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blazzing mami (sadee)

CeCe Jahrap
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"tu veux me voir sourire, je sais sourire. tu veux me voir pleurer, je pleurs. tu veux que je danse, regarde moi danser. tu penses que je suis nu, je n’ai jamais été aussi habillé. personne n’entre dans mon esprit il n’y a pas d’invitation."

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MessageSujet: blazzing mami (sadee)   blazzing mami (sadee) Icon-clockMar 24 Mai - 21:57

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Ce mois de mai avait été froid, presque aussi froid que le plus mauvais des automnes d’Amsterdam. Quasiment semblable à ce que tu vivais en ce moment. Surtout depuis aujourd’hui. Tu baignais de façon constante dans un monde de mensonges, de non-dits et d’apparences. En parlant des apparences. Elles sont aussi importantes que la réalité elle-même. Elles sont notre réalité. La réalité de tout le monde. Quand un acteur propose une bonne interprétation, les gens disent qu’il a fait le bon choix. Mais quand votre vie elle-même n’est qu’une longue interprétation, pouvez-vous dire que vous avez fait le bon choix ?
Ce soir, vous arrosiez pour la soirée qui célébrait le premier anniversaire de Bangjoolah. Pour l’occasion, vous aviez loué une péniche sur l’Amstel qui avait été re-décorée en genre d’endroit hype pour une jeunesse un peu trop exigeante. Des rideaux écrus qui formaient des espèces alcôves où gisaient de gros sofas pourpre, des tables hautes un peu partout, un buffet avec des dizaines de plats du monde, un open-bar, un dancefloor, un groupe de rap montant en début de soirée (tu leur avais permis d'inclure leur release party, ça te coûtait pas un rond et ils se faisaient connaître, parfait deal) et le Dj résident du Sugar quand les esprits se seront bien échauffés. Une centaine de personnes étaient présentes des amis, peut-être même des ennemis, de la famille, des attachés de presse, des java guru, des marketing ninja, des ropéros, des trap kids, des blogueurs et tout un tas de sobriquets cons pour désigner des gens cons. Il y avait aussi bien sûr, une foule de mange-merde, qu’on appelle pour venir estampiller les petits fours et se souler au champagne, rencontrer des gens qu’ils n’auraient jamais du voir dans leur quotidien lambda. Ils étaient là parce qu’un ami d’ami leur avait trouvé un carton, pas parce qu’ils avaient de l’importance. Mais rien ne pouvait gâcher ton plaisir dans le moment présent.

T’étais content d’être là, ça te faisait plaisir d’être l’enfant roi de la soirée. Pour l’occasion tu avais même sorti un smoking qui te saillait à la perfection. La pureté de la chemise blanche contrastait avec ta peau ébène et donnait une impression d'importance sur le personnage. Ça te plaisait. Gerry était comme un gamin, il se donnait l'allure d'un mec qui maitrisait ce genre de situation alors qu'à chaque fois qu'il croisait ton regard il te faisait des grimaces et des gestes obscènes. C'était ton Gerry. Tu l'aimais ton Gerry.

Plus tôt dans la journée, pendant que tu fumais ta clope sur le balcon du séjour, avec en fond sonore un vieux tube de Barrington Levy. Yuna était venu te voir, un sourire aux lèvres -celui qui t'avait fait craquer la première fois que tu l'avais vu au Supper-, la main dans le dos comme si elle allait t’offrir un truc qui allait te faire kiffer grave, genre des billets pour Bali. Elle avait l’air d’un enfant, ça aurait presque été mignon si elle n’avait pas été de trop ces derniers temps. Vivement elle déposa ce qu'elle cachait sur la table basse à côté de toi. À première vue, un stylo, une brosse à dent ou toute autre connerie semblable. Un bâton d'une dizaine de centimètre. Il te fallu quelques secondes avant de comprendre ce que c’était réellement. La connasse. T’es enceinte ? S’échappa de tes lèvres ces quelques mots étranglés. Oui!!! on va avoir un bébé!!! Elle sautilla et n’eut même pas le temps de remarquer ton expression de dépit, voire de dégoût, victime de sa propre folie. Elle attrapa tes joues pour t’embrasser et te prendre dans les bras. Je suis tellement heureuse Ce. Tu ne savais pas quoi dire et tu pensas sur le moment que sourire et feindre l’émotion était ce que tu avais de mieux à faire. Elle avait tourné les talons et avait sorti son smartphone pour prévenir tout un tas de gens sans importance qu’elle avait été engrossé par un homme qui ne la désirait plus. Ta tête plongea dans le creux de tes mains. Ta vie venait de prendre un tournant grave merdique, mon pauvre chaton. Tu allais devenir un baby father. Celui dont parlait Mad Lion dans son titre éponyme. Tu allais avoir un enfant avec une femme que tu n'aimais plus, que tu n'aimais déjà probablement plus quand elle était tombée enceinte. Tu te sentais prêt à être père, dans le malheur, ce n'était même pas le fait d'avoir un enfant le problème, c'était avec qui tu allais l'avoir. Et puis tu avais brièvement pensé à Dee. Tu te voyais déjà lui annoncer. Elle t'écouterait jusqu'à la fin sans broncher, ce qui ne te donnerait pas le temps de moduler tes propos en fonction de ses actions. Elle t'écouterait, et une fois que tu aurais terminé ta tirade en lui disant que tu regrettais de pas avoir arrêté cette mascarade plus tôt, elle te sourirait calmement et elle partirait, tu ne la verrais probablement plus. Elle te laissera dans le silence, dans l’ignorance, comme la pire des vengeances. Il y avait peu de chance qu'elle te câline les tresses en te disant qu'elle te comprenait et qu'elle se ferait un plaisir de t'occuper de ton fils de pute. Il n'y avait rien à comprendre dans cette situation, tu étais le seul et l'unique fautif de la tournure que prenait l'histoire.

