire à une enfant qui croit encore au prince charmant. Puis elle s'écrase au sol, les mains sur le front, toujours aussi hilare.
-Refais plus jamais ça. Tu sais bien que courir c'est pas mon truc. Putain regarde-moi ça, j'ai le coeur qui bat à cent à l'heure là.

fallait s'y attendre. il est un peu idiot, parfois, solal. un peu dans la lune, surtout. il retrouve léo, il s'occupe de son sourire. c'est drôle. c'est bien, ce rire innocent. comme quand ils étaient enfant. innocent, si on zappe le zizi d'éléphant qu'il secoue sous leurs nez, évidemment.
et il oublie le type aux gros doigts.
qui arrive droit sur eux. il charge. solal il peut entendre son souffle de gros boeuf d'où il se tient. parce que oui chez le gars qui tient le sexshop apparemment, les doigts vont bien avec le reste. proportionnel, bon point.
ils courent. comme avant, les mômes, quand ils piquaient des trucs ici et là et qu'ils détalaient comme des fous en riant. et c'est exactement c'qu'il fait, le gamin qu'à pourtant bien grandit. au nez du gros, au nez du monde. il court avec son duo, il rit avec léo.
léo qui s'arrête. qui crache ses poumons, qui continue de rire quand même. solal il s'écroule à côté d'elle, il repart dans un fou rire. parce qu'il rit quand il aime, il aime quand elle rit, la jolie.
il regarde la bite.
la belle connerie.
sourire jusqu'aux oreilles, pourtant. faut croire que c'est grâce à elle qu'il a retrouvé la fille qu'il aime tant. la vraie. la pas gênée de ce qu'ils ont fait. la wilbo qu'il aime, trop. avec son regard d'enfant.
elle lui demande pourquoi il a fait ça. elle le pique au passage. c'est ça qu'il aime, chez elle. comme un tas d'autres choses.
- je sais pas.
il préfère éviter le sujet du satisfaire qui que ce soit.
faudrait pas qu'il commence à se poser la question du si il l'a satisfaite, elle.
il se la pose, maintenant. bravo.
il penche la tête. son regard croise le sien. il se rappelle. il devrait pas. pas maintenant. pas pour tout gâcher. pas cette fois.
et puis c'est vrai, il sait vraiment pas pourquoi il a fait ça. il se tourne pour lui faire face. en tailleur, comme elle. il fait dandiner le zizi d'éléphant. il le suit des yeux, doucement.
- j'me demande si ça rentrerait dans le cul de jackie, ce truc.
il imagine jackie, au bar, le cul à l'air et ça, dedans.
il rit. de cette image, de la voir complètement morte à cause de lui.
- pardon? encore?
deuxième fois en à peine une heure qu'il doit s'excuser. elle le regarde pas. plus. il aime pas. alors avec son éléphant il vient la titiller. jouer avec ses cheveux soyeux.
- maintenant que je t'ai expliqué, à toi de me dire. qu'est ce que tu foutais là toute seule?
c'est peut-être pas intéressant. pour quelqu'un d'extérieur. un autre que solal. un qui la voit pas comme il la voit. parce que lui ça lui fait tellement plaisir, ces trucs anodins. ces questions bêtes aux réponses qu'intéressent pas les autres. elle. jolie léo.

Sur Terre, la vie humaine est blindée de sentiments.
C'est vrai que Léo elle est blindée de sentiments, blindée de vie. Elle a connu la tristesse, la peur, la joie. Elle a connu les pleurs des jumeaux, les quatorze appels manqués de maman, et surtout, surtout, elle a connu Solal. Solal qui rit, Solal joli. Et quand il se penche, pour croiser son regard, Léo sent un feu allumer ses joues, un feu qui l'anime, un feu qui réchauffe mais qui ne brûle pas (ça jamais).
Il vanne sur Jackie. Une vision affreuse s'impose dans l'esprit de Wilbo, c'est hilarant et dégoûtant à la fois. Elle rit le cœur ouvert, en ramenant ses genoux contre son ventre. Voilà bien longtemps que la Bouclette n'avait pas autant rigolé. Elle est presque sûre d'avoir mal aux joues à force de rigoler.
-Surtout change pas Solal, reste comme t'es. N'empêche t'es vraiment dégueu.
Il agite ce truc devant ses yeux, Léo grimace.
-Je sais pas vraiment, j'avais la dalle. J'avais rien à graille chez moi. En tout cas ce qui est sûr c'est que je comptais pas tomber sur un pauvre taré avec une bite à la main, tu vois ?
Et puis elle réfléchit, pense. Un peu trop. Elle pense à certains soirs où elle sentait seule à mourir, où elle allait l'appeler avant de verrouiller son téléphone. Léo arrête de réfléchir.
-Pourquoi ça fait autant de temps qu'on s'est pas vus ? Tu me manques des fois.
Elle ne le regarde plus. La sincérité oui, mais pas dans les yeux. De quoi t'as peur Léo? Elle sait pas. Elle a pas envie de savoir, et elle a pas envie d'avoir peur de Solal non plus.

