BAD HABITS (SHAWNOR)

parfum d'luxure, parfum d'ivresse dorée,
la rue s'anime sous des néons reflétant les cœurs battant des belles soirées. des rires, des éclats, quelques sourires spontanés. rien n'manque à ces traditionnelles sorties euphoriques des fins d'semaines, là où plus rien n'est limité, là où tout n'est qu'audace, extravagance, où le monde est fugace et libéré.
les cheveux au vent, s'entremêlant à la légère brume fraîche d'un début printanier, dansant au rythme des pas et des battements incessants de chacun de ces corps arborant leur plus propre démarche sur les trottoirs légèrement craquelés, ces battements qui s'unissent à la musique des bars en une mélodie lourde mais belle. mélodie, tourbillon musical des vies.
le monde sort, le monde s'octroie des folies.
mais la folie qui m'habite en cette nuit aux apparences de reine, elle détruit. m'détruit. l'palais urbain abrite une princesse déchue, une princesse déçue, d'elle-même. moi. la princesse sort ses faux airs si faciles à arborer en temps normal, mais qui là, s'avèrent impossibles. pas crédibles. frustration, désillusion. j'ai un creux dans la gorge, un creux si amer, si douloureux. un creux qui m'déchire les cordes vocales, qui m'empêche de produire ne serait-ce qu'un son réellement audible.

shawn.
pardonne-moi, shawn.
j'veux pas être comme ça. j'refuse d'paraître faible ce soir, j'refuse d'te t'faire penser des idées mauvaises et toxiques, et de t'laisser t'poser des questions, parce que c'est sûrement l'cas. parce que tu dois sûrement t'torturer les neurones à trop réfléchir, à t'dire comment, qu'est-ce c'qu'il y a, pourquoi.
mais y'a keith, shawn. keith qu'a volé ma carapace en un regard en une fraction d'seconde à peine, y'a d'ça quelques jours. et depuis, ses prunelles s'ancrent dans ma peau, refusent d'me lâcher, refusent d'me laisser raisonner. c't'impression que jamais plus j'y arriverai.

tu dois t'dire que j'suis pas moi-même, ce soir, shawn.
que c'est une mauvaise passe, qui m'a contrariée, changée.
mais c'est pas l'cas, shawn, j'ai pas changé.
fragilité soudaine, qui relâche un soupçon d'vérité.


c'était une erreur. cette idée de la ramener ici, c'était juste une erreur. qu'est-ce qui lui a pris, de toute manière ? ça l'exaspère. noor, noor, noor. tout ce qui l'attirait chez elle l’insupportait. shawn avait l'impression de se sentir impuissant face à la stupéfiante hétérochromie présente dans le regard de la demoiselle. il ne regrettait pas, il sentait juste que la soirée aurait été plus agréable s'il avait été seul, simplement parce qu'il déteste l'idée de s'attacher à noor. et pourtant, et pourtant. quand il la regarde, il a le sentiment de désirer. shawn redoute. il redoute le moment où il va l’apercevoir sur le palier de sa porte, qu'il va devoir la faire entrer chez lui, et faire comme s'il n'avait pas imaginé dix versions différentes de son arrivée jusqu'ici. mais c'était trop tard, et elle était là plus vite que prévu. il l'accueille avec un sourire gêné, parce celui qu'il avait "préparé à l'avance", autrement dit, celui qu'il fait à tout le monde. il ne pouvait pas, il ne savait pas la regarder. pour éviter que ses yeux se promènent sur la beauté de son corps et la douceur de ses cheveux bruns, shawn se laissait simplement absorber par la splendeur sur regard de noor. l'invitant à rentrer, il lui tourna rapidement le dos pour ne pas se perdre trop rapidement dans ses esprits. ça lui laisse le temps de prendre connaissance des lieux, à elle. depuis combien de temps n'avait-il pas invité quelqu'un dans sa propre maison? cette maison luxueuse, sûrement trop grande pour une seule personne. inspirant longuement mais discrètement, shawn attendit que noor s'avance un peu pour la regarder de nouveau. «tu peux me parler, noor.» lui dit-il sur un ton étonnement doux. il voit. il voit toute la tristesse enfouie dans le bleu de son oeil gauche, et la douleur dans le vert de son oeil droit. il veut qu'elle lui dise plutôt que d'observer silencieusement, plutôt que d'être le spectateur de sa destruction. il a toujours eu l'impression que quelque chose n'allait pas, mais n'a jamais rien dis. s'approchant lentement de son invitée, il gardait cette intonation suave, comme si il avait peur de la faire fuir. «tu n'as pas besoin de me cacher ce qui te fais souffrir. tu peux me dire, tu le sais.» dans sa tête, joue une mélodie. celle qu'on connait un peu trop bien, dont chaque note nous est familière. celle qui est synonyme de tristesse.