Ce soir là, Deeane était apparue et comme dans ce genre de scène à la con dans les films qui mettent en vedette deux personnes faites l’une pour l’autre de façon évidente, ta vision s’était brouillée pour vivre l’espace de quelques secondes en slow motion. Tu ne voyais qu’elle, ses cheveux de feu qui encadraient le calice de sa bouche. Son regard félin dont les cils battaient comme les ailes d’un aigle royal. Sa poitrine de prima donna que laissait insolemment apercevoir le décolleté de sa robe blanche. On distinguait sous la fine soie que ses tétons pointaient comme s’ils voulaient toucher les cieux. Ses bras où cliquetaient des bracelets, du moins tu supposais qu'ils cliquetaient. Tout en elle te donnait envie de sauter par dessus bord. Elle était elle. C’était elle dont tu avais besoin pas de…. T’en penses quoi ? C’est la voix fluette de Yuna qui te tira de ta rêverie. Retour à la réalité. Sans pour autant avoir entendu le début de son inutilité : Oui, oui c’est cool. Tu fis semblant d’avoir tellement envie de parler avec Luke, ton comptable et tu la laissas au milieu de ces personnes parmi lesquelles elle pensait briller. Elle aurait le temps de fabuler, de s'imaginer enceinte de son grand noir dans quelques mois, le ventre rebondi et ces "oh mais comme il sera beau, un père noir et une mère vietnamienne. un joli métisse". Pendant qu’il te racontait avec engouement sa soirée au Dolly la veille et comment il avait fini avec une "salope avec un cul de princesse", ton regard ne cessait d’analyser les centaines de personnes présentes pour repérer Deeane et presque instinctivement tu y arrivais toujours. Tu écoutais Luke sans grande conviction, mais au moins tu n'étais pas avec ta copine qui se pavanait à ton bras comme une jeune pucelle. J'aime bien le Dolly, ta soirée se finit toujours d'une façon où tu t'y attends pas (...) Au fait t'as vu avec Gerry pour... Ton regard se perdit une nouvelle fois dans la foule et comme à l’accoutumée il fut directement guidé vers Deeane qui... ÉTAIT EN TRAIN DE DISCUTER AVEC YUNA. Désolé mon pote, je dois régler quelque chose ! On se cale après. Rapidement tu te frayas un chemin à travers les 72 vierges promises et attrapas 3 coupes de champagne sur le bar.
Hééé Deeane, comment tu vas ? Un peu essoufflé par ta course. Tu lui tendis une coupe de champagne ainsi qu’une à Yuna (sans penser une seule seconde que c’était une femme enceinte maintenant) Vous vous racontiez quoi de beau ? Ton malaise était palpable, tellement qu'elles auraient pu se battre avec. Tu te postas à côté de Yuna de façon presque conventionnelle, pour l’effet de style alors que tu avais juste envie de prendre la taille de Deeane et d'enfouir la tête dans son cou. Oh pas grand chose, les banalités de la vie. Hein Ce? Tu sentais venir la bombe comme un ouragan. Tu la sentais venir et venir et venir et venir.  Et comme un dégueulis de paroles, Yuna balança. Au fait Dih-Hane, on va avoir un bébé avec Ce. Elle caressa rapidement son ventre avant d’attraper ton épaule et d’embrasser ta joue. D'un trait, tu vidas le contenu de ta coupe de champagne. Standing ovation, Mr. Jahrap.
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Sadee Remsen
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MessageSujet: Re: blazzing mami (sadee)   blazzing mami (sadee) Icon-clockMer 25 Mai - 10:42

L’intransigeance des Saints de Glace ne l’atteint pas. Elle voulait porter cette robe, aussi ouverte devant que derrière, un peu comme elle, alors elle l’a portée. De toute façon, elle se déplace exclusivement en taxi, avec l’abonnement à l’année de l’agence. Ses trente-cinq degrés vitaux la suivent partout où elle se rend. Elle traverse la foule de néant qui se presse sur la péniche comme si elle n’existait pas. Ces gens n’existent pas. Leurs sourires ressemblent à ceux d’un môme qui découvre un cadeau dont il ne soupçonnait pas l’existence. Leurs regards illuminés semblent dire « c’est vraiment pour moi ? », et on a presque envie, malgré l’amour parental qui nous relie à eux, de leur répondre « non, t’as raison, je me trompée, en fait » et de leur reprendre l’objet. Elle a des pulsions sadiques et un peu tristes qu’elle enferme en elle et laisse parfumer ses pensées d’un moment avant de les éjecter sur son trajet. Un parfum de fleur du mal. On l’observe comme si Aphrodite venait de sortir des flots et foutre un pied sur un bateau, genre le truc le plus naturel du monde, on la prend en photo à bout de smartphone, on la reconnaît. L’égérie de la marque. La fille qui a son visage, son cou, ses seins et ses reins sur toutes les photos de Bangjoolah, dont le simple nom, divinement trouvé pour s’allier avec elle, suggère des idées folles et mal placées. C’est du génie, Sadee pour Bangjoolah, Bangjoolah pour Sadee, ses allures « blond for nigga » en ressortent comme dorées à la feuille. A peine arrivée, elle se dirige droit vers le bar qui s’aligne le long de la péniche, ses doigts tendus dans le vide pour se rapprocher plus encore de la coupe de champagne qui lui sourit – d’un rictus plus ironique et plus sincère que n’importe quelle personne présente. Il y a, déjà, un type qui lui parle. Mots incompréhensibles, elle ne le regarde pas par-dessus sa coupe de champagne. Il se fait plaisir. Il sait qu’elle ne l’écoute pas, il voit bien qu’elle ne répond même pas à ses yeux posés sur elle mais qu’importe, il parle quand même, parce que de loin, les autres sont incapables de comprendre qu’il s’adresse à du vide alors il garde ça pour lui. Les yeux bleus de Sadee sont rivés sur une femme, qui se fond dans l’assemblée attroupée avec des allures de maitresse de cérémonie.

