partie libre

Partir loin.
Très loin.

Y a l’argent qui brule. Y a l’argent qui tombe du ciel. Tu te poses pas de questions. Il est là. Si facile. Il est là. C’est ta vie.
Y a l’argent qui brule. Y a l’argent qui tombe du ciel.
Et jamais. Tu t’es demandé.
Et jamais. Tu t’es demandé ce qu’était la vie. La vraie.

Clope au bec.
Verre à la main.
Il te reste là, dans le creux de ton nez, un trop plein de poudre. Trop blanche sur ta peau chocolat.
Mais, tu t’en fou.
Mais, tu vis. Ris.

Oué, c’est ça ta vie.
Trop plein d’argent.
Trop plein de drogue.

Et puis, la fac.
Et puis, les maths.
Pour faire plaisirs à papa et maman.
Jamais là.

Prise de tête tu hurles.
Tu bois.

Oué, c’est ça ta vie.
Trop plein d’argent.
Trop plein de drogue.

Au point d’oublier les rêves.
Au point d’oublier ce que t’aimes vraiment.

VRAIMENT.

« Tout va bien se passer. »
« Tout va bien se passer. »
« Tout va bien se passer. »

Mantra. Tu le répètes encore et encore. Alors que tu te fixes là. Dans ce miroir trop grand. Visage émacié tu frisonne. Mantra. Tu continues encore et encore de le dire, si bas qu’on t’entend à peine. Mais, t’es obligé. Pour ne pas trembler. T’es obligé pour ne pas pleurer. Tu comprends pas. Comment la vie. La pute. A pris une telle tournure. Tu comprends pas. Comment t’en es arrivé là. Pourquoi toi ? Qu’as-tu fait ?

FAIT.

Tu le sais bien. C’que t’as fait. Le con. Au point d’oublier l’essentiel. Au point d’oublier la tête. Perdre la tête. Tu fermes les yeux. Pour ne plus te voir. Pour cesser de te haïr. Encore et encore. Parce que t’as plus le choix maintenant. C’est trop tard. Oué, trop tard. Gus. T’as fait le con. Gus. On t’a pris pour un con. A vouloir aimer. A croire aimer. Avec un trop d’alcool dans le sang. Avec un trop de drogue dans le nez. Comment t’as pu être aussi con. Comment. Au point d’oublier ta vie.

Mantra. Tu le répètes encore et encore en te rappelant de ce putain de rendez-vous. Le visage blanc. Les mains tremblantes. Tu sais plus. Quand t’as remarqué les premiers signes. Tu sais plus. Quand t’as compris qu’un truc clochait avec toi. Mais, tu sais que tu l’as repoussé, encore et encore. Ce putain de rendez-vous. Pour ne pas savoir. Pour faire semblant. Semblant que tout va bien. Semblant de ne pas voir les formules de maths trop floues. Semblant. Semblant.

« Tout va bien se passer, ne vous inquiétez pas. »
Comment, cela pouvait bien se passer ? Comment alors que tu savais que… Comment alors que t’avais appris que…

Mantra. Tu continues de te fixer. Pour finir par te reculer. Ne plus regarder. Ne plus voir. Le con que t’es. Ne plus voir. La mort en face ? Parce que tu sais, que rien ne pourra bien se passer. Que peu à peu, tu t’affaibliras. Que peu à peu, tu perdras du poids. Jusqu’à ne plus pouvoir. Vivre.

La porte claque.
Pas un mot.
Pas un signe.
La porte claque.

Pour laisser les souvenirs derrière toi. Pour te regarder en face. A nouveau. Ne pas continuer à faire semblant de vivre. Aller là où bon te sembles et tout recommencer à zéro. Oublier les maths. Lointains souvenirs des dessins. Les reprendre. Les aimer encore. A nouveau. Trop. Vraiment. Pour sourire encore. Pour vivre jusqu’à ne plus pouvoir. Laisser l’argent derrière. Laisser les maths loin. Oué. Recommencer. Oué, juste être toi et pas un semblant d’une chose.

Porte qui claque le passé derrière toi. T’as décidé d’avancer. Encore un peu. Pour rêver à nouveau. Encore un peu. Pour sourire à nouveau, vraiment. Plus de drogue. Plus d’alcool. Juste toi, les musées et le dessin.

Juste ça.
Et le cancer.

Juste toi.
Et la mort.