non, shawn, j'peux pas t'parler.
j'peux pas parce que ça m'détruirait, et toi aussi. les vérités tuent, shawn, elles déversent un poison instantanément dans nos veines, dans nos neurones, dans notre salive qu'on ravale d'manière ingrate lorsqu'on les entend. elles blessent à vie et à mort, elles partent jamais, s'foutent d'ta gueule, parce que, ouai, tout c'temps, t'y a cru à leurs tromperies. t'y a cru quand les vérités s'déguisaient en conneries adroites, si bien qu't'as même plus su faire la différence entre c'qui était sincère, c'qui l'paraissait et c'qui n'l'était en rien. si bien qu'maintenant l'doute s'mêle à tout c'bordel. l'doute s'ajoute à cette toxine qu'a déjà commencé à t'assassiner, à petits feux.
mais tout ça, tu t'en rends compte bien plus tard,
et c'tard, j'espérais qu'jamais il allait arriver.
mais ma perte inavouable à c'jeu qu'était le mien, à ces règles qu'étaient fermes et invisibles aux regards extérieurs, devient transparente et t'laisse voir flou et incertain entre l'voile autrefois opaque de mes sentiments pour toi.
sentiments qui éclosent contre ma volonté, qui s'développent en même temps du choc des jours qu'ont précédés c't'instant présent.

- j'peux pas.

ou plutôt; j'en suis pas capable.
ou plutôt; la peur et la lâcheté qui m'envahissent surpasse toute cette euphorie interne d'mes émotions qui s'bousculent dans ma tête qui tourne au rythme de tes mots et de tes pas.
j'suis même pas foutue d'voir tout c'que tu fais pour moi.
pas foutue d'constater avec ne serait-ce qu'une esquisse d'un maigre sourire ta gêne et ta précaution à mon égard. tes actions douces et légères, un peu forcées mais voulues, tes attentions qui devraient m'emplir de bonheur, mais qui en réalité m'font peur.
c'est que tu m'fais perdre pied, shawn,
dans l'océan de mes larmes, l'amer des cartes éparpillées.
j'ai c'creux toujours plus profond, qu'refuse d'me laisser t'parler.