Elle a grossi, Yuna, elle fait de plus en plus bobonne et peut-être que Ce lui a présenté sa mère et qu’elle commence à se transformer en mama à son tour. Yuna sourit de ses petites dents – parce que Yuna, en bonne asiatique, a tout de petit et tout de commun. Ce truc « mignon » et tout serré, excitant jusqu’à ce qu’on l’ait goûté, chiant après. Les gens font semblant de s’extasier autour d’elle, et le problème de Yuna, c’est qu’elle y croit vraiment. Que les gens sont contents pour elle. Ce, elle l’a déjà vu, Deeane. Inutile de le regarder, de vriller son regard sur le sien, pour l’apercevoir. Elle serait capable de le sentir n’importe où, n’importe quand, de le connaître avant même qu’il ne s’annonce. Il est noir, il est bouffé, comme tous les noirs, par la mauvaise conscience d’être noir, et porté par les potentialités que ça suggère quand on sait s’en servir. Il porte du blanc, évidemment, comme ces noirs insolents qui par cette couleur mettent en avant leur couleur, la portent comme un drapeau bicolore. Sans cesse en train de danser sur le fil, Ce, toujours dans l’entre-deux. Comme ses yeux tout aussi noirs que sa peau qui alternent entre elle et sa go, Yuna et Dee, une vie ou l’autre. Il la regarde évoluer comme un mec dépassé et dépressif regarde ses poissons nager dans un aquarium géant. Le plus beau de tous, le plus exotique, celui qu’il a payé trop cher et dont il veut profiter parce que putain, sinon c’est trop con. Elle lui en donne pour son argent, avec sa robe blanche qui se fond dans l’ivoire de sa peau, caramélisé par l’auto bronzant et son dernier séjour au Brésil, l’ondulation de ses mèches wavy creusant des sillons dorés dans sa chair mise à nue : entre ses seins, contre ses reins. Ce, il ne sait pas, mais il l’a déjà. Elle est toute à lui depuis qu’ils ont été présentés et qu’il a reconnu en elle tout ce qu’elle voulait qu’on fasse sortir d’elle depuis sa naissance. Il l’a érigée au rang de déesse, a fait d’elle ce qu’elle est, il l’a réalisée sans le réaliser lui-même. Le con, il croit que ça vient d’elle, tout ça, cette aura et ce désabus qui l’entourent comme un halo de sainteté démente. Tout ça, c’est lui qui le crée. Sans lui, elle se sent rien. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle ne le quittera pas avant de crever, Yuna-qui-s’avance-vers-elle ou pas. Yuna, c’est juste le poisson moins beau et moins cher qu’elle dans l’aquarium. Le premier qui a plongé dans l’eau, la version bêta utilisée pour tester le truc, avant l’arrivée de la reine du bocal. Elle n’a même pas envie de la bouffer, elle lui souhaite même de faire de beaux rêves, la nuit. Elle a pour elle cette indulgence des femmes qui savent qu’elles n’ont rien à remporter d’un combat contre une qui a déjà perdu. Yuna est dépourvue de cet instinct visionnaire : elle ignore qu’elle n’a pas gagné ce pour quoi elle est seule, entièrement seule à se battre. Son sourire est trop large pour être sincère et ressemble plus à une grimace déformée par la haine. Sadee lui renvoie une moue enfantine, sincèrement innocente et presque compatissante. Yuna a une arme : une coupe de jus d’orange (ou de pomme ou autre fruit à la con) entre les doigts, aussi, Dee dépose sa propre coupe de champagne à moitié vide sur le dossier d’un fauteuil, en équilibre précaire qui s’écroulera dès qu’un idiot s’enfoncera dans le cuir. Si elle se débarrasse de toutes ses armes, c’est pour accueillir Yuna et son armée comme une vierge entièrement nue. Elle lit dans le regard de Yuna qu’elle n’est pas venue la voir l’esprit vide. Elle a un truc à dire, Yuna, comme si elle avait upgradé pendant la nuit, évolué comme un Pokémon et qu’elle cachait ça dans un coin pour le sortir au moment opportun. Elle lui demande comment ça va, mais ce qu’elle attend, c’est surtout de se faire renvoyer la question. C’est là que ça jaillira d’elle comme une fontaine de futilité diamantée, là qu’elle espère tremper Sadee de son bonheur en carton. Sauf que Dee, elle est déjà wet de base. Elles ont à peine échangé deux banalités que Ce apparaît comme un éclair noir zébrant un ciel tout blanc de fausse pureté. Ils sont dans le mensonge et le déni jusqu’au cou, tous les deux, et en face de ce couple, Dee se sent presque la moins crade des trois – ce qui représente en soi une sorte de record unique au monde. Yuna couve Ce du regard tandis que Dee répond dans un sourire qui manque de chaleur que c’est une belle soirée, bravo à nous, en levant sa coupe vers Ce. « Nous », ça veut dire l’équipe, le taff, les requins, « nous », ça n’inclut pas Yuna, qui n’est ici que parce qu’elle a la queue de Ce dans la bouche et sa main dans la sienne, comme une sorte de prolongement de Ce, un membre ahurissant sortant de son physique parfait en excroissance maladive. En les observant l’un à côté de l’autre, elle réalise à quel point ils ne sont pas assortis. Les cheveux raides de Yuna, le crépu tressé de Ce, sa peau jaune et son charbon ardent, ses lèvres quasi inexistantes se faisant avaler par la bouche charnue de Ce, créée pour embrasser un sexe bombé, iridescent comme celui de Sadee et pas comme la petite chatte d’enfant de cinq ans que possède sans aucune doute Yuna. Le regard bleu de Sadee ne peut retenir un sourire ironique tandis qu’elle détaille le malaise de Ce, suintant de tout son être tandis qu’il instaure entre eux trois une conversation d’une banalité hilarante. Un filet de sang figuré glisse de l’oreille de Sadee jusqu’à la naissance de son cou quand Yuna écorche son prénom. Elle a besoin de ça, Yuna, parce que son arme, elle sent bien qu’elle n’a pas grand chose de fatale comparée à Dee.

