il a fait le con ace. il le sait, ne peut cependant sans empêcher. c’est bien plus fort que lui, et c’est presque devenu un talent, de tout gâcher. d’habitude, il n’en a que faire. que faire de blesser dans leur ego les jolies filles, de les voir partir furieuses. oui, il n’en a que faire. et c’est ainsi dès lors qu’il n’y est pas attachées. et dieu sait que c’est difficile pour lui, d’éprouver de l’attachement ça arrive peu. mais ça arrive, oui. parfois. le soleil a disparu, laisse place à la pénombre recouvrant les rues de vancouver. inhalant, exhalant la fumée grisâtre de la clope entre ses doigts, ace avance sur les trottoirs, sans son fidèle skate. instant d’une rareté surprenante, lui qui n’a l’habitude que de rouler parmi la foule. il rentre. rentre chez lui, après avoir passé un moment avec ses potes. il a l’esprit ailleurs, le garçon. l’esprit qui dérive sur mona, sans trop savoir pourquoi. il se souvient de ce toit. l’instant qu’ils ont partagé. avant qu’ils s’embrassent. subitement. sans réellement le prévoir. avant qu’il fasse le con. avant qu’elle le plante. comme un goût amer de déjà vu au bout de la langue. il sait pas vraiment pourquoi il pense à elle, ici et maintenant. ça fait plus d’une semaine. il aurait du passer à autre chose. car c’est comme ça qu’il fonctionne. pourtant ça l’fait chier. il dévie. prend pas le même chemin que d’habitude. il veut s’assurer qu’elle ne l’oublie pas. c’est con. c’est égoïste et d’habitude oui, il s’en foutrait. mais là non. il sait où elle travaille, mona. ses pieds le mènent jusqu’à son café. 9:05. les baies vitrées lui permettent d’observer l’intérieur de loin. elle est dedans. elle est seule. elle semble fermer boutique. il sait pas trop pourquoi il fait ça, pourquoi il est là à vouloir l’attendre. il sait même pas ce qu’il pourrait lui dire. mais il est là. il est là, appuyé contre un lampadaire à quelques mètres de l’entrée, à l’attendre. il pourrait partir, reprendre le chemin de chez lui. il n’en fait rien. non il attend. elle sort, ne l’a pas vu. tant pis. ce serait presque devenu une habitude chez toi maintenant d’me planter. trop tard.

La journée a été longue, les clients se sont enchaînés les uns après les autres, mais elle, elle adorait ça... Elle aimait voir le sourire sur le visage des jeunes dans le café, les entendre rire, discuter, flirter. Beaucoup des clients étaient des habitués, des étudiants qui venaient régulièrement faire le plein de caféine ou simplement passer un moment entre amis. Quand les derniers passent la porte du café et qu'elle verrouille la porte, elle peut enfin souffler un peu, se centrer sur elle même, se demander comment elle va passer sa soirée. Elle passe un coup de chiffon sur les tables, nettoie le comptoir et les machines à café. Tout est propre. Silencieux.
Mona souffle un coup et dénoue son tablier pour aller le ranger dans la petite pièce réservée au staff. Là, elle enfile son manteau, enroule son écharpe autour de son cou et attrape son sac. Ce soir, elle va appeler Noah et lui proposer d'aller boire un verre, mais d'abord elle va rentrer chez elle grignoter un bout. Elle déverrouille la porte du café pour pouvoir sortir et refermer une fois dehors. Elle glisse la clé dans son sac et alors qu'elle a seulement fait quelques pas, la voix d'Ace Cobb l'interpelle. Elle se retourne, le trouve entrain de fumer une clope appuyé contre un lampadaire. C'est devenu une habitude chez elle, de le planter, qu'il dit. Elle est un peu surprise de le voir là et elle sait pas trop quoi en penser. La dernière fois qu'elle l'a vu, ça aurait pu bien se passer même si ça avait plutôt mal commencé... Et puis finalement ils s'étaient embrassés. Un baiser qui lui avait fait tout drôle, mais elle était redescendue aussitôt. Elle fait un pas vers lui et s'arrête, plus par politesse qu'autre chose. Elle est pas spécialement de nature rancunière Mona, au contraire, elle pardonne beaucoup de chose, elle trouve des excuses à tout le monde et elle est même pas vraiment en colère contre lui. Elle a juste décidé de se dire qu'il était comme ça, Ace, et qu'il se moquait d'elle. " Qu'est-ce que tu me veux, Ace ? " elle lui demande sans la moindre agressivité, juste comme ça. " Je t'en veux pas pour l'autre jour, si c'est pour ça que t'es là... " admet-elle. Autant lui faire gagner du temps si c'est qu'une question de conscience. Même si ce n'est pas totalement vrai, elle n'a pas vraiment envie de s'étendre ou de se disputer avec lui maintenant.

ce qu’il lui voulait. il n’était pas certain de le savoir lui-même. pas certain de savoir pourquoi son esprit avait dérivé sur le souvenir de son visage, du moment partagé sur le toit. pas certain de savoir pourquoi ses pieds l’avaient mené jusqu’ici. oui, il était simplement là, appuyé contre ce lampadaire. sans réellement savoir ce qu’il allait lui dire. elle fait quelques pas, s’approche de lui, s’arrête cependant à une distance correcte. la colère ne déforme pas ses traits à la simple vision du garçon qui lui fait face. elle ne semble pas rancunière, ne semble pas lui en vouloir. non. son visage est neutre, presque indifférent. et c’est ce qui l’embête le plus à ace, au fond. la colère, la tristesse, rien qu’une chose qui pourrait lui montrer que sa présence ne lui ait pas plus égale qu’un des clients qu’elle a pu servir dans la journée et dont elle ne se souviendrait pas même du visage. il tire une dernière fois sur le filtre de sa cancéreuse, avant d’écraser le mégot sous son pied. il se relève un peu, les mains toujours enfoncées dans ses poches. elle ne lui en veut pas, c’est ce qu’elle lui dit mona. il hausse les épaules. il ne comptait pas réellement s’excuser. ou du moins pas directement, avec les mots appropriés. la mauvaise habitude. non, j’passais juste devant le café. je t’ai vu à l’intérieur. le beau menteur. t’as mangé ? s’enquit-il le regard innocent. j’te propose d’aller manger un truc quelque part. ou chez moi. mais dans c’cas, promis, aucun sein ne sera agressé. il sourit légèrement, en référence à sa dernière réplique sur ce toit. avant qu’elle ne le lâche complètement pour la soirée.