ça va pas être simple, et il en a parfaitement conscience. mais c'est trop tard, c'est lancé. shawn a toujours remarqué cette barrière construite autour de noor, un manque d'honnêteté, de sincérité. mais il n'a jamais rien dis, parce que lui aussi, il a une barrière un peu dans ce genre-là. lui non plus, il n'est pas lui-même en face de la demoiselle. jusqu'à maintenant, il a préféré se taire et laisser la superficialité faire tout le travail. elle avait ce faux sourire devant les flashs et les photos, shawn ne s'était pas posé plus de questions. te mêles pas de ma vie, je me mêlerais pas de la tienne. c'est tout. pourtant, ce soir, tout ceci avait changé dans sa tête. à vrai dire, il ne supportait pas vraiment que tout ce faux vienne s'immiscer jusque dans sa propre maison. elle peut pas parler, mais il va bien falloir à un moment ou un autre. «alors, tu comptes continuer à faire semblant d'être heureuse encore longtemps, surtout en ma compagnie?» demanda t-il en haussant les sourcils. shawn trouve noor imprévisible. il n'a jamais essayer d'anticiper ses pensées, tout simplement parce qu'il n'arrive pas à lire en elle, malgré les efforts. c'était terriblement frustrant. d'habitude, il ne prend pas la peine d'aller plus loin, il laisse tomber et s'en va. à croire que noor est une exception pour lui. «je suis pas aveugle noor.» loin de là. au contraire, tu veux tout voir, tu veux tout savoir, secrètement. c'est juste la crainte d'être déçu, de se tromper sur les gens. donner sa confiance, c'est juste impossible pour shawn. il préfère passer du temps à étudier le comportement de la personne avant tout. lui-même n'est pas ce qu'il prétend être, il n'est sûrement pas le seul à posséder différents masques. les yeux de noor sont remplis de sentiments contraires à ce qu'elle fait croire, ils ne mentent pas, eux. ceux de shawn restent toujours à l'affut de la moindre réaction de la jeune femme. il veut savoir et il ne compte pas baisser les bras si facilement.

à défaut d'la peau pâle et douce de mon corps, mon cœur, lui, saigne, est troué d'part en part, à du mal à fonctionner, à aligner deux battements rythmés des bouffées d'air frais qu'j'irais respirer. mais tout m'paraît trop nuisible dans l'atmosphère, tout m'paraît gris et sombre, nocif, l'genre d'ambiance qui vient m'prendre aux tripes intensément, sans que j'puisse rien y faire. rien y changer, ni me changer. ça sert plus à grand chose, une fois qu'le poison te frôle, il s'colle à toi et t'lâche plus jusqu'à la fin, jusqu'à c'que de tes os ne reste que la poussière, que l'vide, complet.
j'ose à peine t'affronter du regard, à peine me déplacer, à peine fixer, à peine trembler, à peine un peu respirer.

- j'fais pas semblant. j'arrive même pas à faire semblant, tu sais.
désolé. j'sais qu't'en as marre, qu't'es à bout. mais y'a des choses, des choses, shawn. des choses que j'peux pas expliquer.

j'aurais sûrement pas du.
mais qu'est-ce que t'veux que j'te dise, sérieusement ?
'oui, shawn, oui. oui, t'as raison, oui t'as l'droit d'douter d'mon honnêteté, d'ma transparence, d'moi tout court. oui, shawn, tout c'temps, j'ai du mal, j'ai d'la haine contre moi-même parce que j'continue c'jeu sans aucun sens, et contre toi parce que tu restes, les pions en main.'
j'peux pas, shawn. j'peux pas t'dire des trucs comme ça et risquer qu'tu quittes la partie sans déclarer forfait, sans rien déclarer même, j'pourrais pas l'supporter.
l'égoïsme maladif qui m'fait trop penser à toi.
comme si qu'on n'faisait qu'un malgré les éclats.