« On va avoir un bébé avec Ce ». Le regard de Sadee se pose alors sur la coupe de champagne que Yuna a prise quand Ce la lui a tendue, puis sur Ce, puis sur Yuna. Elle retient un grand rire. Cette coupe de champagne lui donne la réponse qu’elle suggérait en silence, lui permet de décrypter la panique qui luit dans les yeux de CeCe. Elle lève sa propre coupe comme on porte un toast, mais eux deux savent bien ce que ça signifie – et Yuna aussi le saurait si seulement elle n’était pas aussi conne : Sadee lève sa coupe pour elle-même. Elle peut encore boire du champagne, elle. Elle peut encore baiser et avoir le ventre plat, se faire prendre par derrière alors que Ce l’écraserait à moitié de son poids sans avoir à se soucier de celui ou celle qui prend vie à l’intérieur d’elle. Son intérieur, il est encore tout vide et tout prêt à accueillir Ce tout entier. Yuna, déjà, appartient à quelqu’un d’autre ; au produit de son rêve dans lequel elle évolue seule avec le fantôme de Ce. Enceinte, Yuna appartient encore un peu moins à Ce et un peu plus à Dee, alors qu’elle se persuade que c’est l’inverse. Sadee sourit, sourit non stop, ses lèvres rouges et ses dents blanches lancées sur l’autoroute du sourire comme si elle avait enfin trouvé un humoriste capable de l’amuser plus de cinq minutes. Il va falloir créer une collection Bangjoolah kids, murmure-t-elle dans son sourire radieux. Bangjoolah kids. Yuna arrive quand même à réaliser le potentiel insultant de la proposition, dieu merci. Bangjoolah, c’est Ce et Dee, C&D. Tu rajoutes « kid » derrière, et ça veut dire l’enfant de Ce et Dee. T’es hors jeu, Yuna, t’es sur la touche alors que ton môme n’a même pas pris forme humaine. Il ne ressemble pas encore à toi mais il a déjà les traits de Sadee.
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"tu veux me voir sourire, je sais sourire. tu veux me voir pleurer, je pleurs. tu veux que je danse, regarde moi danser. tu penses que je suis nu, je n’ai jamais été aussi habillé. personne n’entre dans mon esprit il n’y a pas d’invitation."

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MessageSujet: Re: blazzing mami (sadee)   blazzing mami (sadee) Icon-clockMer 25 Mai - 15:09

Deeane cultivait le mystère. Quand tu pensais avoir un coup d’avance sur elle, elle en avait déjà deux de plus que toi. Son comportement était instable, imprévisible. La personnification d'un ras-de-marée qui dort dans sa couche avant de se réveiller et d'avaler tout sur son passage. Tout. Son monde était un système solaire où elle en était l’actrice principale, le soleil. Vous n’étiez que simples planètes qui dansaient autour d’elle, agréablement baignées dans son intense incandescence. Deeane te rendait beau, elle te poétisait. Tu étais sa lune. Celle qui n'a pas de rayonnement intérieur, qui se sert du soleil pour brille. Une partie d'elle est toujours baignée dans l'obscurité. La lune se sert du soleil pour montrer son éclat et dès qu'elle s'en éloigne, elle retrouve sa froideur et son obscurité. Tu donnais une illusion de lumière, mais sans elle tu n'étais plus.

