Il était assit sur le bord de la route, ou sur le bord du trottoir mais à ce niveau-là on ne pouvait pas dire laquelle des deux expressions était fausse. Qu'on lui roule sur les pieds, il en avait rien à foutre. Après tout c'était bien le fils de son père. Mais c'était qui son réel père ? Un ange, croyant chrétien qui passait son temps à l'église le dimanche, qui priait chaque soir pour remettre son fils en place et qui s'était marié "parce que Dieu le voulait" à une pétasse protestante blonde, ça ne pouvait pas être son père. Un si gentil garçon, fils à sa maman et toujours caché derrière son père, même après quarante ans, même en étant mort, ça ne pouvait pas être le père de Chester. Les chats ne donnaient pas des chiens, comment il aurait pu donner ça ? Un connard invétéré, n'ayant aucune croyance que ce soit en Dieu ou en l'amour, en les sentiments, en la population, un pauvre abruti qui passait son temps à enchaîner des jobs illégaux que seul les purs imbéciles prenaient. Pourtant c'était pas un imbécile, c'était pas un imbécile Chester, au contraire il était même plutôt intelligent. Il savait qu'il avait de quoi gagner du fric, avec sa gueule d'ange et ses jolis sourires, pourquoi il s'en serait privé ? C'était le diable en personne, même son frère osait le dire. Le diable ou un démon, peu importait, il restait démoniaque et c'était la principale cause de sa haine. Mais peu importait, parce qu'il était là, assit, alors que la nuit tombait à attendre des passants. Pourquoi il voulait des passants ? Pour vendre, simplement. Et il l'avait vu, elle, il l'avait vu là. Petite blonde aux yeux clairs, elle avait pas l'air d'être le genre de fille à vivre dans ces endroits, la gueule d'une pure gosse de riche et c'était le genre de fille qui donnaient à Ches l'envie de vomir. Ou du moins habituellement. Mais pas elle, non. Non, elle lui donnait envie de l'approcher, et il comptait bien aller lui proposer de ses services. Qui savait si elle accepterait ou non. Alors il s'était levé, Hayden, il avait enlevé la poussière inexistante de son jean et il avait attrapé son sac. Dieu seul savait ce qu'il y avait dans ce sac, ce qu'il vendait et ce qu'il fumait actuellement, en soit. Replaçant sa cigarette qui en soit n'en était pas une au coin de ses lèvres, il s'était approché de la blonde et l'avait arrêtée, assez calmement. « Est-ce que j'me trompe si je pense que t'es pas de c'coin-là ? » Parce que c'était pas un coin à fréquenter quand il commençait à faire nuit. Et pourtant Ches ne comptait pas lui dire. « Bien sûr que j'me trompe pas, sinon tu m'aurais déjà demandé de te vendre ce que j'ai. » Parce qu'il gagnait beaucoup de fric, Chester, avec ses ventes. Ouais, assez pour vivre seul, en nomade, à peine assez pour payer son loyer et pour faire croire qu'il avait un job à son petit frère, ce petit con qui avait encore droit aux études. Assez pour savoir qu'elle ne lui avait jamais rien acheté, il comptait remédier à ça.

Il l'a regardée la blondasse, elle croit qu'elle s'est perdu et ça ça lui plaît. Il pourrait lui dire qu'il la raccompagne chez elle et la droguer aussi facilement mais non, il était pas vraiment comme ça en même temps Ches. C'était peut-être un mauvais garçon mais c'était pas un enfoiré, il se tapait des filles quand elles étaient consentantes parce que c'était mieux, que quand elles étaient défoncées ou même bourrées elles le griffaient et il aimait pas spécialement finir couvert de griffures, alors il préférait qu'elles soient consentantes dès le départ. Quand elle lui avait dit qu'être dealer c'était pas légal, Chester avait pas pu s'empêcher de sourire. Son sourire, il était toujours réel. Il avait beau avoir une vie putain de merde, il souriait toujours réellement pour l'cacher, parce que ça servait à rien de ne pas sourire. Et sa mère, il s'rappelait, elle lui disait quand il était plus jeune qu'il était beau quand il souriait, c'était comme si c'était le seul compliment qu'elle lui avait jamais fait. Alors il s'était approché de la blonde et il avait posé une de ses mains sur la peau de la jeune femme. Elle lui avait l'air tellement inaccessible même alors qu'il la touchait qu'il se mit presque directement en tête de l'avoir. Et quand il s'mettait ce genre de truc en tête, il le faisait. Il l'aurait, il en avait rien à faire, parce qu'il le voulait. « Qui fait encore un métier légal, ici ? » C'était la question à poser. Personne ne faisait de métier légal dans ce coin de Vancouver, c'était triste mais c'était la vérité et Chester ne faisait pas exception à la règle. Il était doublement hors des légalités avec les métiers qu'il exerçait, il pouvait même se blinder de fric en hackant des comptes mais il voulait juste faire peur et pas devenir complètement hors la loi. Alors il le faisait pas, quand même. Mais au fond ça changeait pas que c'était un mauvais garçon, parce que c'était  totalement ça : un méchant garçon et il comptait bien lui faire comprendre à la jolie blonde devant lui. Alors il avait décidé de lui faire plaisir au cas où, à cette blonde, parce qu'il était de bonne humeur. « T'sais quoi blondie, t'es bien belle alors s'tu veux j'peux te donner de quoi te faire plaisir, gratuit  et tout ça, j'suis de bonne humeur donc t'as de la chance de tomber sur moi maintenant. » Il était vraiment d'humeur à ça, mais en réalité il voulait juste paraître sympatoche pour l'avoir plus facilement cette blonde. Pourquoi il la voulait ? Elle était pas du tout son genre de fille, mais ses yeux l'hypnotisaient. C'était dingue à dire déjà, parce que ses yeux étaient normaux mais inconsciemment il les trouvait plus que magnifique, et même s'il était pas dingue des blondes pour le coup là ça lui donnait un charme à elle. Est-ce que c'était vraiment Chester qui pensait ?