shawn, il ne s'énerve pas. même quand il n'obtient pas ce qu'il désire, même quand il ne peut pas contrôler les choses comme il le désire. même quand noor refuse de parler explicitement et d'être honnête face à lui. ça le déçoit un peu, il a l'impression d'être comme les autres, de n'être rien à ses yeux, si ce n'est un de ces hommes plus riches que la moyenne. certaines femmes voient d'abord la fortune avant la personne. noor est-elle comme ça? il n'en a pas vraiment idée. il n'est plus sûr de quoi que ce soit. elle lui cache quelque chose, et ça ne lui plaît pas. c'est si difficile de tout lui avouer? shawn commençait à se remettre lui même en cause. inhabituel. «alors, explique-moi pourquoi tu es venue. pourquoi as-tu accepté de venir, si tu penses que je suis à bout?» il vient s'approcher d'elle lentement, comme pour l'obliger à lui faire face, à lui et à ses pensées. il la regarde. avec délicatesse, tendresse. il a ce sentiment que c'est la dernière fois que toute cette douceur allait s'emparer de lui. il ne sait pas pourquoi, mais il le sentait au plus profond de son être. sa mâchoire se serrant, il vint, avec incertitude, glisser une mèche des cheveux de noor derrière son oreille. pourquoi ça lui prend, comme ça? c'est ses yeux, c'est obligé. sa beauté, ou celle de sa voix. un tout qui fait que shawn n'est pas indifférent, et ça le fatigue, ça l'étonne, ça l'agaçe. il craint, il craint de ressentir les mêmes choses qu'avec houna, les mêmes dévastations, les mêmes douleurs incessantes. il n'a pas envie de revivre ces atroces sensations une seconde fois. depuis tout ce temps, il y a eu ces efforts pour ne pas s'attacher, cette prétendue solitude voulue, ce détachement extrême. et puis, il y a noor qui est venue fracasser cette équilibre. déstabilisé, shawn ne trouve pas d'appuis. «j'en ai pas marre. regarde, je suis encore là. je te parle, j'accepte de passer du temps avec toi. ce sont ces "choses" que tu ne peux pas dire, qui me donnent l'impression que tu te joues de moi.» ...et ça me tue, sincèrement.

mais t'exploses pas.
t'exploses pas, tu t'défoules pas, tu restes là, presque adoucit.
ça n'fait qu'me torturer davantage, ça n'fait qu'me faire sentir coupable, tellement coupable, d'notre relation basée sur un mensonge, sur un putain d'égo surdimensionné, sur mon putain d'égo à rattraper. j'm'en tirerai une balle, t'sais. non, t'sais pas. t'sais pas parce que j'refuse de t'dire, j'refuse d'te blesser, j'refuse de t'laisser aller. sale égoïsme, j'sais pas c'qui m'tue l'plus. mentir ou avouer, t'tuer ou m'tuer. dans tous les cas j'perdrai, c'est trop tard, trop tard pour gagner. t'gagner.
alors qu'est-ce que j'peux bien foutre, maintenant.
j'reste figée, presque immobile, à éviter ton regard qui m'fait battre c'qui m'sert d'organe de vie, d'organe qu'est supposé être destiné à aimer quelqu'un d'autre que lui-même. sauf que même ça c'est fini, j'ai fini d'me prendre pour la reine de ces amants qu'ont fini par m'voler la couronne au fil du temps.

- j'suis venue parce que j'tiens à toi, shawn. malgré tout.

ça, c'est vrai, t'peux en être sûr.
mais comment t'le faire persuader ?

- j'sais pas quoi t'dire, j'sais pas, j'sais pas quoi, je..

et bam, fraction d'seconde d'envol (ou d'folie) qu'apparaît subitement, et mes lèvres s'retrouvent plaquées contre les tiennes. comme ça. guidées par l'incompréhension mêlée à un désir soudain. désir de t'prouver ou d'me prouver à moi-même, que t'es plus que c'putain d'pari d'départ qu'devait pas durer.
mais ça dure.
ça dure, et j'craque.
j't'embrasse et j'veux qu'ça dure encore et encore, jusqu'à c'que j'm'y perde définitivement.