L'imprévisibilité de Deeane. C'est ça qui t'avait rendu croc. C'était le genre de fille qui rêvait le monde comme si on pouvait encore le réinventer. Quand elle tirait de longues bouffées sur ses cigarettes, elle donnait l'impression d'avoir envie d'en devenir la fumée. S'envoler, se disperser et tout voir en même temps afin de ne rien manquer. Un jour, et c'est probablement ce jour qui a fait qu'à l'heure d'aujourd'hui tu crèves d'envie de terminer ta vie dans sa chevelure dorée. Vous aviez convenu d'une séance photo pour présenter une collection capsule designé par un couturier angolais. Il était 9h03 du matin. Pendant que tu fignolais les dernières retouches sur les tenues qu'elle devrait porter -et notamment une longue robe à dos nu en tissus d'ankara que tu te réjouissais de voir portée-, la porte de l'appartement s'ouvrit. Comme un mannequin millésime 1990 party like it's 1993, elle était arrivée. Elle ne ressemblait pas à la Catherine Tramell qui te faisait fantasmer. Elle paraissait souillée, comme si quelqu'un lui avait fait mal à l'âme. Ses cheveux étaient dépeignés, son rouge à lèvre écarlate s'échappait dans les commissures. Elle donnait l'impression d'avoir tapé du pied sans s'arrêter pendant une semaine. Ses joues étaient noircies par ce qui semblait être du mascara et un mélange bleuté d'ombre à paupière. Tu lui avais demandé si elle avait besoin de quelque chose parce que de toute évidence un "tu vas bien" n'avait pas lieu d'être, tout laissait porter à croire que non. Elle t'avait répondu J'ai besoin d'un double whisky. Elle avait chancelé jusqu'à toi et s'était écroulée contre ton torse. Ses larmes mouillaient ton tee. Ce jour là, fut la première et dernière fois où tu avais vu Sadee Remsen craquer. Tu l'avais prise dans tes bras, tu ne lui avais même pas demandé ce qu'il y avait parce qu'elle t'aurait dit dans un faux rire "rien ça va" en s’essuyant les yeux avec sa manche. Tu avais nettoyé son visage à l'aide d'une serviette humidifiée (qui était prévue initialement pour la couvrir entre deux tenues) et tu lui avais dit qu'elle devait se reposer. Elle t'avait écouté, comme si tes paroles étaient du pain béni alors que tu ne disais que des termes de circonstance. Vous vous étiez couchés sur le vieux futon envahi de fringues que tu mis par terre d'un coup de pied. Vous étiez si proches que tu entendais son coeur battre sur ta poitrine, comme s'il ne battait que pour toi. Vous étiez restés là des heures, en savourant ce silence qui vous était commun, brusqué de temps à autres par la sonnerie de vos téléphones. Vous emmerdiez tout le monde. Vous ressembliez au couple du Baiser de Klimt, l'intense passion entre ces deux âmes au bord du gouffre avec une complicité que rien ni personne ne peut entraver.

Sa réaction bien que surfaite n'avait rien d'une invention, c'était Deeane. Tu avais senti à la vue de ses prunelles où dansait une flammèche qu'elle dégueulait de sincérité. Mais, sa malice avait déjà commencé à cartographier les prochaines étapes. Elle ne semblait pas choquée, ni même déçue par toi. Elle donnait l'étrange impression d'être ravie. Et bien que l'atmosphère se soit retourné d'une façon plutôt favorable pour toi, tu étais comme pétrifié. Plus aucun son ne sortait de ta bouche et toute la sensibilité de tes sens était décuplée. Les exclamations des invités, mêlés à la bassline de la musique te donnaient l'impression d'être enfermé dans une boîte en métal où un brouhaha constant te forçait à t'agenouiller et demander au seigneur d'arrêter. La main de Yuna dans ton dos provoquait cette sensation désagréable qu'elle était en train de t'arracher le coeur par derrière, avant de l'exposer à Deeane entre ses petites griffes acérées et de le jeter dans l'Amstel Il n'en n'aura plus besoin maintenant, il est à moi. Que tu l'entendais dire dans les tréfonds de ton âme. Le goût du champagne avait celui de la pisse de chien. C'était comme si tu venais d'apprendre à nouveau que tu l'avais engrossé, et cette fois-ci la sensation était pire. Tu te contentas de répéter. Une collection kids... D'un ton presque perdu que -et tu en étais sûr- seule Dee avait pris le temps d'analyser.
Péniblement, tu sortis une cigarette du paquet que tu avais dans la poche de ton pantalon et vint la caler entre tes lèvres. Quelques secondes passèrent avant que Deeane ne vienne lécher le bout de ta clope avec son briquet. Tu eus à peine le temps de tirer une première bouffée que Gerry attrapa ton bras. Ce, viens... Mesdames. Il inclina la tête comme signe de respect désuet. Toi... Le discours... Joolah... Vite... Ses phrases s'enchaînaient, mais ta tête ne percevait que des mots clés. Comment avais-tu pu oublier de préparer un discours.