il rigole. c'est pas dégueu, il trouve. ça ressemble à pas grand chose, surtout.
pis il a pas l'intention de changer.
même s'il vole des bites. aïe. mauvaise partie de lui.
- j'ai la dalle moi aussi, du coup.
fallait pas qu'il pose la question, aussi. mais il aime bien savoir les trucs minimes de sa vie. ça évite de poser les questions qui fâchent. pas qu'il en ai peur, lui. mais il veut pas l'effaroucher, elle. pas maintenant. pas encore.
- moi non plus, j'comptais pas tomber sur toi.
un sourire. et j'suis content putain, j'suis content qu'ce soit l'cas.
trop posés. ça permet de penser. quand ils couraient pour échapper aux types aux gros doigts, ils pensaient pas. mais pause, maintenant.
face à face.
malaise, reviens pas, s'te plaît.
faut pas prier solal, ça sert pas. ça sert jamais.
la preuve. encore une question. solal il aime pas quand c'est pas lui qui les pose. c'est jamais la tournure qu'il aime.
- tu sais bien, pourquoi. drôle d'histoire en fait.
c'est pas drôle, solal. apparemment pas pour elle.
voilà, il disparaît encore, son regard. le malicieux. il a de la chance le sol, de les voir, ses yeux.
solal sourit. peut-être que ça va repartir comme avant. faudrait qu'ils recourent, peut-être. qu'il appelle le type aux gros doigts, qu'il vole encore une bite, qu'il fonce encore dedans.
- tu me manques souvent à moi.
il est chiant, le gamin. avec sa bouche sans filtre.
c'est trop honnête, ça se dit pas comme ça. ça fait affamé de souvenir, là. affamé de léo. super. nul. vraiment.
- enfin un peu quoi.
il rigole. peut-être qu'elle va en rire, elle aussi. parce  qu'au final tout ça c'est très con. ils ont baisés oui, et alors. c'était bien. enfin il pense. il l'aime toujours. comme avant.
- marre que ça ait changé entre nous.
c'est vrai. marre à la fin. chiant quand elle est pas là avec lui. chiant quand elle passe devant avec son regard offert au sol. ça l'énerve. ça l'exaspère, solal. il a besoin de le dire. besoin, vraiment.