Dur. Chester avait jamais aimé ce genre de regard, et il aimait encore moins ça venant d'une inconnue. Mais il avait l'habitude à force, des filles qui essayaient de jouer les mystérieuses pétasses, de celles qui voulaient jouer les inaccessibles pour qu'il reste. Il aimait pas ce qui était inaccessible, encore moins ce qui était mystérieux, c'était ce qui le différenciait de la plupart des autres mecs. Il aimait pas les gens blindés de fric, il était loin d'adorer l'argent et il pensait pas qu'à sauter les femmes en face de lui. Alors p't'être qu'au fond c'était pas un enfoiré, c'était juste un gosse encore. Un gosse trop violent, un gosse trop vulgaire, mais un gosse quand même. « J'ai pas l'habitude de poser des questions. Mais juste parce que tu m'as demandé de pas en poser, j'vais le faire. Est-ce que j'pourrais avoir l'honneur de connaître ton nom ? » Parce qu'au fond, il se foutait du reste. Il voulait juste mettre un nom sur le visage angélique qui paraissait sous ses yeux. Elle était belle, et il avait même pas fait attention au compliment qu'elle lui avait fait. Il avait pas envie de faire attention à quoi que ce soit d'autre. Il avait observé la jeune femme et finalement il l'avait attrapée par le poignet pour l'attirer jusqu'à un banc. Il comptait pas l'emmener plus loin, ça faisait longtemps que plus personne ne faisait attention à ce qu'il se passait dans ces rues-là. Si elle comptait le laisser faire ce qu'il voulait, c'était mieux pour elle. Mais finalement, il avait sortit les pilules de drogue qu'il avait. Il préférait ça, c'était beaucoup plus pratique, et c'était ce qu'il comptait lui donner. Il la regardait avant d'en prendre une lui-même, surtout parce qu'il était habitué à planer, et il préférait être dans cet état, mais aussi pour lui prouver qu'il allait pas l'empoisonner. Il s'était penché vers elle ensuite, il avait appuyé sur ses joues et il lui avait mit dans la bouche. « T'en fais pas, j'vais pas t'empoisonner. Et j'm'appelle Chester. » Sa conscience lui demandait ce qui lui prenait, pourquoi il était gentil avec une personne qu'il ne connaissait pas, et pour une fois. C'était peut-être parce que cette blonde lui paraissait faible, et en réalité comme toutes les femmes. Seulement elle, elle il voulait la protéger, même de lui-même et donc ça lui paraissait logique d'être gentil, même d'être doux. Il était doux à sa façon en fait, mais c'était déjà gros venant de lui.

"j'ai pas l'habitude de poser des questions. mais juste parce que tu m'as demandé de pas en poser, j'vais le faire. est-ce que j'pourrais avoir l'honneur de connaître ton prénom ?" putain, heureusement qu'il est beau, sinon elle serait partie le rire narquois, la blonde. puis il est avenant, mais différent, pas comme tous les autres. il se comporte pas comme un sale con assoiffé de cul, même si ses yeux joueurs peuvent y prêter à confusion. leo, elle hausse un sourcil, et elle sourit. toujours. parce qu'avec ce type, elle se sent bien. pas agressée, pas matée, bien. pas en confiance, ça, jamais. même pas avec sa famille. sa confiance en les autres, elle est morte depuis bien longtemps. et ça changera pas. elle se sent juste à l'aise, comme-ci elle n'était pas obligée de se fixer des limites. et c'est ce qu'elle était en train de faire.