En moins de temps qu'il ne fallait, on avait réduit le volume de la musique et les invités étaient presque tous silencieux. Tu faisais face à eux, penaud sur ton estrade en donnant l'impression du mec qui avait envie d'être partout sauf ici. Gerry commença à remercier toutes les personnes présentes, que vous en étiez là grâce à eux. Il remercia la société qui avait organisé la soirée et tout ceux qui avaient fait en sorte que cela soit possible. Il remercia tout un tas de gens à qui tu aurais toi-même oublié de rendre grâce. Il te laissa la parole en te qualifiant de "noyaux dur de la marque" sur une déflagration incessante qu'était l'ovation qu'on vous portait. Ces notes étaient celles de la réussite.
Tu commenças ton discours en faisant mine de perdre tes mots par émotion alors que tu cherchais tes mots à cause de ton manque de préparation. Tout le monde a dû le remarquer. Péniblement le débit de tes paroles pris en ampleur, d'une poussée de vaillance, ton discours pris une tournure plus solennelle et tu en étais presque devenu charismatique. Toutes les personnes qui avaient rendu ce rêve de gosse possible furent saluées. Tes parents qui avaient toujours cru en toi, ton frère jumeau qui (t)'avait botté le cul quand tu étais sur le point de tout lâcher, les magazines qui vous avez soutenus, ton binôme, celui que tu n'aurais échangé pour rien au monde. Des petites mains à la star de tes rêves. Deeane. De façon plutôt soft dans un premier temps, tu la remercias d’être l’égérie de la marque, d’être la marque en quelque sorte. Tu ajoutas qu'elle la sublimait, qu'elle donnait de sa prestance aux produits que tu ne voyais plus personne si n'est elle leur rendre hommage. Pendant que tu énumérais ces choses d'une sincérité déconcertante, ton regard était plongé dans celui de ta promise, encore à côté de Yuna dont tu avais oublié la présence. Tu parlais comme si tu lui faisais une déclaration qu’elle était seule à entendre. Tout le monde savait que tu étais en couple et la moitié des invités devaient déjà être au courant que tu allais être papa tellement l'autre se donnait en spectacle. Merci à vous. Merci à vous tous. Que cette soirée soit la vôtre! Vous firent une révérence avant de vous prendre dans les bras. Tu ne te rendis pas compte que tu n'avais pas pris la peine de citer celle qui allait enfanter ton bébé, mais elle oui sans même perdre une miette de ta confession à Deeane. Tu descendis de l'estrade, à la limite de l'euphorie par ces personnes que tu connaissais vaguement qui agrippaient ton épaule ou ta nuque pour te féliciter. Mais, tu n'avais d'yeux que pour ton Aphrodite qui divisait la foule comme Moïse. Instinctivement, le sourire aux lèvres, elle marcha de ses longues jambes jusqu’à la scène, et tu ne prêtas même pas attention à Yuna qui avait disparu. Et même si ça n’avait pas été le cas, ça avait peu d’importance, elle était là.
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Sadee Remsen
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MessageSujet: Re: blazzing mami (sadee)   blazzing mami (sadee) Icon-clockMer 1 Juin - 11:37

Comme frappé par la foudre, Ce n’a le temps de rien, si ce n’est d’ouvrir la bouche dans le vide, la regarder sans un mot, interdit. Il répète les mots de Sadee, peut-être espère-t-il en les disant lui-même qu’ils ne veulent pas vraiment dire ce qu’elle a sous-entendu. Qu’ils sont plus sympas que ça, mieux attentionnés. Faux. Sadee n’est pas attentionnée. Elle s’occupe d’elle-même, il le faut, personne d’autre pour le faire. Elle est à la fois sa propre fille, sa propre mère. Accouchée d’elle-même, elle s’observe avec insistance, se couve du regard, se pousse, une main entre les reins, dans l’arène du monde. Elle a placé beaucoup d’espoirs en elle, Sadee, c’est important qu’ils se concrétisent. Elle n’observe plus la copine de Ce, la mère de son enfant à venir – leur mère porteuse, le service rendu à leur amour à tous les deux – seulement Ce qui se fond dans le décor comme si un épais soleil avait soudainement cogné de toutes ses forces sur un flocon de neige. Chance pour lui (Dee a une moue agacement, d’un froncement de nez), son collègue vient le choper pour l’emporter hors de leurs griffes de valkyries. Prétextant l’heure arrivée du fameux discours, pour désennuyer les invités une fois les cinq premières coupes de champagne avalées. Elle l’observe s’éloigner, déçue de ne pas pouvoir continuer le jeu (bien plus tangible que n’importe quelle réalité), mais Yuna a les yeux fixés sur elle. Flamboyante et glaciale, elle plonge son regard dans celui de la jeune maman et lui adresse un sourire éclatant. Si rayonnant de bonheur qu’on dirait que c’est elle, la femme enceinte. Si empathique qu’il ressemble à une baffe dans la gueule. Yuna sent bien qu’elle perd pied, qu’elle contrôle plus, et pour s’éviter de couler, elle renchérit sans savoir qu’elle est en train de signer son arrêt de mort. « On veut annoncer la grande nouvelle ce soir », susurre-t-elle d’une voix sucrée en se penchant sur Dee. Son souffle contre sa peau, son haleine fade, son parfum plus caractériel qu’elle, trop bon pour elle, ne lui procurent rien d’autre qu’un très léger agacement. Elle acquiesce dans un bref sourire. Elle ne sait pas encore ce qu’elle va faire de l’information, mais ce qui se trouve au-delà de tout entendement immédiat, lui, le sait. C’est Sadee qui a été choisie pour porter le coup fatal. Fin du discours de l’homme de l’ombre, Ce entre en lumière. C’est Dee qui, la première, entame l’applause. Ses mains baguées aux doigts longs, fins et manucurés dotés de petites imperfections dues aux chocs de ses ongles contre les surfaces dures claquent l’une contre l’autre comme le clapotis des vagues tandis qu’un grondement sourd s’ensuit. La foule applaudit à son tour et, bien obligée de suivre, Yuna également. Le prénom de Sadee ne tarde pas à faire son entrée en scène, par le biais de Ce, qui la cite en tant qu’égérie, d’une manière si soft qu’elle en serait presque blessée. Mais peu à peu, les compliments deviennent déclarations, jusqu’à cet adorable et fondant : « Personne d’autre qu’elle ne saurait mieux incarner ce rêve de gosse ». In carne. Dans la chair. Dans les os. Dans le sang. Il est là, leur bébé. Ce soir, c’est la soirée hommage à leur nouveau né, le seul et unique, celui qui, contrairement à ce que porte Yuna dans son ventre, ne connaitra jamais la mort. Tous les regards se tournent vers la « blonde égérie », qui penche subtilement la tête de côté, épousant les contours d’une timidité soudaine un peu sauvage à faire rugir de plaisir les hommes alentour.