Mona elle a beau être douce et gentille, sous ses airs de filles fragiles faut pas non plus la prendre pour une idiote totalement naïve mais comme souvent elle a du mal à comprendre les gens, elle se contente de hausser les épaules et se dire que ce n'est pas grave. Tant pis. C'est ce qu'il s'est passé avec Ace. Au lieu de se fondre dans la déception, elle a préféré se dire que ce n'était pas grave. Qu'est-ce qui l'est vraiment après tout ? Mais Ace était là, devant elle, à lui raconter qu'il se trouvait ici totalement par hasard, qu'il l'avait vu dans le café et qu'il s'était donc arrêté. A D'AUTRES. Mona penche la tête sur le côté en l'entendant, peu convaincue mais presque flattée intérieurement de le voir devant elle. Ace ne fait pas les choses au hasard, il n'est pas ce genre de gars là, elle l'a compris. Alors elle n'ira sûrement pas croire qu'il est venu juste comme ça, compte tenu de leur dernière rencontre. Il lui demande ensuite si elle a mangé, sans trop lui laisser le temps de déblatérer sur la raison de sa présence devant elle et lui propose d'aller manger quelque part. Chez lui notamment. Elle roule des yeux et hausse finalement les épaules. " Ok, si tu veux, " répond-t-elle sans trop d'enthousiasme. Mais Mona c'est pas trop son genre l'indifférence alors bon, elle peut pas s'en empêcher, elle finit par se mettre à sourire. " J'pensais pas te revoir, t'sais... " souffle-t-elle avant de reprendre la marche. Elle glisse les mains dans les poches de son manteau, réfléchit vaguement à un endroit où ils pourraient aller manger ensemble. " Ils font des super burgers dans ce truc là-bas, " dit-elle en lui montrant d'un mouvement du menton un espèce de petit dinner à la décoration so 70s. Elle se dirige vers là-bas s'en trop attendre l'avis d'Ace, elle doute qu'il puisse dire non à un bon hamburger. Alors qu'ils arrivent devant la porte du dinner, elle se tourne vers lui, un vent chaud sort lorsque la porte s'ouvre pour laisser sortir un client accompagnée d'une douce odeur de frites et de viande grillée. "En tout cas, je suis contente de savoir que t'es pas venu pour porter atteinte à mes seins. Tu t'améliores. " Elle le charrie, un peu à sa façon, comme lui la charrie sur le fait qu'elle soit plutôt pudique.

chez lui. ace il lui propose à mona ni vu ni connu, de venir visiter son appartement. il voudrait connaitre sa réaction, sa réponse. au fond, il sait pertinemment ce qu’elle répondra mona. il ne peut prétendre la connaitre suffisamment pour anticiper ses paroles, mais il commence à savoir comment elle fonctionne, avec les hommes. lors de cette première soirée. puis sur ce toit. oui, sur tout ce qu’elle a pu lui révéler, sur ses convictions. alors, lorsqu’elle élude presque sa proposition en se contentant de répondre positif à sa demande de manger ensemble, ça ne l’étonne pas. elle est comme ça, mona. elle avance, lui indiquant silencieusement de la suivre. ace sent qu’elle feint de ne lui accorder qu’un faible intérêt, le regard las. le stricte nécessaire, comme si elle tolérait sa présence. sa seconde phrase la trahit, cependant. elle pensait pas le revoir. lui non plus à vrai dire, ne pensait pas la revoir. il avait pensé à elle l’espace d’un instant, l’image de son visage avait traversé son esprit, et il était là.  il était venu. mais elle ne lui laisse pas le temps de rétorquer quelque chose qu’elle lui propose de manger dans un burger, laissant définitivement l’idée de passer le pas de sa porte, de côté. En tout cas, je suis contente de savoir que t'es pas venu pour porter atteinte à mes seins. Tu t'améliores. il sourit, de ce sourire insolent constamment figé au creux de ses lèvres. un vrai gentleman. il n’a le temps d’ajouter autre chose qu’il sent qu’on le bouscule devant l’entrée du dinner. sans avoir le temps de comprendre la situation, ses jambes se dérobent et le sol se rapproche dangereusement de son visage. mona git à ses côtés sur le bitume froid de la rue. il se relève rapidement, furieux, fulminant, mais l’homme est déjà bien loin. il peste et l’insulte intérieurement. beaucoup.  il n’y a rien d’autre à faire malheureusement. il attrape la main de mona pour l’aider à se relever. quel con, putain. tu t’es pas fait mal? c’est le genre de chose qui l’énerve. un peu trop. il se calme un peu, son regard accrochant l’énorme tâche de ketchup rouge correctement étalée sur le t-shirt de la jeune femme. il reste interdit quelques secondes avant de reprendre vie. j’savais que c’était plus sûr d’aller chez moi. ajoute-t-il en retrouvant son sourire et son humour. ne pas abandonner, en toutes circonstances. tu veux aller nettoyer ça?