et puis, comme un ciel de temps pluvieux, tout se couvre. et l'orage se profilant à l'horizon, cette éclair qui pourfend les nuages, c'est noor. elle est cette lumière à la fois inattendue et surprenante. puissante, marquante. shawn restait subjugué devant un éclair comme il l'était devant noor. sa luminosité, aussi fugace soit-elle, l'illuminait. «tu tiens à moi.» plus une constatation qu'autre chose. de la satisfaction. il n'y a pas que du faux, alors. ou alors, peut-être que si, peut-être qu'elle ment, peut-être qu'elle ne le pense pas du tout, peut-être que peu à peu, elle devient elle-même un mensonge. shawn ne sait pas, ne sait plus, et n'éprouve pas spécialement l'envie de savoir. las de vouloir transpercer des images illusoires, sa mâchoire se serrait une nouvelle fois. «..tu ne-» silence. interruption. imprévu. lèvres. un mélange venant faire exploser le cœur de shawn, lentement, subtilement. ses lèvres contre les siennes, une sorte d'union prévue depuis le début, mais simplement ignorée. il peut pas, shawn. il peut pas s'arrêter à ça, il peut pas l'ignorer et lui servir à boire, continuant à jouer cette comédie ridicule. refusant de briser cette harmonie à la fois passionnée et douloureuse, ses mains se dirigèrent presque automatiquement vers noor. d'abord, son visage, la beauté de ses traits, la douceur de sa peau. sa nuque, puis sa taille. une brève prise de souffle, entremêlé au sien, le temps de vérifier si elle était toujours là, si son coeur battait toujours, si il n'était pas encore plongé dans ses rêves les plus intimes. l'hésitation et une envie ardente parcourant son regard, shawn attira noor contre lui pour mieux sentir sa présence. il déposa plusieurs baisers le long de son cou. discrets, tendres. soudainement, ces couches de tissus devenaient bien trop encombrantes pour lui. son regard se releva vers les yeux vairons de la demoiselle, comme pour lui demander son avis, tandis qu'il semblait toujours avoir les mains aimantées à son corps à l'apparence si parfaite. est-ce que tu m'autorises à t'avoir, au moins ce soir, au moins maintenant?

(l'ambiance posée)

t'es mon contraire.
contraire proche, du genre qui attire encore et encore comme un vulgaire aimant, qui m'prend aux tripes et m'fais m'poser des milliers d'questions qu'jamais auront d'réponses, mais au fond j'm'en fous, j'pense plus, j'me laisse approcher et m'emporter avec toi. parce que dans tes bras, j'y suis bien, j'm'y sens chez moi.
mon cœur s'emballe, mon cœur crie, hurle, brûle.
s'enflamme sous tes caresses et tes baisers.
j'ai mal, mal d'un mensonge apprivoisé par ta douceur, s'transformant en une situation improvisée amenant l'bordel dans mes émotions, l'imprévu dans notre passion.

shawn, t'dois être le seul, le seul qu'arrive à m'faire oublier,
à m'rendre vulnérable à tes côtés.
shawn, tu n'fais ce soir qu'hanter mes pensées.

ton regard croise le mien, âme à travers une autre.
en osmose, la douceur et le remord se marie en une intime envolée.
plus besoin de mots, plus besoin de rien.
juste toi et moi et cette électricité.

j'viens enlever ton t-shirt maintenant inutile, j'viens réduire la distance déjà maigre de nos cœur l'un de l'autre. j'veux sentir ton corps contre le mien, ton souffle au creux de mon cou, tes mains sur ma peau. t'embrasser jusqu'à l'infini, jusqu'à l'éternel. aller rejoindre les étoiles dans leur heures de gloire, aller toucher l'univers. une de mes mains passe dans tes cheveux trop stricts, l'autre vient s'aventurer vers ton bas-ventre, doucement et presque encore tremblante, comme si c'était l'une de ces premières fois où on est jamais sûrs de rien. shawn, tu m'fais perdre mes moyens.
j'nous dirige autre part que sur c't'entrée, autre part sans savoir où aller.
du moment que j'reste à tes côtés.