Il ne l’invite pas à grimper sur scène, alors elle prend elle-même ce qui lui est du, comme une reine guidée par des dieux d’une guerre qu’elle sait déjà favorable à elle. Ses pas traversent la foule, laissant derrière elle une Yuna dont le regard lucide et malheureux alterne d’elle à Ce, de Ce à elle, et, une main glissant avec tendresse sur l’épaule de Ce, Sadee monte sur l’estrade. Elle relève sa robe déjà courte comme si le tissu risquait de s’empêtrer dans ses pompes, elle le relâche avec négligence une fois en hauteur, après avoir soigneusement laissé l’occasion au public d’admirer sa cuisse, dorée, satinée, et moins maigre que celle des mannequins du moment. Plus ferme, plus guerrière. Plus prête qu’aucune autre femme à enfanter le succès, la victoire. Sa bouche épaisse, ronde et sucrée, murmure avec douceur des mots de remerciements. La marque, Ce, l’associé. Mais au fond de sa gorge, une impétueuse Cassandre dicte un futur qu’elle dessine au fur et à mesure qu’elle en reçoit le texte. Elle dit que cette soirée est un véritable enchantement. Que (s)on histoire avec la marque ressemble à un conte de fée. Mais qu’il y a autre chose. Un événement qui dépasse tout le succès culturel et économique de n’importe quelle marque. Il y a l’amour, et la vie. Ses longs cils battant à tout rompre semblent dévaster la salle comme un tsunami cruel, arrachant tout sur son passage pour ne laisser, seule au milieu des débris chaotiques, qu’une Yuna qui s’est figée sur place en comprenant enfin ce que Sadee est en train de faire. Nous avons une grande nouvelle, poursuit-elle, heureuse. Il est temps que je laisse la place à celle qui doit vous l’annoncer, parce que nous voulons partager ensemble cette joie… extraordinaire. Yuna, chérie, monte, viens. Elle l’attire à elle d’un bras câlin, et, cernée par le public qui la fixe du regard (puisque Sadee en a voulu ainsi), Yuna se voit forcée de traverser la mer rouge que Dee a déjà ouverte pour elle, d’enfoncer ses pas dans les marques que Sadee a déjà tracées avant elle, pour la rejoindre sur l’estrade. Sadee recule, rayonnante, s’enfonce dans des ténèbres qui ne sont pas ténèbres mais bien soleil, puisque tout un chacun n’a d’yeux que pour elle. Elle est la maitresse de cérémonie qui vient d’annoncer l’arrivée d’un numéro spécial. Yuna n’est que la réalisatrice d’un scénario que Sadee dirige. Les mains un peu tremblantes posées sur son ventre, Yuna fait son annonce. Tout le monde applaudit, Sadee comprise, et tout le monde sourit à Sadee d’avoir eu la si merveilleuse idée d’inciter la jeune maman à faire cette annonce en public. C’est adorable. Le regard de Dee trouve celui de Ce, qu’elle cerne depuis sa hauteur sur l’estrade, mais à cet instant, il lui semble minuscule. Comme ratatiné devant elle, qui a, en quelques secondes seulement, tout ruiné sur son passage éclair. Pourrait-il enfin reconnaître qu’elle est la seule, l’unique ? Yuna, sacrifiée sur l’autel, redescend pour entrer dans la chair de la foule qui se presse autour d’elle pour l’étreindre. A Yuna de se faire physique, de se faire peau, contact, à Sadee de perdurer sur l’estrade, intouchable, supérieure. L’annonce de la paternité de Ce, c’est elle qui l’a faite. Ce que Yuna voyait comme un poignard capable de percer sa rivale s’est retourné contre elle, punie d’avoir présumé de ses forces, châtiée pour avoir essayé de briser celle qui mérite sa place. Parce que Sadee, elle a tout construit seule. Elle est l’alter égo de Ce, deux enfants des rues qui ont sauté les barrières sans jamais se donner, sans jamais se vendre. Elevés par l’instinct, ils ont appris à déchiqueter sur leur passage tout ce qui se dressait devant eux pour empêcher leur course. Encore à cet instant, leurs yeux plongés dans le même lac étincelant, ils poursuivent leur ascension, à égale distance.
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CeCe Jahrap
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"tu veux me voir sourire, je sais sourire. tu veux me voir pleurer, je pleurs. tu veux que je danse, regarde moi danser. tu penses que je suis nu, je n’ai jamais été aussi habillé. personne n’entre dans mon esprit il n’y a pas d’invitation."

