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putain, le père mcfly a invité tous ses bougres d'enfants à partager un solennelle repas de famille. l'idée enchantait azhar. non, non. azhar n'aime pas les mcfly, mais il va pouvoir leur prouver sa supériorité en étalant sa richesse, son savoir et son succès à ses onze milles frères et soeurs. ils sont là, face à lui. l'envie de rire lui prend. c'est comme assister à une remise de cadeau le lendemain de noël pour les enfants pauvres de la ville. une seule question le torture, et c'est : qu'est-ce que je fous là ? ses yeux se posent directement, presque brusquement, sur une sorte de chose à la peau noire (comme celle d'un étron) qui fume une cigarette en jetant des menaces avec ses yeux. pathétisme fulgurant. azhar pleurerait presque de pitié en voyant ce macabre spectacle. pourquoi les blacks se sentent-ils toujours obligés de se faire remarquer par la violence ? ils sortent du ghetto, et en plus d'avoir la même tête, ils ont les mêmes idées. une putain de secte les blacks, voilà ce qu'ils sont. toujours est-il que derrière tous ces monstres de foire, le père mcfly apparaît. azhar sait qu'ils ont tous le même détritus qui occupe le poste du paternel, aucun privilégié, aucun préféré. ils se fichent d'eux. d'ailleurs, pourquoi sont-ils là ? le bridé se fait traverser d'une idée aussi frappante que remarquable. il s'avance vers son papa, qui est assis, et s'assied sur ses genoux avant de clamer d'une élégance les plus formelles ça me fait plaisir de te voir, papa. grand sourire, il embrasse le front du vieil homme, se relève et regarde ses frères et soeurs. jalousie ? c'est ce qu'il espère. azhar mcfly est ce qu'il y a de meilleur dans cette famille, tout ce qu'il y a de bon chez les mcfly en une seule personne.

tu vois la joie qui coule sur le visage de la môme : les étoiles qui s'éteignent, ses lippes qui s'étirent dans le sens inverse, sa bouche qui remue rageusement alors qu'elle mâchouille son abominable chewing-gum rose. et elle les regarde, les cent nains. son père est une putain de blanche-neige des temps modernes, il les aligne ses bébés, fait semblant de les éduquer. oh mais venez manger, pour faire connaissance. tu parles. que des ploucs avec leurs regards désespérés, ils ne sont pas du même monde. et quand bien même blanche-neige ait des idées révolutionnaires sponsorisées par la bière, faut pas croire que ça va les rapprocher.  méabh qui mâche, méabh qui crache, méabh qui insulte. même quand elle dit connard, ça sonne princier. eux, la seule chose qui sort de leur adorable bouche, c'est du fumier. bref, méabh, elle se retient de respirer et elle compte les longues secondes qui la séparent de la liberté. elle a le regard acide, il court sur les visages, glisse sur les voix, traversent les regards. il s'arrête sur cet idiot qu'elle a failli se faire, puis sur le chintok qui s'avance savamment vers leur géniteur. elle le connait. soirée mondaine, coupe de champagne. et merde.

il se pense malin, le bougre, hein. elle est là à se souvenir d'un événement pas si lointain et lui il s'éclate. ''ça me fait plaisir de te voir, papa.' la gamine, elle se retient souvent de rire. pour tout, pour la grosse qui n'arrive pas à poser l’entièreté de son fessier sur une chaise, pour la mère qui doit nettoyer le vomis de sa fille sur la robe d'enterrement de la grande tante sénile. sauf que là y'a pas moyen, elle manque de s'étouffer avec son bonbon. 'oh, mulan, j'aime beaucoup ton petit numéro de charme, mais il est hors de question que je sois venue jusqu'ici pour regarder du porno incestueux de mauvaise qualité. alors va te poser sur une chaise et hoche la tête en souriant. c'est une des choses qu'on vous apprend dans ton pays, non?' elle lui lance d'une voix claire, l'air totalement innocent et désintéressé, simplement désireuse de faire passer le temps plus vite. et sans plus de festivités, elle détourne les yeux vers autre chose.  

azhar plante méabh-rehab de ses yeux tirés. ses dents se serrent, ses poings les suivent. il inspire et n'a guère le temps de répliquer quoi que ce soit qu'une consoeur vient le défendre. c'est qui elle ? pourquoi elle prend la parole ? azhar n'a besoin de personne pour se défendre. dites moi que je rêve, martin matin s'est transformé en femme aujourd'hui. il se traine avec élégance devant sa soeur, et mime le dégoût sur sa figure. il se pince alors le nez. rehab, tu ne devrais pas autant ouvrir ta gueule. ton effluve de rouquine va finir par tous nous éliminer.