puis il l'emmène. pas trop près, pas trop loin. assez pour s’éclipser un peu. un banc, et c'est suffisant. il l'hypnotise, beau brun. il retient toute son attention, il l'intrigue plus que tout, ce parfait inconnu. leo, elle sait pas où elle est. elle sait pas ce qu'elle fout là. elle sait pas pourquoi elle se retrouve dans cette situation. mais elle est avec lui. et ce lui, elle vit avec. même si elle le connaît pas, qu'elle le connaîtra peut-être jamais. ce moment, c'est la réalité. alors elle allait en profiter. un cacheton. puis, deux, puis trois, puis une infinité. elle ne veut pas qu'il sache que c'est la première fois qu'elle en voyait de si près. alors elle affiche toujours ce sourire, un peu coquin, un peu joueur, et ce léger rire. et il la regarde, avec toujours ces mêmes pupilles pleines de folie. il avale une pilule, l'air habitué, qui sait s'y prendre. leonor, elle commence à vraiment l'apprécier, ce mauvais garçon.
il s'approche tout prêt, pour lui insérer à son tour un cachet magique entre les lèvres. "t'en fais pas, j'vais pas t'empoisonner. et j'm'appelle chester." chester, chester. ça lui va bien. ça rentre dans le crâne, résonne lourdement dans l'esprit de la blonde. ça lui plaît. il lui plaît. elle ferme les yeux un instant, pour laisser passer la pilule. "leo." qu'elle dit en souriant. fallait pas rêver, elle allait pas dire son nom complet non plus. "dis-moi, ches. t'as quoi d'autres ? j'veux que tu me fasses rêver, ce soir." ouais, elle a ce côté toujours maladroit, leo. mais elle est pas habituée, et même si le brun n'a toujours pas percé le fait qu'elle n'a jamais essayé, elle allait continuer comme si de rien était.

Elle voulait qu'il la fasse rêver. Il eut qu'un léger sourire à ses mots. Débutante. Ce fut le premier mot qui lui traversa l'esprit, à Ches. Elle avait jamais prit de drogue avant, juste à ses mots ça s'comprenait. Sinon, elle aurait facilement dit qu'elle avait envie de planer, elle l'aurait dit autrement. Elle voulait rêver, il allait la faire rêver. LSD ou ecstasy, sur le coup il se mit presque directement à hésiter. Mais était donné la consistance liquide qu'il avait du LSD et qu'il ne l'avait pas sous d'autres formes, il se mit à penser que l'autre était peut-être mieux. D'autant plus lorsqu'il songea à ce qu'il pouvait faire pour lui donner. Alors il avait posé ses doigts sur la joue de la blonde, il l'avait regardé dans les yeux et il s'était léché les lèvres. « T'en fais pas ma belle, je vais te faire rêver. » Après ces mots, il avait sourit une nouvelle fois et il avait attrapé les pilules d'ecstasy dans son sac. Il était pas du genre à donner tout ça gratuitement, habituellement. Mais pour là, pour elle, il faisait une exception. Pourquoi ? Il savait lui-même pas. Alors il a prit des pilules dans sa main et il l'a regardé d'un air de lui dire d'se laisser faire. Il comptait lui donner, mais quand même avec quelque chose en échange. Alors il a posé la pilule sur sa propre langue, et il continuait de l'observer. Elle était belle, putain, les blondes c'était pas son truc mais elle si. Et pourquoi dans tout les cas ? Il avait pas ressentit ce genre d'attirance depuis Florrie, et c'est quand il se dit ça que ça commençait à lui faire peur. Florrie, il avait été amoureux d'elle. La seule qu'il avait aimé. Mais il savait que ça ne se reproduirait pas. Il savait, ou plutôt il espérait. Parce que Ches avait jamais aimé l'amour, il aimait les jolies filles, il aimait les baisers, il aimait les baiser aussi. Mais il aimait pas l'amour, il aimait plus l'amour. Plus depuis c'qu'elle lui avait fait, plus depuis ces maux de cœurs beaucoup trop violent. Est-ce que la blonde devant lui y changerait quelque chose ? Peut-être. P't'être qu'il deviendrait accro à ses lèvres comme il avait été accro à celles de son ex-petite amie. P't'être qu'il deviendrait accro à elle, p't'être qu'elle le ferait changer d'avis. P't'être même qu'elle allait être celle qu'il voudrait, elle et personne d'autre. On refait pas un monde avec des si. Alors il arrêtait d'se poser des questions. Et il avait approché son visage du sien. Doucement, il avait posé ses doigts contre la peau de la blonde, la peau de sa joue. Contact électrique. Une sensation qu'il avait pas ressentit depuis un moment. Est-ce que la drogue avait aussi rapidement effet sur lui ? Et il s'était approché d'elle, il avait posé ses propres lèvres aux coins des siennes, et au final il les avait déplacé sur les siennes. C'était pas brutal, c'était doux. Et dieu savait que Chester n'était pas du genre à être doux. C'était la façon qu'il avait voulu utiliser pour lui donner de l'ecstasy, c'est même pour ça qu'il lui avait mordu les lèvres, toujours doucement, pour lui faire ouvrir la bouche. Mais il avait pas été décidé à arrêter le baiser direct après. P't'être même qu'elle allait devoir le repousser. Parce qu'il savait pas pourquoi, mais l'embrasser lui procurait ce sentiment de soulagement, de douceur. Doux, chaud, bon sentiment. Même sensation que le sentiment de l'amour, presque aussi fort que celui de l'attirance, aussi meurtrier que celui de l'obsession. 