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MessageSujet: Re: blazzing mami (sadee)   blazzing mami (sadee) Icon-clockVen 10 Juin - 16:38

Et Sadee de toute la félinité dont elle est capable fend la foule de sa démarche chaloupée; elle brise les couples qui se donnent la main d'un coup de hanche, balance ses cheveux blés sur des bouches faussement épaisses. Elle pourrait marcher sur les gens de ses talons griffés pour se faire une place sur cet estrade qui l'attend comme un trône que ça ne choquerait personne. Tu la contemples, aussi belle qu'une maharani sous ses bijoux. Elle avait l'effet d'un insecticide sur toi, elle chassait n'importe qui de ton esprit pour se laisser place nette. Elle avait débarqué en toi comme un coup de fusil à pompe. C'était ton genre de fille, du genre qui rassasie.

Ses longues jambes gravissent les marches et la voici. Elle déblatère, salue, remercie, fais sa modeste. Bénie ce travail dont elle est la clé. Elle finit par adoucir son ton, prend un air solennel, presque compatissant et imperturbable, présente "ta femme". Ta nouvelle. Elle fait monter Yuna sur scène, soulignant son inédit. Elle l'appelle "chérie". Garce. Elle la pousse dans l'arène, trop pleine de lions affamés pour un enfant comme elle qui donne l’impression de ne pas encore avoir brisé son calice. La main sur le ventre pour justifier sa maternité Yuna se jette dans la gueule du loup. Elle plonge de tout son être dans le piège salace que lui tend Sadee. Son bras vient enlacer ta taille. C'est le mien. Nous allons avoir un petit CeCe. Profession de foi d'une diablesse. Tu fermes les yeux pour encaisser, comme si le choc allait être moins fort. Tes parents se dressent au milieu de la foule et que tu n'as pas besoin de regarder ta mère pour voir l'eau perler dans ses yeux. Ton estomac se déchire. Elle t'arrache un sourire de ses petites mains de travailleuse asiatique aux ongles cramoisies. Tu hoches la tête, presque bête pendant que les invités vous ovationnent comme un couple royal, qui n'était royal qu'aux yeux de cette petite chose. Tu tentes un regard vers Dee qui applaudit avec ferveur en souriant de ses dents de requin blanc. Vos prunelles se croisent et l'espace d'un instant, tu as envie de lui mettre une gifle. Yuna finit par redescendre, laissant sa rivale sur son piédestal. Elle n'a encore rien compris cette connasse. Gerry attrape tes épaules. Putain man, c'est pas vrai?? pourquoi tu m'as rien dit? Il tape ton ventre de la paume de sa main en souriant. Tu deviens un adulte ma caille! Tu lui lances un regard de feu, du genre de ceux que t'as pas l'habitude de faire. Ceux que seule Dee est capable de te donner puisqu'elle est la seule à te mettre dans des émotions extrêmes; la complaisance extrême, le bonheur extrême, l'excitation extrême, la fureur extrême, l'adrénaline extrême, la vie extrême en somme.
Et rapidement, tu t'enfuies. Parce que t'as l'impression que c'est le seul moyen pour toi de t'échapper de cette vie qui te dépasse. Tu feins un coup de téléphone et mimes des "plus tard" aux gens qui tentent de féliciter ce futur papa prodigue. Rien n'avait jamais eu autant un goût amer dans ta gorge. Ces derniers jours étaient un mauvais lendemain de cuite dont tu n'arrivais pas à te dérober. Comment a-t-elle pu faire ça? Dee avait beau être l'autre moitié de ton toi, elle avait franchi la limite: celle du raisonnable. Personne ne doit te suivre. Personne ne doit remarquer que tu t'esquives en douce. Tes poings sont tellement serrés que le peu d'ongle que tu as te transperce le creux de la main. Ta respiration est presque haletante. Tu n'avais jamais eu à gérer ce genre de contexte et cela te donne envie de retourner chez les Jahrap pour te faire faire des papouilles par ta granny en suçant ton pouce.

La péniche est assez grande pour avoir assez d'intimité dans la timonerie que tu refermes derrière toi. Enfin la paix. Loin de cette foule qui te donne à ce moment l’envie de vomir tout le champagne que tu as bu en ce début de soirée. Tu tapotes tes poches à la recherche de ton paquet de clopes et tu te maudis en les trouvant vides. FAIT CHIER. Tu t'appuies sur la barre, tu ressembles à un mousse qui n'a rien à foutre là qu'on a mis à la place du capitaine. Tes yeux te brulent. Tu es fatigué. Voire épuisé. Tu ne sais pas ce que tu dois faire et tu as l’impression que n’importe lequel de tes choix sera de toute évidence une idée de merde. Yuna. Sadee. Yu. Dee. Un dilemme qui n’a rien de cornélien, mais qui vient sans conteste se compliquer maintenant que tu as fécondé l’indésirable. Quelques secondes passent.
Le silence de l'habitacle, bercé par la lointaine musique atmosphérique est furtivement brisé par le bruit de la serrure qu’on déverrouille.
Au dépend de celui qui l'écoute, certains démons ne valent mieux pas être réveillés.
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