partie libre
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal :
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées!

Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !
Arthur Rimbaud

J’suis qui moi ? J’suis quoi ? Qu’est-ce que ça peut t’foutre ? Qu’est-ce que j’en sais moi ? On est quoi putain ? A ton avis. J’suis qu’une goutte en plus dans un océan de connard. J’suis qu’un grain d’sable sur la plage de la merde humaine, une chiasse en plus enfantée par mère nature la tarée. Elle a pas pigé ou quoi qu’on finirait par la baiser ? Par défoncer notre propre mère parce qu’on est les plus forts t’as vu. J’suis qui moi ? Bwarf, y en a qui t’diront qu’j’suis qu’un arraché, un autre de ces accrochés du caissons qui s’défoncent. On m’appellerais 20kw ou j’sais pas quoi. Kéta, ou c’genre de surnom à la con. Y en a qui t’diront qu’j’suis qu’un gosse paumé qui sait pas trop c’qu’il veut. Mais moi, j’m’en fout de c’que j’suis ou de c’que j’suis pas tu vois ? Moi j’vis. J’assumes, je suis. J’éxiste. J’respire pas du lamentable et du triste et du gris des villes déprimée, je ne respire pas du fade des métros, de la routine, des soupirs lassés des fins de journées, des litre de cafés et autres traces de speeds pour pouvoir tenir le choc. J’ai pas besoin d’un autre, pas besoin de gens. J’ai juste besoin de la route, de laper le bitume comme on mord le ciel, d’exploser les frontière. Yen a qui disent que la terre est bleue comme une orange. Ma terre est noire de bitume et verte de forêt. J’suis qu’un rythme tu vois, un battement, quelque chose de simple, qui s’prends pas la tête. Moi j’veux juste voir, vivre, expérimenter, ressentir, j’veux pouvoir être n’importe qui n’importe comment et n’importe ou. J’veux être sans limite. J’étais déjà comme ça quand j’étais gosse. Quand j’courais dans ce vieux champs a coté d’chez l’daron, et pis qu’il y avait la forêt. J’avais 6 ans et j’allais toujours plus loin dans c’te forêt, après la forêt y avait le lac et pis une autre forêt, un marécage et le sable, et la mer déchainée d’Octobre qui s’éffondre comme une amante sauvage sur la plage. Et moi tout nu, sous la pluie et le vent qui fouette, moi qui me jette dans l’eau. Je nage, je ressens comme la mer elle vibre. Comment elle vit. J’aime compris tôt moi, sans avoir besoin des livres, des reportages que la vie venait de là, de l’océan. L’air qu’on respire, et le sang dans nos veines, c’est l’océan. C’est notre Père à tous. Et puis c’est mon nom. Océan.

Mon père avait une vielle maison au milieu du trou du cul de la Bretagne. Il avait pas d’sous, fallait s’démerder avec mon frère. Il picollait sèvère et il ne faisait rien ni ne demandais rien. Sinon de bons résultat a l’école. Que j’parte vadrouiller à 7 ans je ne sais ou pendant une semaine, il s’en battait les reins, mais si j’avais une mauvaise note à l’école, alors j’me faisait défoncer au nerf de bœuf. La cambrousse quoi. A 12 ans, j’me baladait de champs en champs sous la lune et pis j’ai entendu le boum. J’ai entendu la terre vibrer, comme si la bretagne s’était mise à tousser. Comme si son cœur battait contre la terre. Alors moi j’ai suivis et j’ai vu, masse de gens attroupé, baisser, a embrasser des caissons qui crachaient une vielle tribe du fond des boyaux d’la terre. J’me suis caché et j’ai regarder.
Plus tard j’ai finis par les rejoindre j’avais 14 ans et je les épiais depuis un moment. Curieux chaques week end.
J’ai découvert la drogue, le sexe. Avec des femmes, des hommes, j’ai découvert la liberté. Je m’suis tirés sans prévennir. Juste que j’en avais marre du vieux sac a vin, pis d’mon frère qui f’sait pareil. Alors j’ai dis a mon père qu’c’était qu’une merde, et qu’c’est pour ça que Maman c’est barée, et a mon frére qu’il créve la bouche ouverte parce qu’il était comme lui. Le même sang, la même raclure, la copie véreuse d’une autre de ces chiasse de fond d’cuves qui hantent le monde.  J’suis parti rejoindre des amis dans un squatt en ville. Et j’ai découvert qu’il y avait un monde en dessous de zéro, on fond des mer, au fond d’la terre, un monde sous les villes, un peuple qui rugit, d’la colère, j’ai fait des connerie tu sais. J’suis pas fier mais j’étais mome et j’découvrait la forêt de béton et ses tétons d’acides, les trips au p’tit matin, pour mettre des couleurs sur le gris du monde. D’un autre côté j’étais sérieux, j’m’étais fait assez d’blé pour commencer a m’payer un permis et un passeport. J’voulais bouger maintenant, j’étais toujours le même gosse qui veut aller toujours plus loin. Les années on passé, les choses on jamais été facile, j’aurais pu plier, des fois. Mais j’m’en suis sorti et j’me suis tiré de cette France famélique, de ce monde qui respires plus. Et j’me suis levé en Inde, au pied de l’Himalaya, j’ai baiser sur les plages de Thaïlande, j’ai pris un trip à pompeï, pour dire bonjour aux floyd, pis j’ai nagé dans une crique ou y avait des baleines, j’ai pleurer parcequ’elle était trop belle. J’ai écris des poémes, j’ai vu des paysages s’étalés. Pendant trois ans j’ai tracé ma route comme on trace d’la K. Pis j’ai attéris là, a poil dans mon camion. Amsterdam. On m’l’avais vendue c’te ville, un p’tit paradis, tout ca parce qu’on pouvait fumer d’la beuh et qu’les putes étaient en vitrine. Meme Amsterdam de Brel pue le cul et la drogue. Et j’arrive là, sans trop savoir comment, ni pourquoi. L’inde me manquait déjà mais j’devais m’faire des thunes pour l’Amérique du Sud, et Amsterdam c’est plutôt pas mal il parait. Alors bon.
Voilà t’sais qui j’suis. Une larme de stupre sur une fesse bohèmes.
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