toujours tout près, elle sent son souffle chaud sur sa peau humidifiée par l'air frais de la nuit. souffle qui se veut chaleureux, souffle qui rassure un peu. comme son sourire toujours aussi présent. il passe un brin de clarté dans ce coin pommé. il lui permet pendant ce temps d'oublier. oublier tout son passé qui venait de ressurgir à nouveau. iz, qu'elle a pour la première fois réussi à mettre de côté. il n'y a, en cette soirée, que le sourire de ches pour illuminer ses pensées. "t'en fais pas ma belle, je vais te faire rêver." si différent. il n'est pas de ceux qui sont trop arrogants, qui ne sont pas patients. il est comme il le fallait, comme elle aimait. ses yeux sombres qui la fixent, impossible de déconcentrer son regard. leo jette un coup d’œil intéressé vers toutes les pilules colorées qu'il tient dans sa main. découvertes qui l'émoustillent, qui donnent envie. et tout ça, c'est gratuit. leo sait que c'est pas censé l'être. elle sait aussi qu'elle lui plaît, qu'il a pas l'habitude de croiser des p'tites pétasses blondes riches dans ce genre de quartier. c'est une nouveauté pour tous les deux. nouveaux sentiments, nouvelles émotions. l'intensité grimpante de se retrouver pour une nuit entre inconnus.
leo, elle a ce regard légèrement ébahi, celui qui n'arrive toujours pas à y croire. elle, lui. étrangers avec de la drogue à volonté. le cachet d'ecsta qu'il pose délicatement entre ses lèvres, et ses yeux qui se plongent à nouveau dans les siens. une seconde qui s'écoule. puis deux, puis trois. puis un rapprochement plus poussé. il caresse du bout de ses lèvres de coin de la bouche de la blonde, et ses doigts se baladent sur la peau pâle de son visage. leo, elle peut sentir électricité qui se dégage des touchés du dealer. elle le découvre, il la découvre. et ses lèvres qui rencontrent finalement les siennes, une pilule partagée. imprévu, surprenant, mais d'une douceur agréable, qu'elle n'a pas l'habitude de ressentir. elle qui va vers les hommes par pur intérêt, elle qui profite, sans regretter, parce qu'au fond, elle ne l'avait pas vraiment désirer. mais face à ches, elle est intriguée. elle veut parcourir son esprit, son corps aussi. parce que ça fait longtemps qu'on ne lui avait pas fait autant d'effet. leo passe une main derrière la nuque du brun et la serre un peu, pour le sentir encore plus proche d'elle. et ils continuent de s'embrasser un moment, plus qu'il ne faudrait pour une simple pilule, mais ça lui plaît. ça a un goût d'exclusivité, comme si lui-même n'était pas habitué à tant donner en une seule soirée.
elle finit par se détacher lentement de son visage, la main posée sur son épaule. chaleur agréable qui s'installe. "c'était obligé, ça ?" sarcasme dans ses mots, parce qu'il sait bien qu'elle en avait envie aussi. qu'elle ne meure que d'envie, depuis qu'elle est avec lui. leo sort son joli sourire à nouveau, plus timide, contrairement à ses yeux, qui ne font que dévorer son visage trait par trait. la blonde se lève doucement du banc où ils s'étaient assis. elle se tient devant lui, l'air pas trop enjoué, plutôt bien intrigué et intéressé. "tu veux aller ailleurs ? t'échapper un peu ? je connais pas, ici, tu peux me montrer, m'emmener où tu veux." elle veut percer le mystère de ses beaux yeux sans réellement le connaître par cœur. le découvrir petit à petit. et pour elle, se la jouer un peu moins inaccessible, s'ouvrir un peu. parce qu'elle le veut.