plus beaux qu'une constellation, plus surprenants qu'une aurore boréale. tout ce vocabulaire rattaché à la galaxie, la définition des étoiles et des météorites, c'est elle. elle est inattendue et imprévisible, elle vient surprendre la nuit de sa splendeur et de sa beauté. on ne connaît pratiquement rien d'elle, tant pis, même si ça prend des années, on apprendra à la connaître. noor. elle a l'autorisation la plus totale de le toucher, shawn semble presque s'offrir à elle, il lui donne tout ce qui est en sa possession. son coeur comme son corps. ça lui fait mal, parce que c'est ce qui va contribuer à l'oubli d'houna. ce soir et pour le restant de sa vie, il a envie de rayer ce nom de sa vie, et il a l'impression, pour la première fois depuis quelques mois, d'en être capable. c'est la peau de noor contre la sienne, ses mains sur les recoins les plus intimes de son être, qui le brûle, le secoue, le rend fou. suivant ses intentions, il la guide vers la pièce la plus adaptée, sans pour autant oser mettre une distances entre leurs deux corps. sa chambre, dans laquelle il n'a pas partagé son lit depuis quelques mois. d'habitude, ces nuits à deux sont vides de tout sentiments, de toutes émotions. mais ce soir ça semble tellement différent, tellement incroyable. l'attirant contre le bord de son lit, il commence à la dévêtir à son tour. son souffle s'épuisant en harmonie avec le sien, son coeur résonnait dans la totalité de son être, dans un vacarme incessant. ses mains aux veines saillantes venaient glisser le long des cuisses de noor, venant la soulever pour totalement s'emparer d'elle. installant leurs deux corps sur le matelas, shawn prit un instant pour la contempler encore une fois, tant il ne se lassait pas. de toutes les œuvres du monde, noor était la plus merveilleuses et agréable à contempler. ce genre de tableau devant lequel on reste pendant plusieurs minutes, à étudier chaque détails, chaque coup de pinceau. les cheveux de shawn d'habitudes si bien coiffés étaient à présent à l'image de ses sentiments : désordonnés. encore une fois, il vint goûter à ses lèvres, encore une fois, toujours plus. un sensation exquise. plus somptueuse que la plus belle des chansons d'amour. venant soupirer d'aise entre leurs lèvres, il décida finalement de s'unir à elle, sans cesser de la regarder, tant tout devenait si intense et débordant de de passion. shawn vint poser sa tête contre son cou, presque tendrement. tandis que ces vas-et-viens semblait chasser ce malheur accumulé au fil des jours, au fil des pleurs.

(l'ambiance posée)

deux corps en mouvement, deux corps s'épousant,
deux corps en phase, en face l'un d'l'autre, s'unissant.
carcasses allant revivre, allant s'remplir d'sentiments en réalité inconnus, inédits et vivants.
c'est pas c'qu'on voulait.
c'est pas c'que j'voulais.
j'voulais pas être vulnérable une deuxième fois. j'voulais être celle qui les rend faibles, celle qui jubile et fuit jusqu'à n'plus jamais être retrouvée. celle qui ment, qui rit, qui manipule, qui défie. l'genre princesse intouchable à deux balles qui s'prend en surestime, qui sait plus bien qui elle est vraiment à cause de tous ces putains d'faux-semblants. mais ils s'en seraient même pas rendu compte, trop obsédés, trop accro à ces courbes lisses, trop tout, pour un rien. un rien qui pourtant détruit autant lui-même que les autres, un rien qui n'pardonne jamais, rien qui tue, rien qui trahit. rien qu'commence à s'combler d'trucs qu'les bons amants appellent sentiments.

ta main dans la mienne, contre les draps.
des cris sincères, d'un plaisir partagé à la signification nouvelle et parfaite, c'que j'n'avouerai probablement jamais, parce que ce serait flancher, succomber au bord de tes lèvres, au rythme de ton bassin. ce serait une tentative d'attachement d'avance vouée à l'échec du à une lâcheté bien trop présente au sein d'un esprit maquillé.
toi et moi les yeux dans les yeux,
affront direct et passionné.
ma bouche entrouverte qui de temps à autre vient rejoindre la tienne dans un élan d'audace spontané, mes ongles sur la peau de ton dos, laissant marques et passages divers puis qui remonte jusqu'à ta crinière ébouriffée, mes jambes qui sont tiennes, sous l'emprise d'une pression qui m'file des frissons inexplicables. la témérité de mes mouvements simples et authentiques, à venir posséder les lieux, à réveiller les cieux.
l'temps d'notre instant plus rien n'existe, plus rien n'a d'importance,
c'est juste toi et moi et mon cœur qui balance.