elle a les yeux rivés vers cal, méabh. elle l'observe, se demande comment elle a bien pu arriver à vouloir se faire son demi-frère. elle se demande s'il se rappelle ou non. elle en a clairement rien à foutre mais ça l'intéresse un minimum, la gosse. puis elle enchaîne question existentielle sur question existentielle, pourquoi eli saab et pas valentino, pourquoi chanel et pourquoi dior, quand elle se rend compte qu'on lui parle. tout est plus intéressant que grognon qui s'exprime mais un petit sourire en coin candide à souhait apparaît sur ses lippes rosées quand elle entend la fin de la jolie tirade d'arcadie. 'encore un petit effort, et je suis sûre qu'un jour, tu seras capable de dire quelque chose d'assez intéressant pour que je t'écoute.' elle lui dit, le sourire grand comme le monde. difficile de montrer plus fort qu'elle se fout d'elle tout entière, de la tête au pied. mais il faut avouer qu'elle s'amuse la gosse, avec autant d'attardés dans la même pièce, y'a de quoi faire pour quelques décennies. ils sont tous là à tendre le bâton pour se faire battre et leur gentil géniteur ne dit rien pour les arrêter. pauvres gosses qu'on dut grandir avec ce truc comme modèle. finalement, azhar revient à la charge, mais comme grognon, rien de bien intéressant à l'horizon. soupir de trois kilomètres de long, elle attrape son iphone en soufflant 'si seulement c'était aussi simple'. s'ils pouvaient crever tous d'un coup sans effort, nul doute qu'elle s'y serait attelée dès son arrivée.

les bras croisés, au milieu de ces deux tigresses, azhar admire le spectacle. c'est comme être aux premières loges des jeux du cirque pendant l'antiquité. même s'il ne l'a jamais vue, l'asiatique est du côté d'arcadie, quoi que rehab est peut-être plus drôle. peu importe. il rit du nez avant de tourner sur ses talons et de se laisser guider par cette effluve de marijuana qui l'appelle. ruby. pas méchante, pas gentille. il s'en fiches un peu. mais elle a un joint. il la rejoint, avec une innocence des plus remarquables. ça t'amuse pas ? il lui sourit doucement. azhar veut rire. je peux ? poursuit-il en pointant du doigt son pet. il fouille dans sa poche, et en sort une petite boîte métallique. j'ai de quoi nous amuser. il l'ouvre, un sachet de poudre blanche.

'ouch.' petit rire amer, ça l'amuse. elle l'observe se lever. elle l'écoute dire toutes ces choses qui ne l'atteignent pas pour un sous, c'est du blabla, du bruit de fond, comme quand elle laisse la télé tourner pour ne pas entendre le vide. tête penchée, les mains posées sur ses genoux, elle réfléchit un instant à ce qu'elle pourrait répondre à ça. mais à ce stade, même emmerder son monde n'est plus amusant. arcadie marche trop dans la combine, elle part au quart de tour, avale chaque insulte, répond à tout. elle pense vraiment que la princesse va se salir les mains pour elle. sauf que méabh n'est pas énervée, pas même agacée. elle s'amuse. trop susceptible, la petite. 'oh mais tu veux que je te dise un secret?' elle se penche vers elle, comme quand elle était môme et qu'elle voulait dire quelque chose tout bas à ses amies. c'était leur boulot de commère et elles le faisaient bien. 'j'en ai strictement rien à faire. si je suis ici, c'est parce que je suis forcée. certainement pas pour savourer votre compagnie.' puis elle se redresse, tout sourire. 'mais j'vais te dire, chaton, t'es mignonne. continue de t'énerver comme ça et je suis sûre que des griffes vont te pousser au bout des doigts.' petit clin d'oeil. faut toujours qu'elle cherche la merde, celle-là.

azhar lève les yeux vers cal. il le connaît, ils ont déjà parlé. pas des ennemis, pas des potes. ses lèvres s'étendent en un charmant sourire. le doute trotte à l'intérieur de son crâne. se faire un nouvel allié et partager un rail, ou lui faire comprendre qu'il devrait se faire fouetter par un maître à la peau blanche. choix complexe, difficile. tiraillé entre l'hypocrisie et la raison. décision prise. il n'est plus possible de reculer, azhar lève alors sa tête de la foule de mcfly et parle d'une voix forte. il y a un esclave en liberté ! il le regard et pointe son doigt vers la porte d'entrée. ton maître doit te chercher. vas voir au milieu de la route s'il n'y est pas.

'si j'avais su qui t'étais, cal, je t'assure que je m'y serais prise autrement. j'aurais surement fait ça gratuitement pour que t'ais de quoi acheter des vêtements décents à ta soeur.' elle change pas, la môme. elle se vexe pas, attend, répond, renvoie la balle. connasse à l'état pure, vermine qu'il faut exterminer. le même jeu éternel qui n'aura de date d'expiration que quand son géniteur sera six pieds sous terre. elle commence à s'ennuyer, un peu, jusqu'à ce que l'histoire ne change de protagonistes. cal s'avance vers azhar et le garçon... le renvoie balader à la manière des plus grands dramaturges. autant vous dire que méabh est pliée en deux, tentant désespérément de ne pas rire et de se contenter d'un gloussement. comme elle l'a dit plus tôt, azhar, c'est un coriace. si elle n'était pas sûre d'avoir déjà toutes les cartes dans ses poches, elle lui aurait surement fait une place dans sa manche. méabh, elle aime bien avoir tous les as avec elle.