Frustration. C’est ce que je ressens quand je vois Leonor. C’est ma sœur, mon sang, ma famille. Je ne peux physiquement pas la détesté, mais oh que je le voudrais. Ça aurait été n’importe qui d’autre, n’importe qui, j’aurais fait de sa vie un enfer. J’aurais enchaîné les humiliations jusqu’à ce qu’elle quitte la ville, qu’elle n’ai plus aucun ami, que sa famille ait honte de l’avoir chez eux, qu’elle n’est plus personne. Mais je ne peux pas, parce que Leonor est une Gallagher. Et que fondamentalement, tout ce qui pouvait entacher sa réputation entachait directement la réputation de ma famille, donc la mienne.  J’étais donc frustré. Ma vengeance ne pouvait pas être assouvi, je n’avais aucun autre moyen de passer à autres choses que dans les bonnes vieilles méthodes : alcool, drogues : une débauche complète. Ce soir ne faisait pas exception, j’étais dowtown et j’allais faire une des choses que je savais le mieux le faire : m’amuser. J’étais loin d’être une débutante dans le domaine, au contraire. Je connaissais tout de Vancouver et de son activité nuit, et jour. Dans l’état où je me trouvais, le meilleur endroit où je pouvais être était le shakers show lounge. C’était un lieu qui ne pourrait pas me faire penser à ma petite sœur, ou mon ex petit-ami. C’est ce que je croyais. La première chose que je voyais en entrant dans ce club était Leonor, et Solal. Ensemble ? Elle était sur lui en tout cas, c’est tout ce que je voyais. C’était une véritable succube. Une putain de sirène. « Pssst, Solal, t’as un peu de merde sur le visage, tu devrais peut-être t’en débarrasser. » dis-je en regardant ma petite sœur dans les yeux.

un jeu. un simple jeu. dont elle s'amuse terriblement, quand l'envie lui prend. mais tout n'est que jeux et fantaisies jusqu'à ce que quelqu'un fasse faux-pas. jusqu'à ce que quelque chose nous tombe dessus. comme un ciel qui s'écroule, comme la disparition des étoiles. c'est à ce moment-là qu'on perd le contrôle. qu'on éparpille les cartes aux quatre coins de la pièce, qu'on en égare certaines. qu'on se noie dans les méandres de la folie, qu'on ne sait plus où aller, où respirer. leo perd les moyens. leo est retournée, chamboulée, abîmée. alors elle enfile une robe digne d'une traînée des bas-quartiers. se maquille peut-être un peu trop, chausse des talons bien hauts. et c'est la nuit qui l'appartient.
solal. une vision soudaine, au détour d'une rue. un halo de fumée de cigarette qui floute ses traits, une démarche négligée. des boucles entremêlées, des pas engagés. qui se dirigent vers le lounge et ses lumières éblouissantes. elle sourit, leo. elle voit l'échappée nocturne jeter lâchement son mégot et entrer dans la bâtisse. leo laisse voler sa cascade blonde et suit ses pas. un par un. jusqu'à faire son entrée à son tour. elle ouvre grand les yeux, laisse briller un instant ses émeraudes qui peinent à s'allumer. puis elle le voit, ce sourire familier déjà tout près. elle avance jusqu'à se rapprocher d'avantage de lui, la sauvage. lui offre la plus belle esquisse de son sourire, attrape une de ses mains rebelles. il a déjà craqué une fois. une nouvelle tentative, la deuxième, devrait s'avérer plus facile. pas besoin de mots, juste des gestes. laisser la musique endiablée faire le reste et guider les mouvements.
la course arrêtée, mise en pause, net. aria qui débarque, le visage couleur surprise, couleur colère. qui crache une remarque les yeux dans les yeux. elle reste la bouche légèrement entrouverte un instant, leo. les paupières s'affaissent sous l'effet des premiers verres ingurgités avant d'arriver. elle s'installe un peu plus sur solal. doucement, le sourire grandissant. "et toi, tu devrais peut-être éviter d'la ramener. pars, maintenant, tu serais mignonne." elle pousse dans la provocation parce qu'elle a rien de mieux à faire. parce qu'elle est carrément pommée, elle qui tente d'avoir l'air assuré. t'es pathétique, leo.