Drôle d'histoire.
L'histoire est la suivante : on raconte que, dans un monde où tous les hommes sont cruels et avides de pouvoir, régnait un roi très riche qui ne se souciait que de ses habits et de sa fortune. Son château était immense, et très beau, et le roi y était si occupé qu'il ne prêtait pas attention aux pauvres paysans qui lui réclamaient un peu de pain. L'un deux portait le nom de Edward Wilbo. Il avait pris l'une des plus belles femmes du village pour épouse. Mais il était très triste car la jeune femme voulait la même vie que celle du roi, et il le fut encore plus lorsqu'elle partit un soir d'hiver, emportant toute la nourriture qu'il avait durement obtenue. Il était désormais seul avec ses trois enfants. L'un deux, la fille aînée, ressemblait beaucoup à sa mère. Les gens ne l'aimaient pas beaucoup, parce qu'elle ne souriait pas beaucoup. C'était une rose pleine de piquant.
Elle avait un seul ami, le seul qui puisse cueillir la rose sans se blesser.
Et un soir, alors qu'ils avaient tous les deux un peu trop bu, ils ont niqué (pardon pour la délicatesse).
Drôle d'histoire? ça n'amusait pas (ou plus) Léo. Pas du tout. Elle oublie aussitôt le sourire qu'elle aimait tant arborer, le regard noirci se battant avec le sol. Ca n'était pas une « drôle » d'histoire. Mais elle ne dira rien, parce qu'il ne faudrait pas qu'elle s'énerve. Léo c'est un train à destination de l'enfer, mais c'est pas un direct. Léo s'arrête à l'arrêt Solal, à l'arrêt bonheur, mais peut-être qu'elle est prête à repartir, maintenant.
-Tu me manques souvent à moi, qu'il lance.
Oui mais ça n'est pas normal. Solal et Léo c'est pas ça. Solal et Léo ils se disent pas ça. Ils se vannent, ils se moquent, ils rient, ils se battent, mais ils ne se manquent pas, jamais.
-Enfin un peu quoi.
Rattrape-toi, rattrape-moi, rattrape-nous. Elle sait plus quoi dire Léo, elle est gênée. Là-haut la case « sentiments » est toute gribouillée, elle panique, elle sait plus ce qu'il faut faire, ce qu'il faut dire, qu'est-ce que tu peux être chiant Solal.
-Ca ne m'amuse pas non plus. J'sais pas pourquoi on a fait ça.
Elle est pas sûre de savoir.
-Quand on était petits c'était beaucoup plus marrant.
Elle fait un tas d'efforts pour croiser les yeux de Solal. Elle sourit pas, elle sourit plus. Elle est persuadée d'avoir le regard noir (encore), mais c'est pas de sa faute. Elle veut son Solal d'avant.
-Putain plus gênant tu meurs.
Elle aurait voulu dire « viens on va au grec p'têtre y a moyen Cal il nous offre » mais rien n'est sorti. Elle aurait voulu dire « c'est bon on va pas en faire toute une histoire » mais rien n'est sorti. Elle aurait voulu dire « ça nous engage à rien, on reste potes, on a déconné mais c'est tout » mais sa langue a pas suivi.

c'est pas drôle. vraiment pas.
d'ailleurs disparu, le beau sourire. l'idéal cherché. c'est la façade qui tombe, le regard noir qui transperce. et rien. que dalle. une léo bousillé par des sentiments trop dit. fallait la fermer ta gueule, solal. vraiment. fallait pas sortir ta bite aussi, ce jour là.
- on meurt là ouais.
comment ils ont pu en arriver là. il sait solal. au fond il devine, quand il la voit comme ça. les cheveux ébouriffés par le sextoy géant qui a tout emmêlé et son regard figé. jolie léo. trop jolie. plus que ça. ils sont plus petits. plus inconscients. insouciants et innocents.  
alors ils sont quoi, maintenant.
solal il veut être un gamin. il veut être le môme qu'elle aimait bien, celui d'avant.
petite bifle avec le sexe d'éléphant et le voilà repartit dans ses conneries. on s'rattrape comme on peut.
quand est-ce qu'on parlera des choses importantes?
jamais, faut espérer.
il a essayé, en lui disant qu'elle lui a manqué. c'est pas eux qui parlent de ça. c'est pas eux qui s'avouent, pas eux qui s'lancent des je t'aime on des tu m'as manqué. même pas des on a merdé, on oublie, on s'en fou.
c'est trop dur putain.
vaut mieux éviter.
solal il se met à rire. dans le malaise ambiant. dans les questions qui fâchent et les mauvais moment, il croit vraiment qu'il suffit qu'il touche la peau de léo avec le faux gland pour repartir.
- t'es toujours gênée là?
ça gênerai n'importe qui, surement. sauf des enfants. qui comprennent pas. qui s'amusent. qui vivent.
sourit s'il te plaît léo. rit aussi. soit plus malaise.
elle a ce regard qui le fait paniquer.
pourquoi elle fait ça. et lui alors.pourquoi ils font ça.
solution, il se dit qu'il faut prendre le fond du problème. qu'il faut juste rire de tout comme on rit de rien. s'moquer du gêne. tchao gêne.
- j'étais bon, quand on a baisé?
réflexion à la con.
il veut qu'elle dise non, qu'elle se foute de sa gueule, qu'elle lui dise qu'il a une petite bite ou n'importe quoi qui rende tout ça ridicule. idée nulle. idée solal.
la drôle d'histoire qui va finir mal. qu'il aurait surement mieux fallut esquiver, comme d'habitude.