«his face became wet, he thought that he learned how to not get upset from folded notes in envelopes, "meet me beneath the moon"» il y a cette peur. cette peur d'être plongé dans un rêve, le plus exquis, le plus merveilleux qui soit. et si il se réveillait, finalement seul et toujours aussi perdu ? plusieurs fois, il s'est seulement dit qu'elle n'était que le fruit de plusieurs nuits incomplètes, une sorte d'illusion. existe-elle réellement? shawn a toujours confondu les rêves et la réalité, prétendant préférer rester sur la lune que d'être coincé sur terre, constamment confronté à la réalité. il veut l'emmener elle, là-haut, sur cet astre lunaire. c'est ce baiser, si inespéré, qui l'a embrasé, puis consumé. tant pis si ça n'est qu'un rêve. des voix étouffées, des doigts entremêlés. n'ayant pour guide que les murmures et cris de noor, shawn poursuit cette danse entrainante, persuadé de ne plus sentir ces éclats de malheur transpercer son coeur. il y avait son corps à elle, ses mains s'agrippant à lui, et cette harmonie, cette alchimie parfaite. il n'y avait qu'eux, enfermés dans un autre monde, le leur. depuis quand ces battements sont si assourdissant ? une part de lui répond "depuis toujours. continues.", tandis que l'autre ordonne "plus jamais. arrêtes ça.". indécis, mais parfaitement conscient de ses actions. mais est-ce que ça a vraiment un sens, est-ce vraiment nécessaire? peut-être pas. mais il y a toujours cette envie qui est à deux doigts de le réduire en cendres. mais cette nuit, même si shawn aurait voulu qu'elle soit vécue éternellement, arriva à sa fin. dans un dernier coup de hanches, mêlé à la peur, la passion et le désir, vint conclure de ce qu'il avait redouté jusqu'à maintenant. il s'échoua aux côtés de noor. il refusait de la quitter des yeux. un poids vint s'écraser sur son coeur, quelque chose d'impossible à identifier. la peur? il attira noor contre lui, lui offrant refuge dans ses bras. et à ce moment précis, il en avait la certitude : quelque chose se brisa.

(l'ambiance posée)

les yeux aux plafond, fixant un vide beige et sale, lisse.
les yeux qui s'perdent et sombrent un peu trop, humides et brillants.
les yeux qui reflètent l'âme en souffrance, l'âme qui jamais ne devait sortir.
aussi et surtout l'âme qu't'as fait éclore, shawn. vulnérable, fragile, transparente. une impression interdite d'un 'je suis tienne' qui n'tient pas la route. qu'ni toi, ni moi aurait pensé possible. qu'ni toi ni moi irait assumer mais toi et moi qui pourtant continuons, encore et sans relâche, d'repousser les limites, nos limites, les frontières d'nos deux corps distincts qu'on vient à peine de rompre lors d'cet instant proche d'un réel amour, d'une envie spontanée et irrésistible, d'un 'toujours' éphémère.
on s'en rend même plus compte, du contrôle ou d'la passion. du rejet ou des pulsions. on confond, on s'arrache, on arrête puis on reprend. on sait pas, on sait plus, on dit qu'on a arrêté d'savoir mais on cherche constamment plus.
on s'contredit nous-même et l'un à l'autre.
et ce souvenir proche de ton corps en sueur contre le mien ne fait qu'me semer plus de doute.
plus d'appréhension, plus d'interrogations.
plus de tout, pour un rien ?

tes paumes brûlantes contre ma peau, contact enflammé qui n'fait qu'm'attirer au lieu d'me faire fuir, suivant mes pensées.
j'viens pauser ma tête dans le creux d'ton cou, mes lèvres l'embrassant dans un élan étonnant d'tendresse. mes mains t'enlacent et tentent d'évacuer une certaine pression, une certaine retenue, une incertitude qui grandit progressivement.
"sois à moi, shawn, sois à moi", que j'me répète sans cesse.

- j'ai envie d'rester ici.

quand de l'esprit s'évaporent des mots.
quand de mon cœur sortent des maux.
quand la douleur suit l'attirance, rendant accro.

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